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Café des Chemins de fer, de Marie-Claude Cotting et Jean Steinauer

Publié le 05 novembre 2020 par Francisrichard @francisrichard
Café des Chemins de fer, de Marie-Claude Cotting et Jean Steinauer

Nous ne rapportons que des faits vrais et des paroles attestées par un document ou plusieurs témoins, mais nous refusons d'occulter leur dimension proprement légendaire, ce "surplus de vérité" qui de nos jours encore abolit le temps et rapproche les gens.

Cette intention exprimée dans les premières pages de ce récit est pleinement respectée par les auteurs. Ils font en effet revivre un établissement de la ville de Fribourg aujourd'hui disparu et nous rappellent qu'en de tels lieux des gens de toutes sortes peuvent se côtoyer.

Aujourd'hui où beaucoup d'établissements de sociabilisation comme le fut celui-là sont menacés de disparaître parce que dans nos pays la gestion publique de la santé est calamiteuse face à un virus couronné peu létal, un tel récit prend d'autant plus de sens.

Il ne s'agit pas de dire que c'était mieux avant, mais que c'est toujours bien de nos jours que de tels lieux existent, qu'il serait dommage que ce ne le soit plus demain. Il est vital que l'homme puisse échanger avec ses semblables en dehors de chez lui ou de son activité.

Le surplus de vérité permet au lecteur d'imaginer ce que fut l'ambiance de ce café, au cours d'une journée, d'une semaine, à de grandes occasions, et, même, de la revivre, grâce à ces multiples petites choses qui composent les grandes, comme disait Georges Haldas:

Le temps du bistrot est rythmé comme celui du couvent, avec des Heures marquées, matin, midi et soir, par des célébrations réglées: ouverture, z'Nüni 1, apéro, jass, fîrabe 2; avec des saisons liturgiques ponctuées de fêtes solennelles, le triduum du Carnaval, la Répartition de la cagnotte, la Soirée-choucroute en décembre.

Ces petites choses, ce sont les anecdotes qui émaillent le récit, les portraits du patron, Marcel Cotting, et de sa famille, des sommelières qui servent à leurs côtés et de tous ceux qui fréquentent le Café des Chemins de fer situé dans le quartier de Pérolles.

À l'époque, de1950 à 1970, limité à l'ouest par le chemin de fer, bordé à l'est par des pentes boisées descendant vers la Sarine, le Pérolles est à la fois résidentiel et industriel. Les clients sont des ouvriers, des artisans, des étudiants, des amoureux, des fêtards:

Café des jeunes en soirée, les Chemins de fer reçoivent en journée des hommes d'âge mur. Hors des mamies qui jouent au jass l'après-midi, peu de femmes fréquentent le bistrot. Quelques-unes viennent tard dans la soirée rapatrier leur mari. Le dimanche arrivent les familles...

Aux Chemins de fer, il n'y a jamais eu de percolateur: Marcel ne sert que du Nescafé, dans de grands verres à pied, une pure lavasse, mais il fait observer avec bon sens que "si tu ajoutes trois sucres, de la crème et de la pomme, le goût du café n'a plus d'importance."

La spécialité de la maison, c'est la saucisse de chien. En réalité, c'est du pur porc, mais cela donne l'occasion à Marcel de plaisanter quand il n'y en a plus assez pour tous: La semaine dernière j'avais encore trouvé un saint-bernard, mais je n'ai rencontré qu'un basset...

Francis Richard

1- Le casse-croûte

2- La fermeture

Café des Chemins de Fer, Marie-Claude Cotting et Jean Steinauer, 128 pages, Bernard Campiche Editeur

Livre précédent de Jean Steinauer avec Pierre Friderici chez le même éditeur:

Le Grand Fred (2019)


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