Les tirailleurs sénégalais ayant dormi du sommeil du juste ont ouvert leurs yeux vides comme un seul homme. Et tous de tendre leurs bras pour gratter la terre de leurs doigts centenaires avant de quitter la fosse et de marcher vers la ville nouvelle. Avançant sur les routes d’un pas lent et martial, un regard amer dans leurs orbites décharnées, leurs têtes de morts rebondissant en claquant sur leurs colonnes vertébrales désossées, semant dans leur sillage des gouttes d’eau croupie, des asticots multicolores et des poussières de sang.