leia, l'immortelle
quelle semaine débile
n'est-ce pas
et dire que je n'ai aucune belle histoire
à vous raconter aujourd'hui
on n'a pas toujours des belles histoires
je ne suis certainement pas à plaindre
et je suis de bonne humeur d'ailleurs
ma boule d'anxiété de mardi
journée de dépouillement des votes américains
première d'une longue série
dont je ne me doutais pas encore
s'est apaisée dès le lendemain matin
alors que je suis allée nager à l'aube
et après quoi franchement
plus rien de bon ou de mauvais
ne pouvait m'arriver
j'avais la chienne mardi
comme si j'attendais la bombe nucléaire
et puis le show de boucane est passé
comme si se jouait le match final
de la coupe stanley
et qu'il y avait des prolongations à l'infini
et même si les canadiens étaient à la barre
j'étais épuisée d'attendre
et j'avais changé de poste
comme a dit ma' cette semaine
soyons patients
les résultats parleront
et avant pendant et après
la vie continue
on a tous eu une fichue année
et je me permets d'en parler
comme si elle était déjà close
parce qu'aucune éclaircie ne semble
se pointer à l'horizon
à part ces quelques jours d'été indien
que les chinois appellent automn tiger
comme un redoux
que l'on prendra telle une rare bénédiction
thank gawd
je suis encore en vie
parmi tous ceux qui ont succombé
alors bon
je ne donne ni bonne ni mauvaise nouvelle
et encore proche mais un peu plus loin de moi
carlito grandit
il est fringant de vie
et j'affirme que le contact avec un être vivant
idéalement un enfant ou un animal
bref une petite chose encore indemne
des calomnies sociales du moment
est une thérapie absolument salutaire
empruntez les chiens les chats
ou les enfants de vos voisins
et observez-les à distance raisonnable
échangez discutez et riez
laissez mijoter votre coeur
jusqu'à ce qu'il suinte des larmes de tendresse
bref abandonnez-vous un peu
relâchez la garde en cachette
à distance raisonnable
je le répète comme les autorités
car nous sommes de grands enfants
qu'il faut raisonner à coups de règles
et de contines
profitez du réchauffement climatique
de ces quelques jours
peu importe ce qui en est la cause
l'esprit et le corps ont encore besoin de chaleur
dans cette période de privation
et même si nous générons des catastrophes à répétition
dont l'effet cumulatif
ne saurait être moindre que l'apocalypse
nous sommes devenus maîtres
dans l'art de créer
nos petits hologrammes du bonheur
we will survive.