La petite dernière, de Fatima Daas (éd. notabilia)

Publié le 06 novembre 2020 par Onarretetout

Fatima Daas est un personnage de fiction. Son écriture est faite de phrases simples, qui se succèdent, qui reviennent, qui cherchent à exposer ce que la parole prononcée peine à exposer. C’est d’abord un prénom, un prénom chargé de symboles, auxquels il faut adhérer. Et c’est un nom, qui ne trouvera sa place dans le récit qu’après avoir parlé de sa mère en son Royaume, la cuisine, le nom de son père. Elle aime Dieu, trois fois sa mère et enfin son père. Ce roman nous met à l’écoute de l’intime, de ce qui n’a pas de mot, parce que, peut-être, c’est péché. Fatima Daas est entre deux identités toujours, née en France, donc française, d’origine algérienne, enfant non désiré, fille quand ses parents attendaient un garçon après deux filles (son père l’appellera « wlidi », « mon petit fils »), musulmane pratiquante et lesbienne (c’est péché), banlieusarde étudiant à Paris. L’autrice ne revendique rien, sinon d’être acceptée comme elle est. Elle accompagne son texte de trois citations, signées Sigmund Freud, Annie Ernaux, Marguerite Duras. Son écriture la fait exister à nos yeux, mazoziya, la petite dernière de la fratrie mais aussi dans cette famille littéraire. Les derniers mots du livre sont de sa mère : « benti. Ma fille. »