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Chasse au Jack Lang et aménagement du territoire, ou c’est à se demander si pour le PS la Poste ne sent pas un peu le gaz ;-)

Publié le 23 juillet 2008 par Jean-Paul Chapon

Hier soir, sur Itélé ou LCI à l’occasion de l’annonce du projet de changement de statut de La Poste, je voyais Christine Lagarde, notre ministre de l’Economie, jurer ses grands-dieux, promis juré craché, croix de bois, croix de fer, si je mens je reste à Bercy, que jamais La Poste ne serait privatisée, que tout ça, ce n’était que de méchantes arrières pensées. Tiens ça me rappelle un autre à Bercy il y a quelques temps déjà qui jurait, croix de bois, crois de fer, si je mens je deviens président, que jamais l’Etat ne descendrait à moins de 70% dans Gaz de France ou encore que jamais Gaz de France ne serait privatisé. Dans le style plus c’est gros mieux ça passe, c’était tout de même assez marrant de la part de notre impayable ministre de s’engager sur le maintien de La Poste dans le public, le jour de la première et calamiteuse (et en plus je suis actionnaire ;-) cotation de GDF-Suez en bourse.

Une réaction de l’opposition ? Non, surtout pas, car hier soir le Parti Socialiste (mon pauvre parti) avait autre chose à faire et à dire. Hier soir, c’était haro sur Jack Lang, qui a voté la réforme de la Constitution, se mettant lui-même en marge du PS. La voix de trop, c’était lui (même s’il y en a deux), la voix de la honte pour certaine. Alors même si je ne suis pas un fan de Jack Lang, je dois reconnaître avec lui qu’en fait de discipline de parti on en a vu d’autres au PS, il n’y a pas si longtemps encore… Mais le plus grave, c’est de mobiliser toute cette énergie sur un Jack Lang. Et à la limite, on s’en tape. N’y a-t-il pas plus urgent et plus important que d’exécuter Jack Lang ?

Car hier soir, quitte à s’emporter ou s’inquièter, il y avait la Poste et son changement de statut. Mais est-ce encore une priorité pour un PS concentré sur son prochain congrès que de s’élever contre un risque de privatisation de La Poste, point d’orgue de la mise à sac d’une vision de l’aménagement du territoire français et d’une société solidaire, pour laquelle le “désert français” était encore ce que l’il fallait éviter . Alors après la fermeture des tribunaux, celle des hôpitaux et des maternités, des casernes, des gares trop petites, des lignes pas rentables, et déjà des bureaux de poste, que restera-t-il de la France qui se lève tôt, parce que pour aller à la gare, il faut faire tant de kilomètres en voiture ou en car, parce que pour aller à l’hôpital, il faut en faire le double, parce que pour poster un courrier, il faut avoir de l’imagination, parce qu’il n’y a plus rien, parce que ce n’est pas rentable, parce qu’on aurait pas dû naître là, ou venir là pour essayer d’y vivre.

Mais non, il est plus urgent de se faire Jack Lang, comme si un sacrifice expiatoire pouvait tenir lieu de programme. Que le PS, mon pauvre parti, se ressaisisse et se réveille. Il y a tant de problèmes sérieux en France aujourd’hui. L’aménagement du territoire, concrétisation d’une vision de la France et de la société, sera l’enjeu de demain, un peu comme un plan Espoir Banlieue à l’échelle du territoire dans son ensemble, sans jouer une partie de la France, la France des grandes villes, la France rentable et équipée, contre l’autre, la France rurale, celle des petites villes, trop petites pour être rentables. et pour éviter de vraiment créer ce désert français qui menace de s’étendre un peu plus jour après jour, fermeture après fermeture…

Jean-Paul Chapon

Sur le même thème, Paris est sa banlieue avait publié il y a quelques mois une note intitulée Terrain à vendre, sans tribunal, ni maternité, ni gare ;-)


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