Le Mont Analogue, de René Daumal (éd. Allia)

Publié le 23 novembre 2020 par Onarretetout

Entre les deux confinements, j’ai vu une exposition qui prenait appui sur le livre de René Daumal, Le Mont Analogue. J’ai eu la sensation de prendre rendez-vous avec ce livre. C’est chose faite. 

C’est un livre inachevé qui s’arrête subitement dans le cinquième chapitre sur une virgule. Le geste de l’auteur reste suspendu alors qu’il en avait prévu la suite. René Daumal est mort à 36 ans. Ma lecture me fait penser qu’il meurt à cause d’un de ses personnages ayant tué un rat dans la montagne, au niveau de la première halte, l’empêchant d’aller plus haut.

Le récit de cette aventure se nourrit de philosophie, de sciences, de littérature bien sûr, de spiritualité, et d’humour. Tout y est annoncé au début de chaque chapitre. Et chaque moment, chaque partie, même si elle semble être une digression, servent à ce qui suit : bien sûr les noms des personnages, à commencer par le Père Sogol, son expérience de la tentation, plus tard le conte des homme-creux… Tous les arts y sont convoqués, les sciences, mathématique, géographique, etc. Il y a quelque chose de Candide dans la découverte du monde. Et l’écrivain n’oublie jamais qu’il écrit : « Maintenant que j’ai commencé, il faudra bien que je raconte la suite ». Le voyage commence dans une mansarde sous les toits parisiens et nous fait aborder sur une île étrange, étrangement absente de toutes les cartes de la Terre. 

« La Montagne est le lien entre la Terre et le Ciel. Son sommet unique touche au monde de l'éternité, et sa base se ramifie en contreforts multiples dans le monde des mortels. »

J’ai pensé parfois à Erri de Luca, notamment à ce livre, Sur la trace de Nives.