Le dimanche 18 octobre dernier, le seconde édition des Entretiens sur l’art et la culture se sont déroulés à Fort de France devant la Porte du Tricentenaire et la fresque de Khokho Réné Corail avec les interventions des historiennes Christelle Lozère et Elizabeth Landi. L’intervention d’Elisabeth Landi a été publiée récemment.
https://aica-sc.net/2020/11/17/la-porte-du-tricentenaire-la-porte-de-la-metamorphose-ou-de-la-porte-du-tricentenaire-a-la-porte-de-la-renaissance-cesairienne/
Aujourd’hui le blog de l’Aica Caraïbe du Sud vous propose de découvrir la conférence de Christelle Lozère, Maître de conférences en Histoire de l’Art.
Le Tricentenaire du rattachement des Antilles à la France
1935-1936
Ou le triomphe de l’assimilation
D’octobre 1935 à mars 1936, les Antilles françaises commémorent les trois cents ans de leurs rattachements à la France[1]. Le Tricentenaire s’inscrit dans la logique de la propagande assimilationniste des « vieilles colonies » marquant ainsi de manière spectaculaire et festive leurs appartenances à la Mère Patrie. La célébration est initiée par Henry Bérenger (1867-1952), ambassadeur de France et sénateur de la Guadeloupe au côté de Gratien Candace (1873-1953), député de la Guadeloupe ou encore Henry Lémery (1874-1972), sénateur de la Martinique. Une délégation, dirigée par le bordelais Albert Sarraut (1872-1962), ancien ministre des Colonies, se rend depuis le Havre, à bord du paquebot « Le Colombie », dans la Caraïbe francophone – Martinique, Guadeloupe, Haïti – pour officialiser les festivités. Des manifestations sont célébrées pour l’occasion partout dans l’hexagone, particulièrement dans la Capitale (Bibliothèque Nationale, Musée de la France d’outre-mer, Opéra) ainsi que dans les principaux ports français dont l’histoire coloniale avec les Antilles est alors revendiquée.
French Line, « Liste des passagers, Croisière du Tricentenaire, V. du Havre du 10 décembre 1935 au R. du Havre du 13 janvier 1936 © Fonds privé Christelle Lozère
Un culte à la modernité et à la colonisation
Pour la propagande impérialiste, le Tricentenaire, véritable « exposition coloniale » exportée en Guadeloupe et en Martinique, est l’occasion de réaffirmer politiquement et symboliquement les liens anciens et indéfectibles des Antilles à la France tout en scénarisant par une diffusion massive de ses images par la Presse et la littérature coloniales le statut « privilégié » des « vieilles colonies »[2]. La manifestation s’inscrit dans une tradition nationale celle d’organiser, depuis la moitié du XIXe siècle, des expositions autour d’un concours agricole, commercial, industriel et artistique dans une dynamique positiviste vouant un culte au progrès, à la modernité, à la civilisation, à la colonisation. Encouragées par la IIIe République, ces expositions, qui se multiplient partout en France au début du XXe siècle, marquent la volonté de diffuser et de vulgariser un discours national et colonial unifié tout en encourageant les régionalismes par la valorisation des identités, des patrimoines et des savoir-faire locaux.
Le Tricentenaire a ainsi pour vocation de populariser et de fixer, dans la mémoire collective, l’histoire des Antilles françaises à celle de la Nation par un discours officiel narratif et structuré mettant en relief les grandes figures héroïques de la colonisation. Le message fondamental tend à présenter une France généreuse, bienfaitrice, lettrée, civilisatrice, aux valeurs républicaines, porteuses dans ses « vieilles colonies », par sa politique assimilationniste, de liberté, de culture, de progrès et de modernité.
Pour la Martinique et la Guadeloupe, la célébration du Tricentenaire est d’abord un grand rassemblement populaire à l’image des fêtes patriotiques organisées régulièrement pour les célébrations officielles[3]. Des conférences et des expositions artistiques accompagnent son organisation, tandis que les fêtes, les jeux nautiques, les danses, etc., viennent égayer les présentations commerciales des professionnels locaux sollicités pour l’occasion. Les écoles sont représentées par les démonstrations des travaux scolaires. Le récit dans la presse locale, La Paix, Le Cri du peuple, ou encore Le Nouvelliste, des inaugurations ou des manifestations officielles et festives rythment les journées.
Photographies annotées « Fort-de-France », clichés noir et blanc d’un passager du Colombie pendant les fêtes du Tricentenaire © Fonds photographique Christelle Lozère
Photographies annotées « Fort-de-France », clichés noir et blanc d’un passager du Colombie pendant les fêtes du Tricentenaire © Fonds photographique Christelle Lozère
Photographies annotées « Fort-de-France », clichés noir et blanc d’un passager du Colombie pendant les fêtes du Tricentenaire © Fonds photographique Christelle Lozère
Photographies annotées « Fort-de-France », clichés noir et blanc d’un passager du Colombie pendant les fêtes du Tricentenaire © Fonds photographique Christelle Lozère
À l’image des grandes expositions nationales, le Comité organisateur se répartie en 11 sections offrant un panel complet des ressources locales :
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Industrie
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Commerce
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Agriculture et élevage, Pêche
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Industrie du bâtiment et artisanat, Arts décoratifs.
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Travaux scolaires et particuliers
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Tourisme, propagande, presse
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Histoire, Littérature, Conférences
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Musique, théâtre, concert, Cinéma
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Sport, fêtes illuminations, attractions, jeux
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Finances, comptabilité générale, caisse, assurances
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Installations, jardins, décoration
La présence des élites de couleurs comme modèle d’ascension sociale
Le Tricentenaire est, avant tout, à l’initiative du partie radical-socialiste qui voit son apogée durant l’entre-deux-guerres. Celui-ci prône un attachement à la nation et au régime républicain, à la laïcité, dont l’instruction dispensée par l’école est considérée comme le moteur du progrès social. Il est surtout un défenseur de la politique assimilationniste. Parmi la délégation officielle envoyée depuis le Ministère, six personnalités politiques noires participent aux festivités : Gratien Candace, député de la Guadeloupe, il est un des initiateurs du Tricentenaire ; Gaston Monnerville, député de la Guyane ; Henry Lemery, sénateur de la Martinique auxquels s’ajoute Raphaël Élysée, vétérinaire et maire de la commune de Sablé-sur-Sarthe et Constantin Mayard, ancien ministre d’Haïti et diplomate. Ils sont tous passagers de la Croisière sur le Colombie.
« Photographie de Gratien Candace », extraite de R. Gallas, Contribution de la Guadeloupe à la pensée française,1635-1935, 1936 © Manioc, bibliothèque numérique.
« Portrait photographique de Gaston Monnerville », extraite La Guyane à l’honneur manifestation organisée le 12 octobre 1937 en l’honneur de M. Gaston Monnerville, 1937 © Manioc, bibliothèque numérique.
Dès la fin de la Première Guerre mondiale, la réussite de l’assimilation coloniale dans les outremers est mise en scène par l’Étatfrançais qui cherche à justifier la colonisation en valorisant des modèles pour en faire des exemples. Les ascensions sociales s’affichent, particulièrement parmi les gens issus des « vielles colonies » modifiant progressivement les représentations mentales des Français tout en façonnant un imaginaire républicain se proclamant progressiste et universaliste. En littérature, René Maran devient ainsi le premier homme noir issu des colonies d’Amérique à recevoir en 1921 le prix Goncourt avec Batouala, véritable roman nègre. Dans la même lignée, les deux blancs créoles Ary et Marius Leblond, journaliste et critique d’art réunionnais s’étaient déjà illustrés tous les deux en obtenant le Prix Goncourt en 1909. Ary Leblond, lors de la croisière du Tricentenaire, est le conservateur du Musée des colonies, où a lieu une exposition sur les Antilles dans le cadre des festivités, et Marius fait partie des délégations officielles, envoyé en représentation aux Antilles. À l’issue des fêtes, les deux critiques d’art, aussi fervents colonialistes, publient Belles et Fières Antilles en 1936, premier ouvrage de synthèse sur l’histoire de l’art et de la littérature antillaise signifiant pour la première fois les apports artistiques de la Caraïbe à la France.
Couverture de Belles et Fières Antilles, Marius-Ary Leblond, Paris, Editions Jean Crès, 1937 © Fonds privé Christelle Lozère
Une fête célébrant les femmes et les Arts
Parmi la délégation en représentation officielle, la présence de onze femmes artistes et intellectuelles a pour dessein d’afficher leur réussite à travers la valorisation de leurs parcours d’excellences. En 1935, les féministes sont toujours engagées dans un combat d’égalité, notamment dans les institutions où elles cherchent à faire valoir leurs droits — le droit de vote et la révision du Code civil en particulier. Dans le domaine des arts plastiques, la peintre Germaine Casse, fille de l’ancien député de la Guadeloupe Germain Casse et de Julie John, dont la mère est une mulâtre du Sénégal (moitié peule, moitié britannique),réalise un certain nombre d’œuvres pour l’occasion[4].
La propagande officielle est aussi marquée par la venue d’Anna Quinquaud, première femme sculptrice, prix de Rome ; la couturière Jeanne Lanvin, s’inspirant des Antilles, pour préparer son prochain défilé parisien ; Marthe Oulié, voyageuse, une des premières femmes archéologues ; ou encore Lyliane Greuze, alors starlette du cinéma muet.
Les artistes hommes venus depuis la métropole en délégation sont aussi nombreux. Georges Paul Leroux, membre de l’Institut, représente l’Académie des Beaux-Arts. Il est passager du Colombie comme l’architecte Ali Tur , bien connu ; le peintre et le sculpteur Louis Bâte, prix de la Guadeloupe 1935 ; Émile Baes, qui illustrera en 1944, le roman érotique Vaudou, roman de mœurs martiniquaises ou encore le peintre voyageur d’origine suisse, Valdo Louis Barbey. À travers ses images et ses modèles, le message tend à présenter une France lettrée, savante, représentée dans ses « vieilles colonies »par ses élites, valorisant la mixité de couleurs et de genre, aux valeurs républicaines porteuses par sa politique assimilationniste et de laïcité, de liberté, de culture et de progrès.
En Martinique, plusieurs expositions honorent, en parallèle, les artistes et les artisans locaux ainsi que les peintres voyageurs de passage. Le journal La Paix du 8 janvier évoque avec enthousiasme les chroniques de l’exposition du Tricentenaire. On apprend, par exemple, que Mademoiselle Lung-Fou, première femme sculptrice des Antilles, expose son œuvre Tam Tam ; qu’une exposition privée, célèbre, rue Lamartine, les peintres de Trinité Fernand et Paul-Amédée Bailly (père et fils), mais aussi les œuvres du peintre arménien Ardachès Badjian ; que le Martiniquais Fernand Peux expose lui à la Bibliothèque Schœlcher ;ou encore qu’« Un écolier de 16 ans, Orville Edmond, des Terres-Sainville, a aussi exposé une tête sculptée de la Fontaine ». L’Hôtel de Ville de Fort-de-France consacre les œuvres du peintre Marcel Féguide qui réalise un certain nombre de panneaux pour l’occasion. Il expose également, en même temps, à la chambre de commerce de Pointe-à-Pitre. L’exposition du Tricentenaire voit aussi la découverte par le public, aux 12 rue Amiral Gueydon, des œuvres du mystérieux et talentueux peintre B.A., dont l’identité sera révélée plus tard le 19 février 1936 comme étant le père Bernard Arosteguy, « curé de campagne », artiste amateur.
Couverture d’En Madiana, c’est fou !, © Fonds privé Christelle Lozère
Une vitrine promotionnelle masquant la réalité sociale
Par une couverture médiatique importante, le Tricentenaire apparaît comme un formidable coup de projecteur sur les Antilles avec pour ambition de faire découvrir les traditions et les savoir-faire locaux (industriels, agricoles, artisanaux, littéraires, artistiques, folkloriques) ainsi que les potentialités touristiques et patrimoniales des deux îles – véritables enjeux politiques depuis les années 1920 pour Henry Bérenger. L’Illustration, Le Monde colonial illustré, Voilà, La Vie, etc. consacrent des numéros spéciaux abondamment illustrés de photographies, de gravures et de reproductions d’œuvres réalisées par les artistes coloniaux venus en nombre aux Antilles. De nombreux romans, brochures, livrets sont publiés pour l’occasion. Parfums et saveurs des Antilles d’André Thomarel offre une publication de luxe, pour les amateurs, richement illustrée par Baldjian et préfacé par le poète martiniquais Daniel Thaly, chantre du régionalisme antillais.
Couverture du Monde colonial illustré, pour les fêtes du Tricentenaire, janvier 1936, © Fonds privé Christelle Lozère
Couverture de Parfums et Saveurs des Antilles d’André Thomarel réalisée par le peintre Ardachès Baldjean, 1935 © Fonds privé Christelle Lozère
Les fêtes du Tricentenaire diffusent via la littérature et les arts de « belles images » des Antilles – jolies créoles en costume traditionnel, bals « doudous », scènes de marché, plages au sable blanc, végétations luxuriantes, fruits sucrés multicolores – à la vocation attractive et commerciale affichée. Vitrine promotionnelle de la propagande touristique, le Tricentenaire célèbre, par un vocabulaire et des vues choisis, la beauté des îles insulaires françaises ainsi que leurs accès à la modernité – architectures modernistes, électricité, routes, voitures[5] –.
Mais déconnectée des réalités, la diffusion de cette imaginaire paradisiaque, qualifiée plus tard de « doudouiste », à l’échelle internationale, masquera encore plus fortement les inégalités sociales insulaires souvent violentes et discriminantes (la marche de la faim, 11 février 1935[6]). Diffusant une historiographie impériale, le Tricentenaire du rattachement des Antilles à la France sera perçu, par le choix de ses allégories, la sélection de ses héros et de ses élites, comme le triomphe de la politique assimilationniste et du colonialisme. En son temps, il a été pourtant considéré depuis l’intérieur, par les élites locales, partenaires du projet national, comme une avancée vers la modernité, la départementalisation, une reconnaissance officielle et saluée de la Mère-Patrie. Mais la Seconde Guerre mondiale apportera malheureusement bientôt son lot de désillusion.
Christelle Lozère, Maître de conférences en Histoire de l’Art, CNRS UMR LC2S
Fiche pédagogique complémentaire
Le Tricentenaire du rattachement des Antilles et de la Guyane à la France
Dates :
D’octobre 1935 à mars 1936
Lieux :
L’exposition du Tricentenaire a lieu sur plusieurs sites :
Martinique :
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Fort-de-France : Emplacement de l’ancien hôpital militaire (aujourd’hui Parc Floral Aimé Césaire) – Porte du Tricentenaire -, Hôtel de ville, chambre de commerce, Bibliothèque Schœlcher.
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En commune : Des manifestations sont organisées à Saint-Pierre et aux Trois Îlets.
Guadeloupe :
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Pointe-à-Pitre, Basse-Terre, Saint-Claude
Dans l’hexagone :
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Paris : à la Bibliothèque nationale (Galerie Mazarine), au Musée national de la France d’outre-mer, à L’Opéra avec l’organisation du gala de la « nuit antillaise et guyanaise », au Jardin des Tuileries.
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En province : Des manifestations ont été organisées par les chambres de commerce à Toulon, Rouen, Marseille, Nice, Bordeaux, Strasbourg, Dunkerque, Dieppe, Le Havre, Saint-Malo, Brest, La Rochelle, Bayonne.
Sur la mer :
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La croisière du paquebot « Colombie » de la Compagnie Générale Transatlantique partant du Havre le 14 décembre 1935 avec les délégations officielles du Tricentenaire ayant pour escales Saint-Miguel, Pointe-à-Pitre, Fort-de-France, Port-au-Prince, Les Bermudes. Retour au Havre le 14 janvier 1936.
Des manifestations en Guyane
Notes
[1] En effet, les Français paraissent sur les côtes d’Amérique dès le début du XVIIe siècle. En 1625, Pierre Belain d’Esnambuc, s’installe avec un groupe d’hommes dans une partie de l’île de Saint-Christophe (aujourd’hui Saint Kitt’s). Son lieutenant, l’Olive, et son compagnon du Plessis, débarquent à la Guadeloupe le 28 juin 1635. D’Esnambuc arrive à la Martinique le 15 septembre de la même année. Il prend alors, au nom de la France, possession de l’île habitée par le peuple caraïbe.
[2] Particulièrement dans un contexte où la présence américaine dans la Caraïbe est de plus en plus importante.
[3] La Martinique et la Guadeloupe, avant le Tricentenaire, avait déjà organisé des expositions locales, commerciales et festives, autour d’un concours local (Martinique 1883, 1927 ; Guadeloupe, 1923, par exemple). Le Tricentenaire reste la plus spectaculaire et ambitieuse. Depuis le début du XIXe siècle, les Antilles participent régulièrement aux grandes foires et expositions universelles, internationales et coloniales de son temps. La Martinique et la Guadeloupe bénéficièrent de pavillons particuliers aux expositions coloniales Paris 1931 et 1937 symboles par le choix des architectures de leurs modernités. Comme les autres colonies de l’Empire, les chambres de commerce de Pointe-à-Pitre et de Fort-de-France rassemblent les productions de la colonie pour les diffuser dans l’hexagone via l’Exposition permanente des colonies (Palais de l’Industrie) de 1855 à 1896 puis via les Agences générales des colonies pour le XXe siècle afin d’alimenter les besoins des expositions et des musées coloniaux qui s’ouvrent partout en France et à l’étranger.
[4] Germaine Casse est membre du bureau de la Société coloniale des artistes français, élevée au rang d’Officier d’Académie de la Légion d’honneur le 5 mars 1926 pour ses travaux de propagande artistique aux Antilles.
[5] On assiste à un développement important, dans l’entre-deux-guerres, du tourisme de croisières aux Antilles particulièrement prisé dans la Caraïbe par la clientèle américaine. Il faut souligner l’importance du rôle des chambres de commerces et des syndicats d’initiatives (Théodore Baude, pour la Martinique) dans le développement de la propagande touristique et patrimoniale des « vieilles colonies ». La création de structures de types muséales, vitrines de la colonie, joue un rôle majeur (particulièrement celui du musée de la chambre de commerce pour la Martinique). Le « Pavillon Baude » du Tricentenaire avec ses collections historiques et ethnographiques connaîtra un vif succès.
[6] La marche de la faim a eu lieu le 11 février 1935. En pleine crise sucrière, la manifestation a rassemblé un millier d’ouvriers agricoles dans les rues de Fort-de-France avant de s’installer devant le palais du gouverneur pour dénoncer la pauvreté de la population et des conditions de travail déplorables. Cf. Édouard de Lépine, La crise de février 1935 à la Martinique, Contribution à l’histoire du mouvement ouvrier martiniquais, L’Harmattan, 1980.