Il m’est arrivé – une ou deux fois - d’espérer qu’un de mes statuts Facebook soit repris à son compte par l’un ou l’autre de mes amis entamant ainsi une chaîne exponentielle avec un partage sur des milliers de murs. Ce n’est jamais arrivé et je ne m’en porte pas plus mal. Aussi, j’ai souri quand c’est arrivé – pas en milliers d’exemplaires, hein, faut pas rêver – avec un statut où je ne l’attendais pas du tout !
J’avais moi-même « copié » Rajae Maouane qui avait publié ce statut, accompagné d’une photo : « Un style indéniable et des oreilles décollées : en cette journée internationale des droits de l'enfant, je réponds à l'appel de l'UNICEF : #MonPortraitDenfant. L'occasion aussi de rappeler que… ».
L’appel de l’UNICEF me parlait. Il m’est arrivé plus d’une fois de travailler pour cet organisme qui me semble une des agences internationales absolument indispensable. Alors, je me suis mis à la recherche d’une photo de mon enfance que je pourrais partager. Celle reprise en illustration ci-dessus m’a semblé bien sympathique.
Liant un des objectifs de l’UNICEF avec cette photo prise il y a bien longtemps (dans les 65 ans) sur un manège de la Foire de Namur, j’ai écrit le statut suivant : « En cette journée internationale des droits de l'enfant, je réponds à l'appel de l'UNICEF : #MonPortraitDenfant. N'apprenons pas à nos enfants à nous battre. Simplement à être heureux et grandir ! ».
Ce n’est qu’après l’avoir posté que je me suis rendu compte qu’il n’était pas très correct d’un point de vue linguistique. Il me semble qu’il eût été plus correct d’écrire « N’apprenons pas à nos enfants à se battre », le « nous » prêtant clairement à confusion. Et puis, je suis toujours attentif à répéter la préposition : « Simplement à être heureux et à grandir ! ». Deux petites erreurs peu importantes, et j’ai donc laissé le statut tel qu’il m’était venu.
Quelle ne fut pas ma surprise de retrouver exactement le même statut (avec une autre photo) sur le mur de certains amis, sans aucune référence au mien. De toute évidence, ces amis avaient pensé que c’était la proposition originale de l’UNICEF. Notamment, je suis convaincu qu’un de ces amis n’aurait jamais partagé le statut tel quel s’il avait su que c’était moi qui l’avais écrit.
Tout cela n’a bien sûr aucune importance. Sauf le sens du statut lui-même : « N'apprenons pas à nos enfants à se battre. Simplement à être heureux et à grandir ! »
Les adultes ne se rendent pas suffisamment compte des messages qui sont transmis dans des gestes considérés comme anodins. Mais est-il vraiment éducatif de mettre dans des manèges des tanks munis de fusils-mitrailleurs ? Est-il vraiment éducatif d’offrir aux enfants de faux fusils ou de fausses épées avec lesquels ils vont effectivement jouer à se battre ? Est-il vraiment éducatif de banaliser la violence dans des programmes de télévision, y compris des journaux télévisés, diffusés à une heure où de nombreux enfants sont en présence de la fenêtre magique ? Est-il éducatif de souvent mettre les enfants en compétition pour « être le meilleur », que ce soit en classe, dans le sport, dans la vie de tous les jours… ?
J’ai eu la chance et l’honneur de traduire, en 1996, l’ouvrage en anglais Education for Development: A Teacher's Resource for Global Learning de Susan Fountain, devenu en français Éducation pour le développement humain : Un outil pour un apprentissage global. Le succès de cet ouvrage, financé par l’UNICEF, ne fut pas à la hauteur de la richesse qu’il contient : des dizaines d’activités à réaliser en classe, tout au long de la scolarité obligatoire, pour une éducation globale autour de thèmes comme l’interdépendance, les images et les perceptions, la justice sociale, les conflits et leur résolution, le changement et le futur. Des activités constructives et dynamiques, bien loin de ces armes factices qui induisent inévitablement l’idée qu’il faut se battre.
Il ne faut pas se battre. Il faut être heureux… et toujours grandir, même devenu grand !