Parmi les piliers de la SDN 20-30, se trouve l’augmentation de la production cotonnière à 600 000 tonnes.
Le Cameroun dispose désormais d’un nouveau cadre de référence pour son action de développement au cours de la prochaine décennie. Le document de 400 pages intitulé stratégie nationale de développement 2020-2030, édité en français et anglais, dessine les contours de la «transformation structurelle de l’économie du pays, en opérant des changements fondamentaux dans les structures productives, industrielles, financières, administratives, sociales et environnementales, afin de favoriser une croissance économique forte, une prospérité partagée, un développement endogène et inclusif, tout en préservant les chances des générations futures».
Ainsi, par exemple, le gouvernement camerounais indique qu’il a pour ambition, au plan de l’agro-industrie, d’augmenter la production cotonnière nationale à 600 000 tonnes par an à l’horizon 2025. Il s’agira, pour y parvenir, d’intégrer la transformation industrielle de la fibre locale pour atteindre un taux minimum de 50% à l’horizon 2030, d’une part. D’autre part, développer une industrie de fabrication et de confection des tenues, notamment de sport (maillots, survêtements, baskets, etc.), capable de satisfaire au moins 50% de la demande nationale. Par ailleurs, fournir les grands corps de l’État (militaires, policiers et civils) en tenues et équipements vestimentaires incorporant au moins 60% du coton camerounais.
De même, l’État va explorer les possibilités de relancer les tanneries et l’industrie de fabrication des articles en cuir (bottes, sacs, ceintures, etc.), énumère le document officiellement présenté le 16 novembre 2020 à Yaoundé, par le ministre de l’Economie, Alamine Ousmane Mey. Cette sollicitude pour la filière coton devrait contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations des régions septentrionales, pour lesquelles la seule culture de rente jusqu’ici reste le coton. Idem pour les retombées attendues de la chaîne de valeur du cuir, autre richesse des régions septentrionales du Cameroun malheureusement en proie à des difficultés depuis quelques années.
Selon plusieurs experts, cette nouvelle stratégie de développement du Cameroun a été densifiée et arrimée aux exigences nouvelles. «Le document est clair et précis pour les grandes lignes que j’ai pu parcourir. On constate que la stratégie s’inscrit dans la continuité de la précédente, avec un accent particulier sur l’industrialisation comme principal pilier de la croissance du Cameroun. Il apparaît également que la stratégie a pris en compte les leçons du passé, au regard des évènements inattendus de la décade 2009-2019. Elle a inséré de nouvelles politiques, notamment celle du bilinguisme, du multiculturalisme et la citoyenneté. Dans le domaine de la gouvernance économique et financière, les préoccupations de la contribution de la diaspora au développement et l’apport de la diplomatie économique ont été adressées ; l’on observe également avec satisfaction la prise en compte de la rationalisation de la gestion des établissements et entreprises publics. La prévention et la gestion des crises s’ajoutent également comme pilier du renforcement de l’État de droit et la sécurité des personnes et des biens», a expliqué le Pr. Viviane Ondoua Biwole, experte en gouvernance publique.
En rappel, la SND 20-30 vient remplacer le document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce), cadre de référence implémenté depuis 2009 pour faire du Cameroun un pays émergent en 2035. Mais, de nombreuses contingences structurelles, endogènes et exogènes n’ont pas permis au gouvernement de réaliser les objectifs fixés au cours de la première décade 2009-2019. D’où la mise en place d’une stratégie plus affinée, afin de remettre le train de l’émergence 2035 sur les rails.