Petit à petit le super maire imprime sa marque dans la ville aux sept collines.
Il fallait un homme de poigne et au background avéré pour prendre le relais de Tsimi Evouna alias Jack Bauer, à la tête de la super mairie de Yaoundé. Et c’est Luc Messi Atangana qui a raflé la mise. Depuis mars 2020, il est le super maire de la capitale. L’histoire retient que c’est d’ailleurs contre toute attente qu’il sera porté par les conseillers à cette fonction, tant les joutes électorales étaient rudes. Le maire de Yaoundé 1er, Jean Mairie Abouna, l’ancien maire de Yaoundé 1er, Emile Andze Andze, l’ancien Maire de Yaoundé 7, Augustin Tamba, l’ancienne maire de Yaoundé 4, Régine Amougou Noma, l’ancienne maire de Yaoundé 5, Yvette Claudine Ngono et Léonard Ambassa, ne réussiront pas à séduire, au point de bénéficier de la majorité des votes. Finalement, Messi Atangana va obtenir 196 voix sur 294 votants avec 98 bulletins nuls et 3 abstentions. C’est un homme complétement ému qui s’adressera aux médias après son élection. Parlant de la capitale dont il rêve et que le Cameroun mérite, il déclarera « le souci est de voir Yaoundé se moderniser. Notre défi, c’est d’accélérer cette modernisation. Elle doit se poursuivre en s’accélérant ». Administrateur civil principal hors-échelle, c’est un homme pétri d’expérience qui succèdera ainsi à Gilbert Tsimi Evouna, le dernier délégué du gouvernement de Yaoundé.
Luc Messi Atangana est un technocrate qui est entré en scène alors que le coronavirus effectuait son débarquement au Cameroun. C’est donc dans des eaux agitées que le bateau du Mfoundi se meut, avec à la manœuvre un « Messie » qui tient ferme le gouvernail, dans une approche réaliste. Pour l’exercice 2020 par exemple, Yaoundé a dû revoir ses prévisions budgétaires à la baisse pour cause de coronavirus, les recettes de la mairie ayant été durement impactées. D’après une information émanant de Luc Messi Atangana lui-même, les pertes se chiffrent à plus de cinq milliards. Pour tenter de rattraper le coup, il fallait étendre la réduction du train de vie de l’Etat jusqu’à sa municipalité. Certaines sources de revenus tels la délivrance des licences, la contribution des patentes, les droits de timbres automobiles, la taxe foncière… sont tombées dans cette escarcelle. Certains programmes ont été également touchés, notamment ceux relatifs aux terrains de construction, aux immeubles communaux à usage commercial, à l’aménagement du territoire et des réseaux d’eau et d’électricité, l’aménagement des jardins, places publiques et places vertes…
Patron de la ville, c’est un homme qui a sa touche personnelle dans les affaires de la ville aux sept collines. Le 11 mars dernier par exemple, on l’a vu au quartier Mvog-Mbi. Il lançait un assaut contre le désordre urbain qui a toujours sévi à Yaoundé. Pour lui, la capitale politique doit désormais être en rupture de bans avec cette tare qui jusqu’ici, trouvait grâce du fait de la tolérance. Certes, le maire de Yaoundé est un homme de concession, mais hors de question d’être plus royaliste que le roi. A l’approche du Chan et de la Can 2022, dans le but d’assainir Yaoundé et la mettre aux normes des grandes capitales de ce monde, il va sans doute falloir sévir.
Il faut dire qu’il a hérité d’une capitale qui, pour beaucoup de ses prédécesseurs, constituait également un véritable un casse-tête, au-delà de tout. Le maire Luc Messi, qui prend son travail très à cœur, sait manier le bâton et la carotte. Et, ce n’est pas le secteur des transports qui nous le démentira. En mars dernier, le maire de la ville de Yaoundé qui s’était concerté avec les syndicats des transporteurs routiers urbains par taxis et petits cars, leur avait alors laissé 7 jours aux chauffeurs de taxis pour se mettre en règle. Et leur syndicat avait eu comme mission, les sensibiliser sur les règles à respecter.
Luc Messi Atangana avait demandé entre autres, aux chauffeurs de taxis et des petits cars de rafraîchir la peinture de leurs véhicules en y apposant uniquement la couleur jaune, sans fantaisie. Il avait également demandé aux conducteurs de taxis de s’assurer que leurs véhicules possèdent des parebrises, des phares, des clignotants, des rétroviseurs, des montes-vitres et carrosserie en bon état.
C’est aussi un super maire qui sait se montrer ferme, même avec les maires d’arrondissements. L’un d’eux en a d’ailleurs fait les frais, Yoki Onana, le maire de Yaoundé VI. Les boutiques construites par ce dernier ont été détruites. Pour le maire de la ville de Yaoundé Luc Messi Atangana, les constructions des boutiques faites par le maire de Yaoundé 6 étaient illégales et empiétaient sur la voie publique. Aussi comme autre argument, le tout premier super maire de la capitale a indiqué que la construction des bâtiments à usage commercial sur cette route de Biyem-assi ne relève pas de la compétence du maire de la commune d’arrondissement. De ce fait, il a mis sa menace à exécution en procédant à la destruction des boutiques construites. Cela s’est passé dans la nuit du 1er octobre 2020.
Ville en chantier
Yaoundé est également la ville de plusieurs chantiers. Le maire de la ville et ses plus proches collaborateurs ont par exemple visité des chantiers le 14 octobre 2020.
Ainsi, le maire Luc Messi Atangana, accompagné de ses plus proches collaborateurs, a visité les chantiers du quartier Bastos, ceux du marché Mfoundi, et ceux du marché Central. «Il était question de prendre le pouls sur l’état d’avancement des travaux», a-t-il dit.
Premier arrêt de l’édile de la ville au Marché des fruits du parcours Vita. Ici, le chantier est presque achevé. Des bâtiments flambant neufs et des trottoirs occupent désormais l’espace. Il ne reste plus que l’alimentation en eau et en électricité. Sur l’axe menant au Rond-point Bastos, le maire de la ville a rencontré près de 30 jeunes en pleine pose des pavés sur le trottoir.
Autre escale, l’ancien Marché des femmes sis au Marché central de Yaoundé au lieudit ‘’SHO’’. Le magistrat municipal y a été accueilli par des bruits de marteaux cadencés des employés. Les bâtiments sortent peu à peu de terre et laisseront place à une cinquantaine de boutiques dans trois mois. Sur ce site d’un hectare, on retrouve deux chantiers: ils vont servir d’espaces marchands modernes et d’espaces ouverts pour des commerçants qui n’ont pas une grande capacité financière. « L’objectif étant de désengorger les rues occupées de façon anarchique par les commerçants de la ville», a expliqué Luc Messi Atangana.
Enfin, le maire se rendra au marché du Mfoundi, où des travaux d’envergure sont engagés, notamment l’installation de trois portails en vue de sécuriser les lieux, la construction des toilettes et des ponts pour faciliter le drainage des eaux.
Qui est Luc Messi Atangana ?
Originaire du quartier Efoulan dans le troisième arrondissement de Yaoundé, Luc Messi Atangana s’illustre par une carrière particulièrement riche. En amont, sa formation professionnelle le préparait déjà à la gestion des affaires publiques.
Son cursus académique
Luc Messi Atangana a fait ses études primaires à l’école catholique Saint-Joseph de Mvolye à Yaoundé. Ensuite, il fréquente tour à tour le CES de Yaoundé et le lycée bilingue de Yaoundé où il obtient son probatoire et son baccalauréat A4. Ce qui lui ouvre les portes de l’université de Yaoundé. Ici, il est admis à la Faculté de Droit et de Sciences économiques. À la session de juin 1985, il décroche sa licence en Droit public. La même année, le nouvel élu est reçu au concours d’entrée au cycle A de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM).
En 1987, Luc Messi Atangana intègre la fonction publique au grade d’administrateur civil. Depuis 2011, il est administrateur civil principal de classe hors-échelle. Au cours de sa riche carrière, le désormais premier maire de la ville de Yaoundé a été successivement:
⁃ chef du service provincial autonome de la fonction publique de l’Adamaoua,
⁃ chef du service provincial de la fonction publique du Centre.
En 1995, il est nommé délégué provincial de la fonction publique du Centre.
Puis, en 1998, Luc Messi Atangana devient chargé d’études au secrétariat général des services du Premier ministre.
De 2003 à 2005, il est directeur des affaires administratives et des requêtes. En septembre 2005, il est nommé chargé de missions au secrétariat général des services du Premier ministre, précisément à la division des affaires publiques et institutionnelles.
En 2016, Messi Atangana est nommé secrétaire permanent du Conseil national de la décentralisation. Fonction qu’il occupait jusqu’à son élection le 3 mars 2020.
Vie privée
Monsieur le Maire est connu pour être un homme discret. Âgé de 60 ans, il est marié et père de 4 enfants.