La nouvelle solution s'adresse directement aux consommateurs, leur promettant une opportunité de donner un coup de pouce à leur score actuel. En quelques gestes, ils peuvent espérer gagner quelques points additionnels et, de la sorte, obtenir le prêt qui leur était refusé jusqu'alors ou bénéficier de conditions plus favorables. Selon les estimations de l'entreprise, la moitié de ses clients, soit 17 millions de britanniques, sont susceptibles de profiter d'une telle aubaine, sans risque d'impact négatif.
Aligné sur des pratiques aujourd'hui répandues, le fonctionnement d'Experian Boost ne surprendra plus personne. Après avoir créé son profil via l'application mobile dédiée, s'il ne l'avait pas fait auparavant pour consulter sa situation, l'utilisateur est invité à connecter son ou ses comptes bancaires, en toute sécurité, grâce aux mécanismes réglementaires de banque ouverte (« open banking »). L'analyse de ses transactions permet alors, le cas échéant, de lui attribuer un bonus selon son comportement.
Si le principe retenu est résolument classique, il se singularise par une certaine transparence sur les caractéristiques spécifiques mises à contribution afin d'opérer l'évaluation. Naturellement, les niveaux de revenus et de dépenses (c'est à dire le train de vie) sont les principaux indicateurs influençant la note accordée. Mais s'y ajoutent également les versements récurrents vers des comptes d'épargne, ainsi que les règlements d'impôts locaux et d'abonnements à des services de divertissement (Netflix, Spotify…), vraisemblablement dans le but de vérifier leur anticipation sur le budget.
Aussi étonnante que paraisse cette technique ultra-ciblée (d'autres critères devant être ajoutés au fil du temps), elle reflète certainement la prudence extrême des acteurs historiques. En effet, le choix de sélectionner des domaines précis parmi les comptes répond probablement à la complexité de l'identification exacte des opérations. Afin de garantir un résultat fiable, Experian préfère concentrer ses algorithmes sur des catégories sans équivoque, quitte à ne pas pouvoir fournir de réponse dans de nombreux cas.
En synthèse, deux écoles opposées s'affrontent dans le domaine sensible de l'estimation de la fiabilité des emprunteurs. Pour l'une, celle des « anciens », les nouvelles données constituent essentiellement un outil de confirmation des calculs existants, qui restent la norme. Pour l'autre, celle de la génération montante, il s'agit de concevoir un système différent, plus juste, plus équitable, plus inclusif. Il serait « piquant » que la confiance dont jouissent les premiers serve à accoutumer les consommateurs aux usages de l'accès à leurs comptes bancaires et finissent par asseoir la légitimité des seconds…