Et si Didier Raoult avait raison ?, de Guy Courtois

Publié le 16 novembre 2020 par Francisrichard @francisrichard

Guy Courtois est consultant en stratégie. Il a mené cette enquête comme l'aurait fait un directeur de projet à la tête d'une équipe de 40 personnes, dont 9 ont souhaité conserver l'anonymat pour des raisons évidentes d'appartenance au milieu médical.

Ce livre présente la situation de la pandémie à la date du 1er juillet 2020 (la première édition date du 16 juillet 2020). Il s'agit de comprendre pourquoi ce que Guy Courtois appelle la méthode Raoult n'a pas été appliquée et quelles en sont les conséquences. 

Pour l'auteur il était inimaginable à ce moment-là de penser qu'un deuxième confinement aurait lieu quatre mois plus tard, que le professeur Didier Raoult serait traduit devant le Conseil de l'Ordre des Médecins et que l'État français persévérerait dans l'erreur.

LA MÉTHODE RAOULT

La méthode Raoult ne vient pas directement de Didier Raoult. L'équipe a décidé de la nommer ainsi après analyse des différentes préconisations et interviews qu'il a accordées. Il ne faut donc pas la confondre avec le protocole de traitement Raoult basé sur une bithérapie.

Cette méthode, employée par nombre d'infectiologues dans le monde, repose sur quatre éléments:

- Protéger: il faut porter le masque quand on est malade ou que la distanciation sociale ne peut être respectée (le cas des soignants), se laver régulièrement les mains à l'alcool etc.

(par principe de précaution l'auteur est favorable au port du masque généralisé...)

- Tester: il faut procéder à un dépistage massif

- Isoler les malades: il faut le faire pour éviter la contamination des autres

- Traiter: il faut soigner les malades et laisser aux médecins la liberté de prescrire et aux patients de choisir le traitement après avoir été informés.

Cette méthode claire, nette et précise, est la stratégie qu'il aurait certainement fallu adopter pour que l'épidémie ne se répande pas dans la plupart des pays dits avancés, qui n'en sont pas sortis à ce jour avec de lourdes conséquences passées, présentes et à venir.

LE PROTOCOLE DE TRAITEMENT RAOULT

Le protocole de traitement Raoult repose sur une combinaison d'un antibiotique (qui peut avoir des propriétés antivirales), l'azithromycine, et d'un dérivé de la chloroquine (qui a des propriétés antivirales), l'hydroxychloroquine, en début de phase infectieuse.

La dose de cette dernière dans le protocole est de 600mg par jour, avec administration de potassium (le virus couronné en fait baisser le taux) et réalisation d'électrocardiogrammes. Ce médicament utilisé depuis 1934 pour lutter contre la malaria n'est pas dangereux.

Ce protocole à bas prix, dont la balance bénéfices/risques est positive, s'est révélé efficace à Marseille et ailleurs. Des études l'ont désavoué,  mais elles étaient biaisées (elles ne correspondaient pas au protocole) ou étaient falsifiées comme celle du Lancet publiée le 23 mai 2020.

POURQUOI LA MÉTHODE RAOULT N'A-T-ELLE PAS ÉTÉ APPLIQUÉE ?

Si elle avait été appliquée, cette méthode aurait évité à la France d'être confinée une première fois et, maintenant, une deuxième. Mais elle ne l'a pas été en France comme dans d'autres pays pour sept raisons que Guy Courtois et son équipe ont identifiées:

- La personnalité de Didier Raoult, bien qu'il soit une sommité dans son domaine de compétence

- L'impréparation des États: pas de masques, pas de tests etc.

- Le lobbying des laboratoires pharmaceutiques (notamment de Gilead avec son Remdesivir, coûteux et aux effets secondaires nocifs) auprès de l'OMS, des autorités sanitaires, des médecins, des influenceurs, c'est-à-dire tous ceux qui, ayant de tels conflits d'intérêts, se sont opposés au protocole Raoult et ne voient de salut que dans d'hypothétiques vaccins... 

- Les faiblesses de l'OMS qui, pendant la crise, a changé plusieurs fois d'avis sur l'hydroxychloroquine

- La politisation du débat avec les soutiens de Donald Trump et de Jair Bolsonaro, qui ont servi de repoussoirs

- La polémique sans fin des essais et des études

- La faiblesse des médias qui n'ont pas joué leur rôle de contre-pouvoirs.

LES CONSÉQUENCES

La peur devant cette maladie inconnue s'est emparée des populations du monde entier, alimentée par les discours graves des dirigeants politiques et par le traitement médiatique de la pandémie. Les théories complotistes et les fausses nouvelles en ont été favorisées.

Le confinement des populations dans un grand nombre de pays a été présenté comme indispensable et comme le seul choix possible, plutôt que de ne rien faire comme la Suède, qui a eu une mortalité plus élevée que la France mais moins que l'Italie ou l'Espagne.

(aujourd'hui il n'y a pas, comme dans d'autres pays européens de redémarrage de la mortalité en Suède...)

L'économie mondiale s'est effondrée. Les pays les plus touchés sont ceux où le confinement a été le plus sévère. Si des pays comme la France ont amorti l'impact par des mesures sociales, l'auteur est bien en peine d'expliquer comment elles seront financées.

(l'auteur parle du retour de l'État, mais il ne voit pas que l'État est le problème et non pas la solution: plus l'État veut réguler l'économie, plus il crée de pénuries...)

Ce sont les pays tels que Hong Kong, Singapour ou la Corée du Sud qui n'ont pas confiné mais ont appliqué la méthode Raoult qui ont la mortalité la plus faible à la date du 16 juillet 2020, de même que des pays africains où l'hydroxychloroquine est un médicament connu.

QUELS CHANGEMENTS ET SOLUTIONS POUR L'AVENIR ?

La plupart des changements et solutions suggérés correspondent à une vision du monde collectiviste. Exemples: réduction des inégalités ou du temps de travail, croissance et plan de relance verts, restauration de l'hôpital public, réforme de l'OMS, Europe de la santé.

Ce livre fait des voeux en contradiction avec le retour de l'État: impliquer la médecine libérale, décentraliser en donnant plus de pouvoir aux IHU ou aux ARS, favoriser les initiatives de terrain, bref tout ce qu'un État, jacobin ou pas, est par essence incapable de faire.

Par contre, faire connaître, à tous les niveaux de décisions, la méthode Raoult, qui est rationnelle, est souhaitable non seulement parce qu'elle est efficace, mais parce qu'elle fait appel à la responsabilité individuelle sans laquelle elle ne peut pas fonctionner.

De même est efficace et responsable l'approche clinicienne : elle se fonde sur l'expérience du terrain, la proximité avec les patients, l'auscultation précise et la découverte progressive de ce que peut être une maladie nouvelle. Cette approche s'oppose à celle des chercheurs méthodologistes.

Francis Richard

Et si Didier Raoult avait raison ?, Guy Courtois, 784 pages, Investigation Éditions