Et si l’assurance sécuritaire trompeuse du Minat avait poussé le Fon de Nso dans la gueule des loups qui ont enlevé le chef traditionnel afin de démontrer au régime en place qu’ils continuent de contrôler le terrain !
C’est à bord d’un hélicoptère expertement gardé par l’armée que le Fon Sehm Mbinglo II de Nso (Kumbo) avait quitté, il y a environ deux ans, sa chefferie. C’était au fort de la crise socio-politique dans les régions anglophones. Ce départ non programmé du roi de Nso était la conséquence des menaces et autres tentatives de kidnapping dont il était victime de la part des séparatistes de la république virtuelle d’ambazonie. Fon Sehm Mbinglo II, s’exilait ainsi à Yaoundé afin de se mettre à l’abri de ces menaces. Deux ans environ au cours desquelles il régnait à distance sur le trône de Nso. Il n’était pas le seul dans cette situation. 90% de chefs traditionnels du Nord-ouest se sont exilés, qui à Douala ou à Yaoundé etc afin d’éviter la persécution des séparatistes. Du coup leur village respectif était devenu un « No Man’s Land » où régnait la terreur et toutes sortes de pratiques les plus indignes et horribles. Ces villages étaient également devenus et sont toujours pour certains, des champs d’affrontements entre les séparatistes et les forces de défense et de sécurité.
Alors que le pouvoir en place envisage la convocation du corps électoral pour les élections régionales, le ministre de l’Administration territoriale, Paul AtangaNji, a convié à plusieurs reprises ces gardiens de la tradition en exil dans ses services à Yaoundé.
Objectif, convaincre ces derniers de regagner leur chefferie respective. Au cours de ces différentes assises, le Minat leur a rassuré que les forces de défense et de sécurité ont nettoyé Les écuries d’Augias. Traduction, ils n’avaient plus rien à craindre car les séparatistes ont été neutralisés et que toutes les conditions sécuritaire étaient réunies pour leur retour sur leur trône dans leur village respectif.
Destination inconnue
Fort de cette parole donnée du Minat, notamment l’assurance sécuritaire, le Fon de Nso a projeté son retour au terroir. Les grands notables de la chefferie de Nso ont quelques semaines auparavant effectué des rites de purification du village, en prélude au retour de leur roi. Motivé par cette soi-disant assurance sécuritaire du Minat, Fon Sehm Mbinglo s’est mis en route jeudi dernier 5 novembre 2020, afin de rallier ce village qui lui manquait. Il s’est fait accompagner d’une forte délégation parmi laquelle le Cardinal Christian Tumi, fils Nso. C’était sans compter que les séparatistes avaient plus d’un tour dans leurs sacs. Tout porte à croire que, conscient du fait que les rites effectués par les grands notables à Nso pourraient leur être préjudiciable : malédiction oblige, les séparatistes ont attendu le Fon et sa délégation à Baba I dans l’arrondissement de Babessi, département du Ngoketunjia. C’est ici qu’ils ont happé le Fon Sehm Mbinglo et toute sa délégation avant de les conduire dans une destination inconnue. Si le prélat et son chauffeur ont été libérés le lendemain vendredi 6 novembre au environ de 11h, le Fon et les autres membres de sa délégation sont restés en captivité chez leurs ravisseurs.
Les raisons de ce rapt et maintien du Fon en captivité, les ravisseurs l’ont spécifié au cours de l’interrogatoire du chef traditionnel de premier degré. Ils reprochent à ce dernier d’être candidat aux élections régionales du 6 décembre prochain. Or les séparatistes sont hostiles à l’organisation d’un tel scrutin dans le Nord-ouest et le Sud-ouest considérés selon eux comme leur territoire. Au cours de l’interrogatoire, dont la vidéo fait le tour des réseaux sociaux, Fon Sehm Mbinglo s’est dit favorable à « un seul Cameroun », même s’il a laissé entendre qu’il a seulement appris que son nom est sur la liste de candidature aux élections régionales. Si son nom est sur la liste a-t-il précisé, c’est parce qu’il est chef traditionnel.
Retrait de l’Armée
Quant à l’entretien avec le prélat, les séparatistes ont laissé entendre qu’ils voulaient passer à travers le Cardinal, un message en direction du
président de la République Paul Biya. Ce message se résume en l’élargissement de toutes les personnes incarcérées dans le cadre de la crise
anglophone, en commençant par Sissiku Julius Ayuk Tabe. La cessation de toute activité du régime de Yaoundé dans « territoire de l’ambazonie » en
commençant par le retrait de l’armée et le retour à la table de négociations pour mettre fin à la guerre. Ils restent dans la logique de l’autonomie de « leur territoire ». L’archevêque émérite de Douala leur a dit qu’en tant que pasteur, « je milite pour la paix. Je suis pour la vérité, je dirais toujours la vérité quelques soient les conséquences ». A suivre !