Depuis le début de la crise sanitaire, les personnels de l’éducation font fonctionner l’école envers et contre tout, malgré le manque de moyen, les injonctions contradictoires et le mépris de leur ministre. Si le service public d’éducation nationale tient encore debout, c’est grâce à elles et eux.
Nous mesurons à quel point la situation à laquelle ils sont confrontés est grave. Pour que celles et ceux qui ont continué à travailler malgré la pandémie, malgré la fermeture des établissements, malgré l’absence complète d’organisation et les discours insultants de leur ministre, décident aujourd’hui de cesser le travail, c’est qu’il y a urgence. Une urgence vitale.
Cette rentrée scolaire aurait dû être marquée par une réponse forte de l’ensemble de la communauté éducative à l’ignoble attentat islamiste qui a coûté la vie à Samuel Paty. Cela aurait dû être le moment de replacer l’école au cœur de la République, de la défense de la laïcité, de la liberté d’expression et des défis qui fragmentent la société française. Le ministre de l’Éducation nationale a privé les équipes enseignantes du temps nécessaire pour préparer cette rentrée, témoignant une fois de plus de son mépris, de sa négligence, de son irresponsabilité. Les grands discours sur la laïcité et la République masquent mal la triste réalité : le ministre ne défend pas l’école de la République, préférant encourager le recours au privé ; l’institution ne défend pas les valeurs de la laïcité et de la liberté d’expression, préférant « ne pas faire de vague ».
Cette rentrée aurait dû être une rentrée hors norme avec le retour d’une vague épidémique et le choix de maintenir les établissements scolaires ouverts. Or le protocole sanitaire s’avère soit inapplicable soit très en dessous de ce qu’il faudrait mettre en place pour garantir la sécurité sanitaire des élèves, de leurs familles et de la communauté éducative tout en permettant la poursuite des apprentissages.
Aujourd’hui, nous sommes aux côtés des personnels de l’éducation pour dénoncer ce chaos organisé.
Ce qui peut apparaitre comme de l’impréparation est en fait une conception très verticale et descendante des processus de décisions sans aucune prise en compte de la réalité et des besoins. Depuis huit mois, l’urgence sanitaire sert de prétexte pour détruire les métiers de l’éducation, accélérer la transformation de l’école, culpabiliser les familles, les enseignants et les personnels. La question du décrochage scolaire et de son aggravation durant le premier confinement est éludée.
Nous sommes aux côtés des personnels de l’éducation pour défendre une réponse nationale à la crise sanitaire et éducative, garantissant de bonnes conditions d’apprentissage pour toutes et tous.
Dès le mois d’avril, le PCF a proposé un plan d’urgence pour l’éducation qui prévoyait la prolongation dans la durée de l’épidémie et développait des propositions pour garantir le maintien et le développement d’une école qui réponde aux besoins des élèves et notamment ceux qui n’ont que l’école pour apprendre. Ce plan d’urgence démontre chaque jour sa pertinence. Depuis, rien ou presque n’a été fait. Il est grand temps d’obliger le gouvernement à agir. Les premières mobilisations ont payé et le ministre a amorcé un recul sur la question des lycées. Ce n’est pas suffisant.
Les personnels de l’éducation élaborent en ce moment des protocoles pour maintenir les établissements ouverts. Mais on manque de tout, d’agents, de produits, de temps, on manque de remplaçants. Comment palier l’absence d’enseignants et de personnels malades ou cas contacts sans remplaçants ? Comment détecter, isoler, traiter personnels et élèves sans médecine scolaire digne de ce nom ? La solution d’une alternance entre enseignement à distance et en présence peut pallier l’urgence, mais elle ne peut pas s’inscrire dans la durée.
L’éducation est un service public national : un protocole sanitaire national doit donc être mis en place, qui donne des pistes d’action claires à l’ensemble des établissements. La question de l’aération des locaux et de l’équipement en capteurs de CO2 doit figurer dans ce protocole.
Nous devons travailler à une réduction durable des effectifs, à tous les niveaux. Cela nécessite certes des moyens conséquents en terme de personnels et de locaux, mais cela permettrait d’une part d’améliorer la sécurité sanitaire dans les établissements, et d’autre part d’engager une véritable lutte contre la difficulté scolaire et le décrochage qui se sont accrus depuis le printemps.
Il est encore possible de recruter, pour pouvoir remplacer les personnels malades ou cas contact, pour reconstruire une médecine scolaire, pour augmenter le nombre d’enseignant-e-s et réduire les effectifs en classe. Dès maintenant, on peut faire appel aux admissibles des derniers concours. Là où un vivier de candidat-e-s existe, des concours spéciaux doivent être ouverts sans tarder. Les contractuels doivent être titularisés. Le statut de MISE doit être réactivé pour recruter des étudiants capables d’encadrer le travail personnel des élèves. Ces mesures d’urgence doivent s’intégrer dans un plan pluri-annuel de recrutements et de revalorisation des salaires. Ce sont des dizaines de milliers d’emplois dont il y aurait besoin à un moment où le chômage explose et ou 700 000 jeunes rentrent sur le marché du travail.
Il est encore possible de trouver des locaux pour limiter le brassage des élèves, garantir que chaque classe dispose d’une salle et permettre la réduction des effectifs. Des locaux laissés inutilisés par le confinement peuvent être mis aux normes pour accueillir les élèves. Des préfabriqués peuvent être installés dans les cours des établissements. Cela implique une forte mobilisation des collectivités locales, souvent exsangues. L’État doit prendre ses responsabilités et mettre en place un plan national d’aide aux collectivités locales pour aider les communes, les départements et les régions à mettre de nouveaux locaux à disposition de l’éducation nationale.
Comme dans d’autres domaines, le gouvernement utilise la crise pour imposer et accélérer la casse du service public d’éducation. Il est désormais évident que cette politique n’est pas faite pour répondre à l’urgence actuelle et aux défis futurs. Le défi, l’enjeu de société de l’élévation du niveau de connaissance de toute une classe d’âge, de l’enseignement d’une culture commune de haut niveau dans une école émancipatrice qui réponde aux besoins de tous les élèves appellent des réponses neuves qui rompent avec les logiques à l’œuvre depuis de nombreuses années. C’est le sens de la proposition faite par le PCF d’organiser des État généraux de l’éducation avec l’ensemble des forces sociales et de progrès, de la communauté éducative.