Je me souviens du jour où mon père a planté la première girouette
Sous les arbres chargés de fruits violets comme l’été
Il portait son complet bleu barbeau trempé par les dernières pluies
Il y avait des échardes dans ses mains, des épines de mûriers
Comme dans la chanson, l’orage galopait au loin
Pendant qu’il se courbait, muet, détaché de tout bruit
Sur les plates-bandes vaporeuses de semis.
Alors, manquant le faire tomber
Elle lui sauta dans les bras, inquiète comme un poulain
Il vacilla un peu, regarda en arrière vers moi
Un sourire flottait, oublieux, sur ses lèvres
C’était tout simplement la bise, rien que ça
On aurait dit, je le jure, la naissance de la lumière.
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Ferenc Rákóczy (né à Bâle, Suisse en 1967) – Éoliennes (L’Âge d’Homme, 2007)