Après la publication des premiers résultats des essais cliniques de Pfizer, les autorités russes ont affirmé, mercredi, que leur vaccin Spoutnik V contre la maladie possède une efficacité de 92 %, soit 2 % de plus que l’antidote américain.
Dans la course mondiale au vaccin contre le Covid-19, la Russie compte bien arriver en tête. Quelques jours après l’annonce du développement par l’américain Pfizer et l’allemand BioNTech d’un produit d’une efficacité à 90 %, le créateur d’un vaccin russe a assuré, mercredi 11 novembre, que celui-ci était efficace à 92 %. Comme ses concurrents, c’est dans un communiqué que le Fonds souverain russe (Rdif) et l’institut de recherche Gamaleïa ont vanté l’efficacité du vaccin Spoutnik V, actuellement en phase 3 d’essais cliniques randomisés en double aveugle, une démarche expérimentale utilisée dans plusieurs disciplines, auprès de 40 000 volontaires. « L’analyse statistique de 20 cas confirmés de nouveau coronavirus, cas répartis entre personnes vaccinées et celles ayant reçu le placebo, indique un taux d’efficacité de 92 % pour le vaccin Spoutnik V après une second dose », selon ce document. L’enjeu est aussi un enjeu d’image. La puissance qui pourra mettre sur le marché un vaccin sera perçue comme étant un protecteur de l’humanité.
Pfizer annonce que son candidat-vaccin est «efficace à 90%»
Bien qu’il soit resté prudent, le président élu des États-Unis Joe Biden a déjà parlé de signe d’« espoir » après l’annonce par les laboratoires Pfizer (États-Unis) et BioNTech (Allemagne) d’un vaccin « efficace à 90% » contre le Covid-19, selon l’essai à grande échelle de phase 3 en cours, dernière étape avant une demande d’homologation. La protection des patients a été obtenue sept jours après l’injection de la deuxième dose du vaccin et 28 jours après la première, selon les résultats préliminaires. « Plus de huit mois après le début de la pire pandémie en plus d’un siècle, nous pensons que cette étape représente un pas en avant significatif pour le monde dans notre bataille contre le Covid-19 », a déclaré le président-directeur général de Pfizer, Albert Bourla, dans un communiqué. « Le premier ensemble de résultats de notre essai de vaccin Covid-19 de phase 3 fournit la preuve initiale de la capacité de notre vaccin à prévenir le Covid-19 », ajoute-t-il.
Rivalité historique
La compétition géopolitique sur les vaccins du covid porte, également, le sceau d’une logique de guerre froide, profondément enracinée, résistant encore et toujours à l’épreuve du temps, fruit d’une rivalité historique scindant le monde en blocs distincts. Les alliés occidentaux sont ouverts à un certain niveau de coopération entre eux (accords conclus entre l’Union européenne (Ue), les Etats-Unis et le Royaume-Uni), afin de s’arroger des droits prioritaires auprès des divers laboratoires pharmaceutiques occidentaux investis dans cette course. Le réel antagonisme géopolitique les oppose plutôt à la Chine et à la Russie, dont le succès est perçu comme une menace existentielle à la domination hégémonique du monde occidental, au vu des gains économiques et diplomatiques intrinsèquement liés à la découverte d’un vaccin. En plus du front scientifique et pharmaceutique, un autre front se dessine: le cyberespace.
Plusieurs pays occidentaux, dont les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni accusent également la Russie et la Chine d’avoir essayé de subtiliser des données concernant la recherche. Cette vive concurrence explique, en partie, l’accueil mitigé réservé à l’annonce de la Russie, affirmant avoir développé le premier vaccin. Dénommé « Spoutnik V », en hommage au premier satellite artificiel mis sur orbite en 1957 par l’Urss. Ce vaccin a rapidement été remis en cause par plusieurs experts occidentaux. Cette hostilité résulte, certes, de réelles préoccupations scientifiques,
notamment par rapport à la non-complétion de la Phase III de l’essai clinique, pourtant cruciale à l’homologation d’un vaccin, mais également de rivalités géopolitiques ancrées. De ce fait, près de 20 autres pays, généralement alliés à la Russie, se sont empressés de commander des doses conséquentes, le président philippin Duterte se portant même volontaire pour se faire personnellement inoculer, avant de se rétracter, quelques jours plus tard. La commande a été maintenue. L’Oms exhorte la Russie à s’assurer du bon respect des procédés rigoureux requis, tout en soulignant l’importance d’une initiative multilatérale visant à garantir un accès général et sans discrimination aucune à tout vaccin développé.