Pour une fois je ne reproduis pas la quatrième de couverture qui, à mon avis, en dit trop. Et mon billet ne sera pas long, histoire de ne pas trop en dire sur ce premier roman de Mireille Gagné.
Cela commence par une description du comportement du lièvre d’Amérique. Puis nous faisons connaissance de Diane, qui se réveille d’une mystérieuse opération. Nous retournons ensuite dans le passé de la jeune femme, à l’Ile-aux-Grues, là ou elle a connu Eugène, un ado proche de la nature et de la mer. Nous revenons ensuite dans le monde du travail de Diane.
Chaque partie du roman, séparée par une double page illustrée que vous découvrirez si vous décidez de le lire, est ainsi constituée de quatre éléments qui sont comme des pièces de puzzle qui nous permettront de comprendre ce qu’ont vécu Eugène et Diane (le choix de ce prénom n’est pas indifférent, il m’a fait penser à Diane chasseresse) et quelle est la mystérieuse opération subie par la jeune femme. J’ai été touchée par ce qui est arrivé aux deux adolescents sur l’île, comment les blessures de jeunesse peuvent influer profondément sur les vies adultes. Un joli lexique à la fin du roman nous permet de saisir la beauté de l’Ile-aux-Grues. Et à la fin aussi, l’autrice nous livre une légende algonquienne qui donne un autre éclairage au récit. Le tout forme un objet littéraire intelligent et sensible, un premier roman original et réussi caché derrière une bien jolie couverture.
« Sur le pont, elle regarde le fleuve s’écouler en dessous d’elle. La marée descend, elle aussi. Elle se sent comme les eaux qui se retirent lentement après les grandes marées. Il restera beaucoup de débris, mais il fera beau demain. »
« Diane ne se souvenait pas de cette impression de faire entièrement partie du paysage, de la proximité des grandes oies des neiges, comme si elles piétinaient sa peau. C’est sûrement ça qu’elle avait oublié en partant subitement. L’appartenance. »
Mireille GAGNE, Le lièvre d’Amérique, La Peuplade, 2020
Les avis tout récents de Kathel et Karine
Québec en novembre – Catégorie On jase de toi (livre paru en 2020)