Selon la tradition secrète (rahasya-âmnâya), la méditation consiste à rester tourné vers le cœur - la vibration viscérale - tout en laissant libre cours aux activité extérieures, les mouvements des facultés du corps et de l'esprit.
Kshemarâja expose ainsi cette méditation à pratiquer aussi bien dans un lieu calme que dans l'agitation du monde :
"Cet absolu qui est élan créateur, émergence de l'intuition suprême, possède une indicible puissance de liberté qui transcende (tout), qui est absolue. Elle est une attention vers le dehors qui est (aussi) attention vers le dedans. De cette manière, elle s'avance, à la fois mobile et immobile, comme Roue de toutes les Puissances. Bien qu'on la dise ainsi double - mobile et immobile, transcendante et immanente - elle n'est pas ainsi (double). C'est en son propre fond qu'elle manifeste, depuis la solidité de la matière, jusqu'au repos dans la conscience suprême, ce jeu sublime de l'expansion des cycles de création, etc."
(Méditation sur les Aphorismes de Shiva, I, 6)
Cette attention qui coule librement vers le dehors, tout en savourant la source viscérale, est la conscience éveillée. D'abord elle goûte un repose provisoire (citta-vishrânti), puis elle s'éveille (citta-sambodha) et enfin elle "meurt", elle est est transforme (citta-vinâsha). C'est du moins l'un des schémas mentionné par Abhinava. Et la clé est cette méditation au cœur du quotidien.