Comme la preuve nous a été infligée que de tels hommes peuvent accéder à la magistrature suprême, il est indispensable que notre Constitution nous en protège. Comme Montesquieu l’a énoncé, il ne saurait y avoir de démocratie sans séparation des pouvoirs. Le chef de l’exécutif n’a pas à haranguer le législatif, un point c’est tout. La réforme adoptée lundi permet au Président de s’exprimer devant le Parlement, sans qu’il ait à craindre de sanction puisque les élus n’auront pas à se prononcer par un vote. Cette réforme, proposée au nom d’une illusoire modernité, est en fait sur ce point une régression inqualifiable. Je n’imaginais pas nos élus disposés à subir sans broncher des avanies comme celle encaissée par ce malheureux Joffrin.
Je reviendrai prochainement sur cette réforme mais je tiens sans attendre à mettre en évidence le magnifique tour de passe-passe des 3/5°. Une réforme de la Constitution a besoin pour être adoptée d’une majorité des 3/5°. Le législateur a ainsi voulu qu’un acte de cette importance requière une majorité plus ample que la simple majorité absolue et obtienne ainsi l’adhésion d’un plus grand nombre d’élus. Dans son immense magnanimité, l’homme qui se dit « pas illégitime à » a voulu associer les parlementaires à certaines nominations. Leurs commissions pourront s’y opposer si elles disposent d’une majorité des 3/5°. Saluons ce souci d’équilibre, à nouveau 3/5°. Malheureusement, ceci signifie que pour imposer sa volonté, le Président n’a pas même besoin de la majorité absolue mais pourra se contenter d’un modeste 40%. Beau geste, que de pouvoirs nouveaux accordés au Parlement !