Le pouvoir promulgue des lois liberticides pour mieux museler la presse ainsi que les chaînes de radios et télévisions.
Pour qui découvre le Cameroun, la floraison des médias ne manque pas de faire impression. Le pays compte en effet près de 600 journaux et environ
200 chaînes de radio et télévisions. De quoi laisser croire que la liberté d’expression est une donnée réelle dans le pays. Il faut vivre la réalité de près pour comprendre les contours de ce raz de marée médiatique pour se faire une idée claire de cet environnement. Un espace caractérisé par le
déni et l’étouffement du droit à l’information. Passée l’euphorie vécue lors de l’avènement des lois relatives aux libertés publiques et celles de la
presse, au cours de l’année 1990, il faut se rendre à l’évidence. Le dispositif légal dans le domaine n’est qu’un artifice pour mieux distraire l’opinion. Dans la réalité, les enquêtes de moralité imposées aux entrepreneurs de la presse avant l’avènement de la libéralisation, la censure préalable, les filtres des contenus rédactionnels et éditoriaux ont cédé la place à un dispositif répressif plus subtil mais d’une rigidité indicible.
Le journalisme à la peine de mort
Trente ans après la promulgation des lois sur la liberté de presse, éditeur et professionnels des médias ont vite déchanté sur la volonté du Renouveau à faire des médias des partenaires de l’avènement de la démocratie réelle et du développement tant prôné par Paul Biya. Le soutien apporté par la presse à l’homme du 6 novembre 1982 pour faire de la rigueur et la moralisation des réalités a céder la place à la désillusion. Loin de consacrer la liberté de la presse, les 38 ans de l’homme du renouveau ont mis en place un arsenal de lois liberticides. Dans le même sillage, le pouvoir fait montre d’une ingéniosité cynique pour étouffer l’épanouissement et le développement de la presse libre et indépendante. C’est avec le même génie que le renouveau s’emploie à déstructurer l’organisation de la profession au Cameroun. En effet, le Cameroun fait partie de rares pays prônant la démocratie où l’Etat refuse de subventionner les médias. De même que le pouvoir ne ménage aucun moyen pour contrôler les organisations professionnelles de la presse.
Dans les médias audiovisuels sont maintenus sous contrôle alors que le pouvoir clame la liberté des médias. La multitude des radios et télévisions
émettant au Cameroun restent sans agréments malgré la promulgation des lois garantissant leur liberté. Dans le même temps, le pouvoir derrière le
rideau de la libéralisation de la presse a mis en place des lois pouvant conduire le journaliste à la peine de mort. De même que la multiplication des syndicats jaunes s’intensifie pour mieux fragmenter d’éventuelles contestations émanant de la presse. Il en est de la création de journaux contrôlés par le pouvoir et les apparatchiks pour mieux discréditer la profession et exercer un contrôle permanent sur la diffusion des informations destinées aux publics.