Le Tribunal des âmes (Il tribunale delle anime)
Traduit de l’italien par Anaïs Bokobza
Auteur : Donato Carrisi
Éditions : Calmann-Lévy (29 février 2012)
ISBN : 978-2702142967
440 pages
Quatrième de couverture
Rome. Sa dolce vita, son Capitole, ses foules de pèlerins, ses hordes de touristes. Sa pluie battante, ses sombres ruelles, ses labyrinthes souterrains et ses meurtriers insaisissables. Marcus est un homme sans passé. Sa spécialité : analyser les scènes de crime pour déceler le mal partout où il se terre. Il y a un an, il a été grièvement blessé et a perdu la mémoire. Aujourd’hui, il est le seul à pouvoir élucider la disparition d’une jeune étudiante kidnappée.
Mon avis
« Il n’y a pas de hasards » est un livre que j’ai lu récemment.
L’auteur (Robert Hopcke) y développe ce que l’on peut appeler « La théorie de la synchronicité.» et la place des coïncidences dans notre vie.
En choisissant de me plonger dans « Le tribunal des âmes », je ne savais pas que j’allais retrouver quelques unes des idées évoquées dans cet opus entre autres sur la façon dont les événements peuvent de temps en temps s’enchaîner, se relier, se trouver en concordance et modifier le cours de certaines existences qui semblaient pourtant bien tracées.
« Celles qui ne nous touchent pas, nous les balayons comme de « simples coïncidences». D’autres, en revanche, semblent destinées à marquer notre vie.Alors nous les rebaptisons « signes ». Ces signes nous laissent penser que nous sommes les destinataires d’un message exclusif, comme si le cosmos ou une entité supérieure nous avait choisis. En d’autres termes, ils nous permettent de nous sentir uniques. »
Le mari de Sandra, grand reporter, est décédé en chutant d’un immeuble. Suicide, accident, meurtre ? Elle décide d’essayer de comprendre, sans doute pour faire le deuil, et continuer sa route. Sa prospection va l’emmener dans les secrets du Vatican, dans Rome et auprès de diverses personnes. Elle est experte en photos de scène de crimes et va utiliser cette approche pour avancer dans ses recherches.
D’un autre côté une jeune femme médecin, Monica sauve un homme dont tout porte à croire qu’il est un tueur en série. Il est tombé dans le coma donc pour l’instant il ne peut pas parler …
Un troisième personnage important est Marcus. C’est un pénitencier qui a perdu la mémoire. Il sait analyser à merveille une scène d’enquête, il sait observer et voir au-delà de ce qu’il a sous les yeux. Il ressent des émotions, des « vibrations » pouvant éclairer les faits tout en restant dans le réel (pas de paranormal là-dedans). Il est en lien avec le Vatican où se trouve les archives des criminels ayant confessé leurs fautes (si le péché est trop important un simple prêtre ne peut pas absoudre, il faut passer par les pénitenciers du Vatican nous explique Donato Carrisi). Il ne se connaît plus et souffre de cauchemars qui lui apportent de légers éclaircissements sur son passé. Il apparaît, disparaît entre ombre et lumière…
« Il existe un lieu où le monde de la lumière rencontre celui des ténèbres. C’est là que tout se produit : dans la terre des ombres, où tout est rare, confus, incertain. »
Et puis, il y a le « chasseur ». Qui est-il, qui « chasse » t-il ? Que veut-il ? Comment son esprit torturé fonctionne-t-il, quel est son but ?
A travers des bonds dans le présent et le passé, des journées découpées parfois par un horaire, l’auteur va nous emmener de l’un à l’autre, d’un lieu à l’autre (Rome, Milan…)
La frontière entre le bien et le mal, entre justice et justicier est fragile. Certains passages nous renvoient à nos propres peurs, à nos décisions, à ces questions si douloureuses parfois face à un choix…
C’est un gigantesque puzzle où les pièces finissent par s’emboîter parfaitement les unes dans les autres. Comme dans une œuvre d’art, par petites touches, le roman se construit sous nos yeux. On pourrait trouver que l’approche est complexe, compliquée mais lorsque les choses s’éclairent, tout semble parfaitement évident et simple à comprendre.
J’ai beaucoup aimé la présentation de ce livre, la construction du roman, l’alternance dans l’espace temps des chapitres, la place de la photographie et de l’art (surtout la peinture) dans l’intrigue. J’ai apprécié de me promener dans Rome la secrète ou dans Rome la touristique.
Les protagonistes, chacun avec une part d’ombre, des difficultés de communication, des tourments, m’ont semblé très humains et la façon dont leur vie ont été reliées particulièrement originale.
L’écriture de Carrisi m’a plu, pas de fioriture inutile, des faits exposés avec précision et un vocabulaire de qualité (bravo au traducteur !). Des subdivisions bien pensées dans les différentes parties permettent de ne pas s’appesantir et d’éviter les temps morts. On est sans cesse dans l’action ou dans la réflexion.
Certains ne manqueront pas d’apporter un bémol en soulignant que tout cela est alambiqué, parfois un peu difficile à suivre et « tiré par les cheveux ».
Ce n’est pas ce que j’ai ressenti.
Personnellement, tout m’a semblé parfaitement bien agencé, s’emboîtant au gré des pages jusqu’à la touche finale.
Un excellent roman !