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Back soon (2008)

Par Eric Culnaert

Et ça se termine en queue de cheval

Film dû à la réalisatrice Sólveig Anspach, née d’un père étatsunien et d’une mère islandaise, mais élevée à Paris. Cocorico supplémentaire, son co-scénariste, Jean-Luc Gaget, est français.

« Back soon » en anglais, « Skrapp út » en islandais, autrement dit, « Je reviens tout de suite », c’est l’écriteau qu’Anna Halgrimsdottir, poétesse porno islandaise, vivant à Reykjavik, éboueuse de son véritable métier, quadragénaire et mère de famille célibataire, affiche sur sa porte quand elle va livrer à un client la marijuana qu’elle vend par téléphone – car elle appréciait jusqu’ici de travailler plus pour gagner plus. Or, tout arrive, elle veut larguer ce petit métier annexe, dont on espère que Jean-Pierre Pernaut le mettra enfin au sommaire de son Journal de 13 heures sur TF1. Elle aspire en effet à partir au soleil avec ses deux enfants (joués par les véritables fils de l’excellente et atypique interprète Didda Jónsdóttir), et cherche donc un repreneur, comme disent les patrons philanthropes (pléonasme) et amateurs de parachutes dorés du CAC 40.

Aux candidats qui se présentent, cette poétesse tient la dragée haute, et n’entend pas lâcher le filon pour moins d’un million et demi de couronnes islandaises (environ 16 500 euros) – à quoi on voit que c’est bien une poétesse. L’affaire doit se conclure ainsi : ce qui fera office de pas de porte, c’est son téléphone portable, sur lequel ses clients l’appellent. En attendant que l’heureux gagnant ait réuni les fonds que réclame l’honnête transaction, ce qui va durer deux jours, Anna va accomplir de multiples pérégrinations, et c’est lors d’une incursion dans une ferme que le gadget sonore, dont la longévité de la batterie est digne d’éloges et te fera saliver, est avalé par une oie mâle (un jars, ce qui donne l’occasion au sous-titreur, qui ne devait pas connaître le mot, de faire une faute d’orthographe en écrivant « jar » – il a dû croire que le mot trouvé dans le dictionnaire était un pluriel !).

Le film est bourré de détails saugrenus et délicieux, et de personnages qui ne le sont pas moins, comme le frère de la poétesse, très monté contre le tabac mais pas contre l’alcool, cette étudiante « folle de Dieu » (sic), ce suicidaire maladroit qu’on se coltine dans une brouette, ou cet étudiant français qui fait une thèse sur les poétesses nordiques, et emporte en cadeau la radiographie de l’estomac du jars… Tu savoureras aussi, lecteur kubrickien, les interviews en rafale, dans le style Full metal jacket, des amis d’Anna, qui viennent à tour de rôle expliquer face à la caméra pourquoi ils ne peuvent pas se résigner à éventrer l’oie gloutonne en vue de récupérer le téléphone devenu – provisoirement – inaccessible ; le prétexte le plus plausible étant donné par cette fille qui croit en la réincarnation et craint, si le jars a récupéré l’âme de son propre père, de « le tuer une seconde fois »… Et si cet humour nordique te glace, va plutôt chercher sur Allocine les œuvres complètes de Louis de Funès, voire de monsieur Dany Boon, chevalier de la Légion d’Honneur.


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