Album- HOA QUEEN - Hoa Queen
par NoPoRecord Label: Beast Records
Aurélie de Chalvron - vocals
Aude le Moigne - vocals, banjo, pedal-steel, guitars
Xavier Soulabail - bass, vocals
Joachim Blanchet - drums, keyboards
HOA QUEEN pousse, sans engrais, porté par une solide réputation dès ses 1ers concerts fin 2017/ début 2018.
Aucun point commun avec le groupe sans la 1ère syllabe qui fait toute la différence car 'HOA' ne couine pas, comme les incroyables britons, tout au contraire, sa musique se la coule douce mais avec un côté vicieusement torturé.
Les musiciens ne se doutent certainement pas que leur destin va suivre celui de cette fleur vietnamienne à la floraison éphémère.
Bien trop court pour un début de carrière si alléchant et une dream team de cet acabit.
Eric CERVERA, le cerveau (la tête bien sur les épaules contrairement à David Niven dans le film du même nom) détonateur, guitariste émérite et producteur, lance l'affaire sur des bases trip-hop, avec Aurélie de Chalvron, chanteuse immersive.
Il possède son studio à Lanmeur où de très nombreux groupes fignolent et mettent en boîte leurs enregistrements (Bikini Machine, Buck, Brieg Guerveno, Moundrag, Dominic Sonic, Marquis de Sade, MHA, La Battue, Pat O' May, Skopitone Sisko, THM, The Fabulist, Ukan, Wicked, liste riche et longue!).
Le musicien ingé-son jouit donc d'une sacrée notoriété et d'un carnet d'adresses bien rempli, ayant joué, de plus, avec de nombreux groupes (notamment 'CAID','Ultra Bullitt' et 'Brieg Guerveno'), et écrit beaucoup de musiques de films ou de publicités.
Tous deux font ensuite appel à Aude Le Moigne au CV éclectique et long comme le bras (Patricia Kaas! 'Raggalendo' les inoubliables belles et déglinguées rock electro hip pop du Trégor, les hardos musclés de 'Stallone', 'Talkie Walkie' le bluegrass avec Colin son frère et le métal 'Captain America Is Dead' avec ... Eric Cervera)
Vient les rejoindre la colonne vertébrale de la mouture folk métal (avant 2019) de Brieg Guerveno : Xavier Soulabail à la basse (Camadule Gredin, Buck, Broken Waltz) et Joachim Blanchet (Camadule Gredin, FauxX).
L'incontournable découvreur de talents 'Beast Records' sort l'album en 2018.
La sobre et discrète pochette intrigue. Sur un fond immaculé, seule la fleur, couleur rouge sang striée de blanc, scarifiée, donne une indication.
Aucun titre aucun nom! Sophie DEGANO (femme d'ERIC), signe cette jolie gravure, on reste en famille, sentiment étendu à l'ensemble de la troupe!
La track list ressemble à une liste de 8 petites amies... mais je ne suis pas certain de vouloir les rencontrer! Le propos respire la littérature et le cinéma.
J'avoue que l'accroche ne s'est pas faite à ma première écoute mais l'œuvre opère comme par hypnose, vénéneuse et addictive.
'Marjorie' ouvre le bal sur quelques cordes caressées tout comme la voix qui caresse langoureusement autant que sulfureusement.
L'héroïne, speed queen condamnée à mort, se confesse et ce n'est pas une princesse!
Un banjo pour 'Willow' ferait un bon titre de western poussiéreux. Le vibrato de la guitare fait écho et derrière, se cache un clavier au son de flûte, comme un souffle de fantôme. L'esprit d'une femme survole la vie d'après de son ex.
Le rythme bancal renvoie un sentiment douloureux, exacerbé par la voix bouleversante d'Aurélie d'autant plus puissante sur ce qui pourrait faire office de refrain 'How how doest it feel to be a liar'
'Betty' commence sur une guitare cristalline et on devine un déhanché sensuel d'Aurélie pendant qu'un banjo fait croire à la sérénité. Fausse route encore une fois, le chemin n'avance pas tout droit. Un groupe d'enfants venge une petite fille des méfaits d'un prêtre criminel.
La basse sonne comme une contrebasse et la batterie titube pendant que le clavier trace la voix en 'twist and shout'... Tordu le maître mot, monte le ton et la tension insoutenable en bout de course.
'Aileen' n'y va pas par 4 chemins avec sa basse menaçante qui introduit une comptine inquiétante chantée par une voix doublée, quasi-enfantine, comme dans un film d'épouvante.
Il faut préciser qu'Aileen est une prostituée, prédatrice et tueuse à ses heures perdues.
Le morceau terriblement rock s'emballe ensuite par une steel-guitare agressive et déchirée ainsi qu'une batterie déchaînée puis fait un retour à la comptine avant de finir en rock sévèrement burnout.
'June', autant une période qu'un prénom, symbolise la maternité. Un banjo torturé met tout de suite mal à l'aise (faites comme chez vous!) pour un enterrement au rythme macabre d'une grosse cloche.
Alors qu'un instant permet de respirer 'I want to breathe the air you breathe', ce n'est jamais serein ni pour longtemps. A la 2è respiration 'whispering a lullaby', une guitare part en tourbillon avec l'orgue et des vocalises de folie.
Le banjo accompagne enfin 'Sweet lovely child born to be wild' et arrache le cœur dans un dernier adieu au son d'un orgue strident arrêté brutalement.
A l'inverse, dans 'Norma Jean', on ressent presque la légèreté du coup de vent(ilateur) des '7 ans de réflexion' et le frou-frou de la jupe soulevée. La guitare tinte et teinte joliment l'intro puis entraîne une espèce de valse marquée en plein chœurs angéliques.
Un parfum de fausse naïveté traverse le morceau car, on le sait, cette vie ne se termine pas en happy end.
Elizabeth ou 'Lizzie' (Dizzy Miss) commence par une guitare dure presque dissonante pour une mélodie déjantée. 'Let me tell about my story' raconte l'histoire de cette femme qui voulait être une star, surnommée le Dahlia noir, encore une fleur au destin tragique.
La batterie tribale sonne lourdement enveloppée par un orgue brûlant. Un déséquilibré séduit, par des mensonges, la belle qui suit le mauvais chemin et se fait tuer sauvagement 'He wrapped his hands around my neck until it hurts until it hurts'.
En fin de morceau (elle finit en 2!) au milieu de cris puis de la voix intense, le solo de guitare s'emporte en balafres dont la dernière reste une épitaphe.
La senorita s'appelle 'LUCIA', une lumière froide et glauque venant plutôt de LUCIFER. Dans le rythme lent d'un tambourin, un banjo entonne une mélopée désespérée au parfum hispanique.
Une guitare gratte tristement, par instants, avant l'arrivée de chœurs mélangés à un accordéon discret et poignant. Encore la confession d'une vie brisée et sans amour, celle d'une prostituée...
Des mots fleuris pour HOA Queen, la fleur du mal. Une reine de la nuit pense des maux profonds parfois avec une légèreté confondante mais en même temps si dérangeante.
Comme toutes ses histoires violentes, celle du groupe s'arrête d'un coup. Un one shot d'œuvre! C'est pas du jeu, il y avait d'autres titres sur scène!
Mesdames et messieurs les musiciens, sans abandonner vos projets en cours (ERIC trip-hop dans Run with the Wolves, FauxX et Broken Waltz sont en activité), gardez vos bagues à tête de mort mais please, ressuscitez Hoa Queen!