La polémique créée par l’inoculation du vaccin contre le col du l’utérus aux jeunes filles du Cameroun a fait reculer le gouvernement.
Dans une note adressée aux délégués régionaux, la ministre des Enseignements secondaires, Pauline Nalova Lyonga Egbe indique que l’administration du vaccin n’est pas obligatoire. « Faisant suite aux très hautes prescriptions du chef de l’Etat relativement à l’administration du vaccin contre le cancer du col de l’utérus administré aux jeunes filles âgées de 9 à 15 ans, j’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir informer les chefs d’établissements de votre territoire de compétence, que ledit vaccin revêt d’un caractère non obligatoire et de ce fait ne saurait être une condition pour l’admission des jeunes filles dans les établissements scolaires. J’attache un grand prix à la stricte application de cette instruction », indique la note de la ministre des Enseignements secondaires, Pauline Nalova Lyonga Egbe, du mardi, 10 novembre 2020. Cette volteface du gouvernement intervient après que le Président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (Cenc) Abraham Kome, a exigé une profonde réflexion aussi bien scientifique, qu’éthique avant son autorisation dans les formations sanitaires dans les Eglises catholiques. Avant lui, le père Luc Onambélé, vicaire général du diocèse d’Obala, département de la Lékié, région du Centre, par ailleurs docteur en médecine et spécialiste en santé publique s’est opposé à ce vaccin, ainsi que l’évêque du diocèse de Nkongsamba, Mgr Dieudonné Espoir Atangana.
Arguments avancés
Pour justifier ce rejet du Gardasil, le vicaire général d’Obala avance plusieurs raisons. Selon lui, le vaccin disponible contre le Vph ou Papillomavirus humain, le virus responsable du cancer du col de l’utérus « est uniquement efficace contre les lésions pré cancérigènes de types 16 et 18 du Vph et non des 15 autres environ ». Autrement dit, le vaccin utilisé au Cameroun contre le cancer du col de l’utérus serait efficace contre deux types de Papillomavirus (16 et 18) sur les 15 existants. Ce qui fait dire au prêtre-médecin que « Ce n’est pas un vaccin contre le cancer du col de l’utérus, mais plutôt contre le Vph de type 16 et 18 ou alors contre les lésions pré cancérigènes ». Autre argument avancé par le père Onambélé, « presque toutes les infections par Vph se résolvent seules ». « Dans très peu de cas, le virus oncogénique persiste ». Le vicaire général d’Obala précise aussi que « le vaccin ne change pas le développement de l’infection chez les femmes déjà malades » et que « c’est pourquoi on l’administre aux filles de 9 à 13 ans». « Pourtant, ajoute-t-il, les jeunes filles de cette tranche d’âge ont été moins représentées dans les essais cliniques qui ont été menés jusqu’à présent ».
Un vaccin controversé
Dans une lettre signée le 5 novembre 2020, l’évêque du diocèse de Nkongsamba (Littoral) s’oppose au vaccin contre le cancer du col de l’utérus. « Je viens par la présente, de façon formelle, vous demander de vous garder de soumettre nos enfants à ce vaccin en attendant que les évêques du Cameroun puissent donner leur accord de façon claire et officielle », ordonne Mgr Dieudonné Espoir Atangana. Le prélat indique « par conséquent, aucune équipe médicale pour la cause ne doit être admise dans nos structures diocésaines (écoles, collèges, formations sanitaires, églises…) jusqu’à nouvel avis. Je recommande vivement aux parents le refus de ce vaccin pour leurs enfants, mais de préférence les dépistages et la soumission au traitement en cas de nécessité».
En France, 2013, plusieurs plaintes ont été déposées par des jeunes femmes qui estiment avoir contracté des maladies invalidantes quelques semaines ou quelques mois après avoir reçu ce vaccin. Par ailleurs, le dernier rapport de pharmacovigilance sur le Gardasil qui a couvert la période du 21 septembre 2015 au 30 juin 2018 dénombre 332 effets indésirables graves. Parmi ces effets indésirables, 18% concernent les affections du système nerveux. En outre, 49 cas de maladies auto-immunes ont été identifiés. Au total, depuis 2006, année de commercialisation du Gardasil et jusqu’au 30 juin 2018, 2 809 cas d’effets indésirables ont été notifiés, dont 742 cas graves (26,4%) en France.