Les taux de fraude et de criminalité économique atteignent une fois de plus des niveaux records : au cours des 24 derniers mois, 53% des entreprises françaises interrogées ont été victimes d’au moins un incident de fraude (contre 47% au niveau mondial). Les pertes subies par les entreprises françaises sur cette période s’élèvent à 1,4 milliard de dollars (contre 42 milliards au niveau mondial). Les experts PwC observent qu’en France, les fraudes les plus courantes sont la cybercriminalité (33%), le détournement d’actifs (29%) et la fraude comptable (29%).
En France, l’étude relève que le fraudeur demeure majoritairement une personne extérieure à l’entreprise (52% contre 39% au niveau mondial), en partie due à l’importance du phénomène de « la délinquance astucieuse », revêtant plus communément les qualificatifs de « fraude au Président » ou de « fraude aux changements de coordonnées bancaires ». Selon Jean-Louis Di Giovanni, Associé au sein du département Litiges et investigations chez PwC France et Maghreb : « Depuis quelques années, on constate l’émergence de nouvelles typologies de fraudes comme la cybercriminalité ou la délinquance astucieuse, et cela se vérifie d’autant plus sur le marché français. En dépit du renforcement des contrôles et des actions de sensibilisation sur le thème de la délinquance astucieuse, les entreprises sont encore trop souvent victimes de cette typologie de fraude et la période actuelle n’a fait qu’exacerber les vulnérabilités des entreprises face à ce risque ! »
Le confinement et la généralisation du travail à distance liés à la crise Covid-19 ont rendu les entreprises plus vulnérables aux risques de fraude, externes dans un premier temps, avec le développement d’actes de délinquance astucieuse gravitant autour de l’achat de masques. Puis, les fraudeurs internes ont également élaboré de nouveaux schémas frauduleux qui, au regard des contrôles dégradés mis en œuvre à distance au cours de cette période, n’ont pas fini de créer des perturbations au sein des entreprises.
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L’étude souligne l’importance de la prévention et met en avant les atouts liés à l’investissement dans des compétences et des technologies adéquates. Les contrôles internes restent à l’heure actuelle le premier moyen d’identification des fraudes (60% au niveau mondial et 62% en France). Près de la moitié des entreprises lutte contre la criminalité économique en déployant des contrôles et en renforçant ceux en place, et, tant au niveau mondial que français, environ 40% des entreprises prévoient une augmentation du budget lié à la lutte contre la fraude lors des 24 prochains mois.
«Notre étude a révélé un lien évident entre les investissements consentis pour prévenir la fraude et la réduction des coûts en cas d'incident. Le fait de bénéficier d’un dispositif de lutte contre la fraude n’est pas, en soi, une assurance tous risques mais on constate que les entreprises disposant d’un programme de prévention dépensent, quand la fraude survient, environ 42% de moins en termes de traitement et 17% de moins en matière de remédiation », explique Jean-Louis Di Giovanni. Par ailleurs, près de 80% des entreprises françaises vont maintenir ou augmenter leur budget technologique dédié à la lutte contre la fraude au cours des 24 prochains mois.
La technologie prend en effet une part prépondérante dans la capacité des entreprises à détecter la fraude. Les experts observent ainsi que 38% des entreprises françaises disposent déjà de technologies reposant sur l’intelligence artificielle pour détecter des cas de fraude et que la même proportion d’entreprises a pour projet de mettre en place de tels dispositifs dans les mois à venir.
«Voir l’intelligence artificielle au cœur des stratégies de lutte contre la fraude des entreprises françaises est logique dans un pays où le développement de cette technologie fait partie des priorités nationales. Il n’en demeure pas moins que l’intelligence artificielle ne sera pertinente que si elle est correctement alimentée par l’intelligence humaine », analyse Jean-Louis Di Giovanni.
La fraude est encore une menace trop sous-estimée par les entreprises. En effet, pour les entreprises françaises ayant subi un incident significatif, seules 39% d'entre elles ont mené une investigation après l’événement (contre 56% au niveau mondial) et seulement un tiers d’entre-elles a remonté cette information au conseil d'administration. Pourtant, au niveau mondial, 71% des entreprises ayant mis en œuvre une investigation ont déclaré être mieux armées pour lutter contre la fraude, les travaux d’investigation leur ayant permis de comprendre les causes de l’incident et de renforcer en conséquence leurs procédures et leur dispositif anti-fraude.