Entre mise en demeure, investigations des services spécialisés et appels incessants à la fermeture, la chaine de télévision Equinoxe Tv ne sait plus à quel saint se vouer pour affronter la zone de turbulences qu’elle traverse depuis que les responsables de ce média ont autorisé la diffusion de faux témoignages de femmes se présentant mensongèrement comme des victimes de la situation de crise dans les régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest (Noso). La chaine de télévision qui émet dans la ville de Douala est-elle au bord du précipice ? Certaines langues n’hésitent à franchir le pas pour le subodorer.
Que n’a-t-on pas dit sur le ministre de l’Administration territoriale (Minat) Paul Atanga Nji, lorsque celui-ci a osé dénoncer Equinoxe Tv d’être le relais des rapports erronés contre les forces de défense et de sécurité, pondus par certaines Ong aux ordres. On se rappelle encore qu’au cours d’un point de presse tenu le 9 mars 2020, le Minat avait accusé certains réseaux occultes à l’intérieur et à l’extérieur du triangle national de doter les Ongs d’importants atouts financiers pour la déstabilisation du Cameroun des institutions de la République. Paul Atanga Nji n’avait alors pas manqué l’occasion d’indexer certains médias instrumentalisés, parmi lesquels Equinoxe Tv, de jeter de l’huile sur le feu pour embraser la crise dans le Noso. Une accusation qu’avait d’ailleurs rejetée en son temps, le patron d’Equinoxe Tv qui avait indiqué ne pas accepter qu’on l’accuse « de pactiser avec les ennemis de la République, à quelque prix que ce soit», non sans susurrer : « rendre compte d’un rapport ne signifie pas partager ce qui est contenu dans ce rapport. » Soit. Seulement pour de nombreux observateurs, les faits semblent une fois de plus donner raison à Paul Atanga Nji dans le cadre Par Didier Belinga de ce qu’il convient aujourd’hui d’appeler aujourd’hui l’affaire de « diffusion de faux témoignages.»
En effet, dans son émission hebdomadaire dénommée « Paroles de femmes », édition du mardi 3 novembre 2020, diffusée à 21h et abondamment relayée sur les réseaux sociaux, « l’organe de presse audiovisuelle « Equinoxe Télévision » a diffusé de faux témoignages, à la fois pathétiques et émouvants de concitoyennes se présentant mensongèrement comme des victimes de la situation de crise qui prévaut dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest », comme l’a réaffirmé le ministre de la Communication René Emmanuel Sadi dans sa correspondance N°1387/Mincom/Omop du 12 novembre 2020, adressée au Président directeur général (Pdg) du groupe « Equinoxe Télévision ».
Ethique et déontologie
Au cours de l’émission en question, la présentatrice Esther Maël Maffowe a laissé une certaine Victoire Stéphanie Djomo Yepmo faire montre d’une imagination théâtrale, en livrant aux téléspectateurs un récit complètement fictif au sujet des scènes d’horreur et d’atrocités vécues dans la zone de Kumba. Ce grossier mensonge sera d’ailleurs mis à nu quelques jours plus tard lors de l’audition de cette cinéaste d’un autre genre par les services spécialisés, notamment le commissaire du gouvernement auprès du Tribunal militaire à Douala, à la suite de son interpellation le 8 novembre 2020. Audition au cours de laquelle on va se rendre compte que ce récit n’était en fait qu’une simple manœuvre d’instrumentalisation de l’opinion publique nationale et internationale.
Pour accomplir sa sale besogne, l’infortunée avouera, pratiquement en larmes, d’avoir été payée par une connaissance exerçant dans une Ong bien connue de la place. D’ailleurs pour de nombreux observateurs, le montage était parfait. Comme si elles s’étaient passé le mot, les 2 autres invitées de l’émission querellée arboraient toutes des tenues funestes. Aujourd’hui en détention à la prison de New Bell à Douala, nos sources très bien informées indiquent que Victoire Stéphanie Djomo Yepmo a, au cours de son échange avec les fins limiers de la gendarmerie, été incapable de donner les noms de ses 2 enfants qu’elle prétend avoir perdu dans sa marche vers la terre promise à Mbanga. Comme pour suivre les pas du peuple d’Israël conduit par Moïse vers la terre promise. Des enfants qu’elle déclare avoir perdu en 2016, pourtant en cette période, la crise n’était pas encore meurtrière, surtout que l’on faisait encore face aux revendications corporatistes des avocats et des enseignants. Et ce n’est qu’en 2017 qu’on va officiellement enregistrer le premier décès du fait de la crise.
C’est cette mise en scène ubuesque, « volontairement orchestrée par la chaine de télévision Equinoxe » qui a poussé le ministre de la Communication (Mincom) René Emmanuel Sadi à mettre cet organe de presse audiovisuelle en demeure. Un organe de presse qui, « de plus en plus outrepasse les limites du champ des libertés publiques, (…) par une inobservance criarde des prolégomènes du métier de journaliste, de l’éthique et de la déontologie professionnelles », comme va l’indiquer le Mincom dans la correspondance sus citée. Et de renchérir : « au regard de ce qui précède, je vous demande instamment, de mettre un terme à la production itérative des émissions dont les contenus, de façon récurrente, sont en violation flagrante des dispositions pertinentes de la loi N°2015/007 du 20 avril 2015 régissant l’activité audiovisuelle au Cameroun, ainsi que des dispositions législatives et réglementaires en vigueur. Un point de vue que ne semble pas partager le Pdg du groupe Equinoxe Tv qui pour sa part, affirme que dans tout le processus de production de l’émission querellée, « l’éthique et la déontologie ont, comme toujours, été scrupuleusement respectées. » Soit.
Si le Mincom s’est limité à demander au Pdg du Groupe Equinoxe de mettre un terme à la production d’émissions portant atteinte au cadre législatif et réglementaire, certains observateurs vont aller plus loin pour demander la fermeture et le retrait de l’agrément d’Equinoxe Tv, au motif que cette chaine de télévision a pour vocation d’alimenter « le repli identitaire, la haine intertribale, l’ethnofacisme décomplexé, etc. » Seulement, pour les adeptes d’Equinoxe télévision, les propos de ces insignifiants marchands déclamatoires de fausse vertu ne visent qu’un seul objectif : jeter l’opprobre sur « la chaîne de télévision camerounaise la plus regardée depuis bientôt trois ans », selon Médiatude. Et c’est d’ailleurs de bonne guerre. Seulement, à en croire des sources dignes de foi, cette affaire est loin d’avoir livré tous ses non-dits. Mais où est passé le Conseil national de la Communication ? Son silence parle a commencé à parler. Humm !