Il est 10 heures du soir et je suis pris dans un immense embouteillage sur l'échangeur Turcot. Une semaine à l'écart de la route. Suffisant pour perdre le fil des travaux et en retrouver des nouveaux. Y' a tellement de chantiers routiers que c'est difficile d'en tenir le compte. C'est ce que j'essaie d'expliquer à ma cliente qui lâche de grands soupirs d'exaspération.
Je roule derrière un immense camion et je tente de changer de voie pour changer de vue. Pendant ce temps, ma passagère change de voix et parle de ses déboires dans son téléphone. It's totally obscene! Dit-elle pour qualifier le trafic. Elle n'a encore rien vu! Un peu plus loin, ça réduit encore d'une voie et comme si ce n'était pas assez, l'accès à l'autoroute Décarie est barrée. J'entends alors un obscène : Dammit !
Bien qu'elle m'ait proposé l'itinéraire au départ, je sens bien dans ses intonations impatientes que c'est de ma faute si nous tournons en rond. Habitué de ces présomptions malsaines, je n’en fais pas trop de cas et la laisse soupirer. Tant qu'à moi, elle peut bien hyperventiler voire s'étouffer, ça ne changera rien au fait que je dois me taper ce bouchon et ce détour de toute façon.
Une demie-heure plus tard, on arrive enfin à destination. Ma cliente frôle l'apoplexie. Elle a du raté son téléroman préféré ou quelque chose du genre. Je suis un peu gêné par le montant affiché au compteur, mais de son sac elle sort un coupon taxi. Ce n'est même pas elle qui paye. N'empêche qu'elle n'ajoutera pas un seul sou de plus au prix de la course. Soupirs...