D’une manière générale, les Ports jouent un rôle prépondérant dans les échanges commerciaux d’un pays avec l’extérieur.
Aucun pays ne dispose de suffisamment de ressources pour produire tout seul, les biens et les services dont a besoin sa population. C’est la raison pour laquelle, il doit nécessairement effectuer des transactions économiques avec l’extérieur. Pour réaliser ces opérations de commerce international, il doit avoir recours à des plate-formes logistiques considérées comme des « portes d’entrée/sortie ». Celles-ci diffèrent d’appellation en fonction du mode de transport choisi. Nous distinguons les aéroports et les ports maritimes ou fluviaux respectivement dans les cas de transports aérien et maritime. Le mode de transport sur lequel le Cameroun semble faire bonne recette, c’est bien le transport maritime. Le Cameroun qui dispose à cet effet d’une ouverture sur la mer et d’infrastructures portuaires qui facilitent ses échanges avec l’extérieur. Il possède en plus une position centrale dans le Golfe de Guinée, « paradis » des compagnies pétrolières et minières. Avec comme atouts supplémentaires, des terres extrêmement fertiles dans des climats diversifiés, de grandes ressources naturelles et humaines, c’est l’un des Etats les mieux dotés du continent africain.
Toutes ces potentialités lui imposent de se doter des politiques lui permettant de mieux cerner l’évolution et la dynamique des échanges tout en s’arrimant aux exigences de la mondialisation. La volonté des pouvoirs publics qui est celle de faire du Cameroun un carrefour des échanges commerciaux dans la sous-région, est appelée à se déployer dans un contexte de concurrence exacerbée entre les pays membres de ladite zone et davantage en pleine période de morosité économique internationale. Actuellement, la principale infrastructure portuaire qui brasse des devises en termes de recettes douanières et fiscales, c’est bien celle de Douala. Elle constitue le poumon de l’économie nationale et représente non seulement une plate-forme d’opérations du commerce international pour le pays, mais aussi pour la sous-région Cemac. Aussi entend-t-elle jouer le rôle qui lui revient dans ce contexte, pour contribuer par ses performances, à la croissance de son économie et à la création des richesses.
Un port performant, catalyseur de la compétitivité́ de l’économie nationale, moteur du développement sous régional et acteurs incontournables dans le positionnement du Cameroun comme plateforme logistique du Golfe de Guinée. Voilà ce qu’ambitionne le Port de Douala-Bonabéri. C’est l’objectif assigné à la nouvelle dynamique en cours d’implémentation. C’est aussi la volonté de l’État stratège à travers les textes fondateurs de la réforme du secteur portuaire pris en décembre 1998 et juin 1999. C’est la volonté de ces hommes et femmes qui se lèvent tôt, portuaires engagés et soucieux du devenir du Port de Douala. Seul hic, l’abondante actualité négative dont l’infrastructure est passée maître dans l’art ces dernières semaines. Il y’a un mois, c’est le quotidien Le Messager qui rapportait dans ses colonnes, que le Directeur général du Pad, tente d’imposer aux sociétés appartenant aux camerounais d’origine libanaise, une nouvelle tarification des redevances locatives jugée suicidaire pour ces investisseurs.
L’enquête que le très sérieux journal de feu Pius Njawe a publié dans ses colonnes laisse clairement transparaître que cette décision n’est ni plus, ni moins qu’une chasse aux sorcières engagée contre les propriétaires des espaces construits en entrepôt dans la zone portuaire de Douala. Au mépris de la loi et de la réglementation en vigueur, le Dg est à quelques doigts de provoquer un soulèvement inutile et inopportun. Dans un contexte où le pays vit dans un tourbillon de crises multiformes, il est à craindre que ce mouvement d’humeur puisse servir de mèche allumée pour une pétaudière qu’on ne saura jamais contenir ou stopper.
Surtout que la nouvelle tarification des redevances locatives imposée à ces investisseurs cache mal son intention malsaine d’avoir bien ciblé les sociétés concernées par cette mesure que beaucoup taxent de suicidaire, si ce n’est tout simplement que de l’injustice. Dans les faits, le patron du Pad qu’on dit soucieux de contribuer à la rentabilité de l’entreprise portuaire à travers la promotion des meilleures pratiques en matière de gestion et d’opérations portuaires afin de fournir à ses clients, des services de qualité, a exigé à une cinquantaine de ses amodiataires, de reverser 200% en termes de locations.
Une décision qui ne rencontre pas logiquement l’assentiment de ces derniers, conscients que les incidences sont tout simplement désastreuses. Alors même que ces entreprises dans l’œil du cyclone sont toutes soucieuses de la promotion des meilleures pratiques en matière de gestion et d’opérations portuaires depuis plus d’une vingtaine d’années, il leur a été servi injustement, des mises en demeure au motif qu’elles ne se sont pas soumis aux exigences contractuelles en matière d’occupation domaniale au Pad. Suffisant pour dénoncer ces manœuvres dolosives qui ont pour finalité, de leur arracher injustement leurs biens et en faire un patrimoine du Port autonome de Douala. Toute chose qui s’apparente à une cabale sans fondements.
Pourquoi cette fixation gratuite sur les opérateurs camerounais d’origine libanaise ? Qu’est ce qui peut justifier un tel acharnement sur des investisseurs qui sont pourtant de gros contributeurs en termes de recettes reversées au Pad ? Y’a-t-il un problème libanais qu’on tente de couvrir. S’il est vrai que le Port occupe une position des plus stratégiques grâce tout d’abord à une politique rigoureuse d’investissement qui lui a permis de disposer d’infrastructures adaptées aux différents trafics classiques et spécialisés ; ensuite à une présence internationale de plus en plus remarquée, il reste inquiétant qu’une telle décision puisse tomber sans susciter un rappel à l’ordre de la hiérarchie.
Des inquiétudes et des incertitudes qui renforcent à suffisance la thèse de certains observateurs qui y voient la main des pontes du régime hauts placés qui pilotent et manœuvrent dans l’ombre. L’autorité portuaire a beau martelé que la révision des tarifs applicables aux prestations offertes, est une décision souveraine du Gouvernement de la République, et non une décision de Cyrus Ngo’o qui ne fait qu’exécuter les hautes prescriptions de sa hiérarchie, cela sonne comme du pipo.
Au lieu de déclarer la guerre à cet outil portuaire, il serait mieux de braquer les projecteurs sur l’amélioration de l’offre des services aux navires, à la marchandise, ainsi qu’au renouvellement de quelques installations portuaires désuètes, à l’aménagement et la sécurisation du domaine portuaire. Quoi qu’il en soit, on ne perd rien à attendre.