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Cameroun: Un berger Bororo poignardé à mort par un agriculteur

Publié le 12 novembre 2020 par Tonton @supprimez

Interdits d’achat de terres pour nourrir leur bétail, faibles devant la loi qui tranche les conflits agropastoraux, considérés comme des sous-hommes, les éleveurs bororos sont marginalisés et payent parfois cela au prix de leur vie.

Le village Nyamboya situé dans le département du Mayo-Banyo, dans la région de l’Adamaoua est en ce moment le refuge de plusieurs bergers bororos. Ils ont fui le village Lingam situé à plus de 50 km de là, après le décès de l’un de leur frère abattu d’un coup de poignard par un agriculteur. Le chef de Nyamboya, par mesure de sécurité, aurait trouvé un lieu pour permettre aux pasteurs de garder leurs bêtes, en attendant la fin de l’enquête ouverte par l’unité de gendarmerie. Selon des sources locales, tout serait parti d’un conflit agropastoral qui oppose les éleveurs bororos aux agriculteurs dans le village de Lingam, où le pâturage est favorable à l’activité des bergers.

L’une des bêtes de Haminou Issa, le berger bororo, serait entré dans le champ de maïs d’un agriculteur, habitant du village, et aurait provoqué d’énormes dégâts. Au lieu de s’en remettre à la loi en portant plainte pour demander réparation, l’agriculteur s’est fait lui-même justice : il a assené plusieurs coups de poignard au berger qui est mort sur le coup. Le cultivateur continue de vaquer à ses occupations normalement et à être protégé par les siens, malgré l’enquête ouverte à la brigade de gendarmerie de Bankim. Le commandant de brigade n’a pas souhaité s‘exprimer sur
le sujet. Les Bororos, quant à eux, ont été sommés par les habitants de Lingam de quitter les terres du village avec tous leurs bœufs. Ils sont allés se réfugier à Nyamboya, sans aucune assistance.

La loi est dure pour les Bororos

Minoritaires, marginalisés, considérés comme des sans-abris : le quotidien des Bororos est un véritable calvaire dans le département du Mayo-Banyo. A Lingam où ils avaient trouvé refuge depuis de nombreuses années, les règles imposées n’ont jamais été favorables à leur épanouissement. Par exemple, il est interdit de vendre des terres aux ressortissants bororos. « Ce sont des nomades partis du Tchad et du Nigeria, tout ce que nous pouvons faire, c’est de leur trouver un peu d’espace pour leurs bœufs, pas plus », tranche un habitant du village. A Nyamboya où le chef du village a trouvé des logements à plusieurs éleveurs, beaucoup d’habitants demandent que tous les Bororos soient expulsés. « La haine contre les Bororos ne date pas d’aujourd’hui, j’ai été maire de la commune de Bankim pendant plus de 15 ans. A chaque fois j’ai toujours été interpellé par les Mambilla, les Yamba, les Kwandja et autres groupes ethniques qui me demandaient d’expulser les habitants bororos. Par humanisme j’ai toujours essayé de trouver une solution pour laisser vivre ces bergers dans les coins reculés. C’est le seul refuge qu’ils pouvaient avoir », explique Njowe Philipe, le maire.


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