'' Si, au XXIème siècle, quarante ans après le début de la révolution féministe, l’expression « avoir des couilles » survivait, c’était dans un second degré prudent. Son retour dans le premier degré, l’emploi fréquent d’invectives et d’insultes sexuelles de nature voisine sur les blogs et les réactions de lecteurs des sites de journaux, à quoi s’ajoute l’expression de haines spontanées, jamais freinées par le souci de laisser l’autre le bénéfice du doute, appellent une réflexion. En dix ans internet a détricoté le travail fragile de deux siècles. Dans cette brutalité règnent les grandes peurs irrationnelles, les imaginations de complot et l’idée que la violence seule est susceptible de répondre au désaccord. On réagit immédiatement aux affectes, sans prendre le temps de percevoir la réalité et de tenter de la comprendre. C’est la planète des singes, où le totem est une grosse couille érigée sur la place du village. Un jour, parce que la haine nous aura épuisés, parce que la souffrance sera devenue à la fois insupportable et dérisoire, nous apprendrons la politesse. "
Source: L’Édito par Philippe Val, Charlie Hebdo, mercredi 23 juillet 2008.