Les évènements qui se déroulent entre le 4 et le 6 novembre 1982 sont connus des moins de 40 ans par supports interposés.
C’est l’histoire de trois jour, dixit les témoins de l’époque, «qui ont changé le cours de l’histoire du Cameroun». Le 4 novembre 1982, Ahmadou Ahidjo, le premier président de la République du Cameroun rentré la veille annonce à ses compatriotes sa décision de quitter le pouvoir après 23 ans à la tête du jeune Etat indépendant. Dans la classe politique de l’époque, les tractations vont bon train pour dissuader le «Père de la nation».Loin des regards de la masse, les apparatchiks du régime veulent d’abord se rassurer de la véracité de la sentence prononcée par ce président réputé imprévisible et jaloux de son fauteuil.
Surtout chacun dans la machine politique de l’Union nationale camerounaise (Unc, parti unique) voit son heure arrivée. Contre toute attente le président confie les rênes de la nation à un jeune fraichement émoulu des universités parisienne : Paul Biya. Un «no name » comme l’on dirait dans une expression usitée aujourd’hui. Le jeune haut fonctionnaire n’a pas de faits d’arme dans la sphère politique. On lui reconnait néanmoins sa probité et son ardeur au travail. Le 6 novembre 1982, l’homme entame la nouvelle ère du Cameroun.
Un temps que l’homme place sous le signe de la rigueur et la moralisation. Le peuple assoiffé de liberté applaudit à tout rompre. Le 4 avril 1984, une tentative de putsch vient rompre l’idylle entre l’homme à qui ses partisans l’affublaient du «Chaud gars» et le peuple. La distance qui se créée montre le président sous un nouveau jour. Un homme froid. Pour ses adversaires «un impassible». Un brin «cynique et sans empathie» pour certains.
Son prédécesseur ne manquera d’ajouter «Traître» à la litanie des qualificatifs affublés au fils du catéchiste de Mvomeka. Bref, l’histoire est écrite par chacun selon son ressenti. Une histoire dont les faits et méfaits s’impriment depuis 38 ans.
Lorsque nous marquons une pause dans ce déroulé, notre objectif est d’interroger certaines postures et attitudes de l’homme Biya dans l’exercice de son magistère depuis une quarantaine d’années. Qu’a fait Paul Biya de ses 38 ans de pouvoir ? A chacun son opinion.