De retour au bercail depuis le 1er novembre, le patron du Sdf veut sauver son parti de l’implosion, à cause de sérieuses divergences qui naissent entre les cadres.
« Finalement à Yaoundé, parmi les miens ! C’est une grande fierté de retrouver ma famille politique ». Ni John Fru Ndi, rentré à Yaoundé le dimanche 1er novembre, ne cachait pas sa joie. Parti aux Etats-Unis pour des raisons de santé, le fondateur du Social Democratic Front (Sdf) s’est offert un bon bain de foule de ses partisans venus l’attendre à l’aéroport de Yaoundé Nsimalen, avant de se rendre à sa résidence située à Nkolfoulou, dans la périphérique de Yaoundé. Ici, une messe de recueillement a été organisée en la mémoire des cadres de son parti, décédés pendant son absence. Il s’agit entre autres de l’honorable Joseph Mba Ndam décédé en avril dernier, le bâtonnier Francis Sama qui occupait le poste de conseiller juridique national du parti, Fidelis Balick Awa, ancien maire de la commune d’arrondissement de Bamenda II, et Dabryn Manga Moussole, vice-président régional du parti dans la région du Littoral… A 79 ans, le leader du Sdf n’a rien perdu de sa superbe. La silhouette s’est peut-être un peu épaissie, mais l’œil reste charmeur, le sourire irrésistible et le verbe haut. Il est parti du Cameroun en début d’année 2020 pour un long séjour médical aux Etats-Unis.
Onze mois après, il retrouve un pays natal toujours plongé dans une profonde crise sociopolitique. « On n’a pas pu tenir un Comité exécutif national (Nec) pour des raisons diverses. On espère donc qu’avec le retour du chairman, qu’un Nec va se tenir dans les prochaines semaines », veut croire Jean Robert Wafo, ministre du Shadow cabinet du Sdf en charge de l’information et des médias. « Nous avons relevé de nombreux dysfonctionnements au sein du parti. Le Nec que nous allons bientôt tenir nous permettra de refonder le parti sur de nouvelles bases », détaille au Messager un cadre du Sdf. Selon ce dernier, il existe une guerre intestine qui divise de nombreux responsables du parti. « Je crois que le retour du chairman nous permettra également de vider ces tensions internes qui datent depuis la présidentielle de 2018 », indique
notre source.
Boycott des régionales
Le chairman a décidé que son parti ne participera pas aux élections régionales convoquées pour le 6 décembre prochain. « En ce qui concerne les élections régionales, la position du Sdf est clair.
Le parti ne participera pas à ces élections tant qu’il n’y aura pas un minimum qui sera acté par le gouvernement à savoir un cessez-le-feu dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, et engager un dialogue politique dans le cadre de la résolution de cette crise », évoque entre autres conditions Jean Robert Wafo. Un refus de participer à ces élections, considéré par beaucoup d’observateurs de la scène politique comme une fin de la politique de « collaboration institutionnelle » du Sdf avec le régime de Yaoundé.
Selon des sources proche du parti, John Fru Ndi avait peu apprécié qu’en vue du scrutin, le président Paul Biya ait convoqué le 7 septembre dernier le corps électoral, composé notamment de conseillers municipaux, alors que le contentieux lié aux élections municipales du 9 février dernier n’avait pas encore été définitivement tranché par la chambre administrative de la Cour suprême. Le vice-président du Sdf, Joshua Osih, a eu beau clamer qu’il s’agissait d’une « entorse à la loi », le pouvoir de Yaoundé n’a pas osé revenir sur le décret portant convocation du corps électoral. Quelques jours plus tard, le 23 septembre, la chambre administrative de la Cour suprême a finalement rejeté la plupart des recours déposés par le Sdf pour vice de procédure.