La mort viendra sans se presser,
Ou elle descendra en piqué.
En une demi-seconde,
Elle aura fait le tour du monde
Et freinera des quatre fers
Pour te mettre la tête à l’envers.
Elle aura la couleur
De toutes tes couleurs.
Elle aura tous tes parfums,
Tous tes réveils-matins.
Glissée dans ton lait froid,
Elle se mélangera
Au café de ton petit déjeuner,
À ta première cigarette,
À la bave de ton omelette,
Au sucre glace accroché
À l’envers de ta tarte tatin.
Près de toi qui dors,
Elle ne respire pas.
Elle n’a pas d’odeur,
Elle n’a pas de chaleur,
Elle n’est pas là.
Elle n’existe pas.
Tu te retournes,
Plongé dans les grands fonds
De tes nuits immobiles
Peuplées de rêves tranquilles.
Les étoiles s’éteignent.
Tu dors.
L’aube arrive que tu ne vois pas .
Le soleil se lève sans toi.
La vie fuit par une fente obscure
Pendant que, les yeux grands ouverts,
Tu dors,
Dans le creux de la main de la mort.