Hommage à maman à l'Eglise Saint-vaast de Béthune

Publié le 07 novembre 2020 par Jeanlucromero

Maman,
Je suis si fier de toi.
Avec Christophe, nous étions si fiers de toi.
Un jour, tu nous racontas qu’une amie de sport, que tu affectionnais tout particulièrement et que tu voyais alors beaucoup, refusait que tu parles de nous devant elle. Elle t’avait dit à quel point l’homosexualité l’écœurait et que le couple, que nous formions avec Chris, était illégitime et immoral.Alors que tu aimais beaucoup cette femme, tu as décidé de ne plus la voir. Juste, as-tu concédé de lui dire bonjour lorsque tu la croisais. Nous avons senti que cela te peinait et nous t’avons dit que tu devais continuer à la fréquenter, car c’est ton amie et que cela nous est égal. Le jugement des dames patronnesses ne nous affecte pas. Quelle émotion ce fut, quand tu nous as dit : « Si elle ne peut vous accepter, si elle n’aime pas qui vous êtes, elle ne peut pas m’aimer. Elle ne peut plus faire partie de ma vie. » Je n’oublierai jamais ce moment. Jamais. Nous en parlions souvent avec Christophe qui t’aimait tant et que tu considérais comme ton deuxième fils. Quelle immense preuve d’amour inconditionnel ce fut. Nous ne t’avons jamais dit notre fierté à ce moment-là. Je ne te l’ai pas dit et, aujourd’hui, je regrette de ne pas t’avoir remercié ces derniers mois pour cette immense preuve d’amour.
Mais, je sais que tu savais que je suis fier de toi, que je te suis tant reconnaissant de tout ce que tu as fait pour que je puisse avoir une belle vie et pour choisir ma voie. De tous tes sacrifices pour moi.
Ah, tu avais un sacré caractère. Moi aussi.
On s’est souvent engueulé, mais jamais la vie ne nous a séparé.
Tu ne me voyais jamais assez à ton goût. Tu me disais que tes copines avaient bien plus de chance que toi. Et quand je te questionnais, tu finissais par reconnaître que je n’étais pas le pire des fils. Et, à la fin du confinement, tu m’as tellement remercié d’avoir été là.
J’ai tant de souvenirs avec toi dans ces merveilleux voyages que rappelait Michel au début de la cérémonie. De ta surprise en arrivant à Las Vegas en voyant toutes ces lumières et ces néons multicolores. Tu étais comme une enfant découvrant ses cadeaux de Noël… Ou, dans ces avions, où, parfois, tu abusais du Champagne.
Ah, le Champagne que tu as même réclamé dans tes dernières heures de conscience et que nous t’avons amené avec Jeanne-Marie.
Ces pots avec tes copines. Ah oui, tu as oublié le dernier que tu avais promis à Christiane, ton amie des dernières années, toujours si présente et bienveillante.
La vie ne t’a pas épargné à la fin. Je suis même triste que tu n’aies pu partir très élégante comme tu l’étais toujours. Cette terrible pandémie de Covid a fait que l’on n’a pas pu t’habiller de ces belles tenues dont tu as le secret, ni t’orner de ces foulards que tu aimes tant. On ne t’a même pas enlevé ton alliance toi qui voulait que je la conserve. On n’a même pas eu le droit de te revoir.
Ni moi, ni tes proches, ni tes copines. Salop de Coronavirus.
En même, temps, tout cela n’aurait pas été si important pour toi.
Tu as su jusqu’à la dernière minute que tu étais aimé par moi bien sûr, mais aussi par tant d’autres qui ont toujours été à tes côtés et que je ne veux pas citer par peur d’en oublier, tant ils et elles sont nombreux et nombreuses.
Ta dernière soirée, chez nous, rue reine Astrid, début octobre, restera un moment où nous avons pu nous parler de tout. De l’avenir.
De mon avenir qui te préoccupait tant. Tu m’as dit qu’il fallait que je revive, que je ne pouvais rester dans le deuil, que si j’aimais Christophe et toi-même, je devais croquer la vie à pleines dents.
Et bien, ce matin, dans cette église où je fus enfant de chœur, je te le promets, je vais vivre et profiter pour vous deux à mille à l’heure.
Avec vous dans mon cœur, je serai plus Vivant que jamais.
Maman, je t’ai aimé, je t’aime et je t’aimerai.
L’amour est éternel.