Cameroun : Permettre à tous les enfants de disposer d’un acte de naissance

Publié le 16 novembre 2020 par Tonton @supprimez

C’est le sujet sur lequel les députés vont se pencher aujourd’hui, 16 novembre 2020 à l’Assemblée nationale au cours d’une séance plénière spéciale avec plusieurs ministres.

Comment comprendre que l’élément qui constitue la base de toute vie humaine, ne puisse pas être établi à plusieurs enfants ? Ce que beaucoup de personnes aiment qualifier de « bout de papier », mais qui en réalité est le socle de l’avenir d’un enfant, est encore aujourd’hui inexistant pour plusieurs enfants. Pourtant c’est un élément très important dans la vie d’un être humain durant toute son existence. Car faut-il le rappeler, c’est grâce à l’acte de naissance, qu’un enfant existe en tant que citoyen d’un pays ; c’est également grâce à l’acte de naissance, qu’un enfant s’inscrit à l’école, établi sa carte d’identité et avec lequel l’on établit même son acte de décès après sa mort. C’est aussi un élément indispensable pour la constitution des dossiers en vue de participer à un concours administratif ou souscrire à une demande d’emploi. On comprend dès lors que sans son acte de naissance, un enfant non seulement n’existe pas en tant que citoyen d’un pays, mais en plus, ne peut ni fréquenter, ni participer à un concours et encore moins travailler à la fonction publique.

Cependant il est curieux de constater que, malgré son intervention multiple dans la vie d’un homme, plusieurs enfants ne possèdent pas d’acte de naissance au Cameroun. Selon les résultats de l’enquête Mics 2014, 66% seulement de personnes ont été enregistrées à la naissance contre 34% d’enfants qui ne l’ont pas été. La situation est tellement grave que selon le rapport du Bureau national de l’état civil (Bunec) 2018, 18.000 enfants n’ont pas présenté le Certificat d’études primaires (Cep) pour manque d’acte de naissance et 400.000 enfants au total dans l’Extrême-nord n’avaient pas d’acte de naissance soit 40.000 en classe du Cm2. Et ce, malgré les 2.800 centres d’état civil secondaires qui existent sur le territoire national. Ce sont des chiffres qui risquent d’exploser davantage car selon une prévision que le Fonds des nations unies pour l’enfance (Unicef) a faite de la population africaine en 2015, la population âgée de moins de 18 ans sera de 1,2 milliards en 2030. Ce qui veut dire en d’autres termes que la population du Cameroun également va se multiplier et si rien n’est fait pour résoudre ce problème d’acte de naissance, plusieurs jeunes vont se retrouver sans ce papier important et de ce fait, ne pourront pas valablement participer au développement de leur pays.

Solutions législatives

C’est inéluctablement pour éviter cette situation tragique et chaotique, que les députés ont décidé d’en faire leur sujet spécial au cours de la session plénière de ce 16 novembre 2020. Dans un communiqué de presse rendu public le 13 novembre dernier, Gaston Komba, Secrétaire général de l’Assemblée nationale a indiqué que « cette question d’intérêt national majeur sera en débat au cours d’une séance plénière spéciale le lundi 16 novembre 2020 à 10 heures à l’hémicycle de l’Assemblée nationale sis au Palais des congrès de Yaoundé ». Cette séance qui sera présidée par le Président de la chambre basse du parlement, sera marquée par les présences du ministre de la Décentralisation et du développement local, du ministre de la Justice, du ministre de la Santé publique, du ministre de la Promotion de la femme et de la famille, du ministre de l’Education de base, du directeur du Bureau national de l’état civil et du président de l’association des Communes et villes unies du Cameroun. C’est certainement au terme des débats que les participants vont comprendre pourquoi il y a encore tant d’enfants qui ne disposent pas d’acte de naissance et déterminer les solutions législatives et règlementaires durables à entreprendre.

Rostand TCHAMI