Elektra Records- rock alternatif
Flashback.
TELEVISION se forme aux Etats-Unis à la même période que Patti Smith Group, Talking Heads et Blondie.
Son penseur, Tom Verlaine fricote et boit des vers avec la poétesse pendant que son bassiste Fred Smith (homonyme du futur mari de la Patti) joue et fume avec la blonde... vous suivez toujours?
Tout ce beau monde se produit au CBGB, célèbre club de New-York, où on les baptise tous 'punk' et pourtant leur musique élaborée n'a pas grand-chose à voir avec celle des Anglais.
Dès 1977, TELEVISION ouvre son programme en fanfare avec 'Marquee Moon' et on peut mettre à leur œuvre, le grade de chef.
La pochette, aux couleurs fadasses (pas rassurantes quant au diagnostic santé basé sur les visages!), expose les 4 musiciens, pris au trois-quarts, debout, face à l'objectif.
Verlaine leader gringalet, se tient donc devant et me fait un peu penser à David Byrne (chanteur des Talking Heads).
Tout comme ce dernier, sa voix frêle, un peu nasillarde, semble hésitante, calquée sur sa stature grande mais fragile de poète maudit.
La photo (par le même auteur que 'Horses' de Patti Smith) qui ressemble à un espèce de griffonnage accentué aussi inquiétant qu'une radiographie flashy (effet obtenu, bien avant photoshop, au hasard d'une photocopie) s'insère dans une case encadrée par le nom du groupe en haut et le nom de l'album en bas, écrits en blanc.
Tout sauf accrocheur! Néanmoins, ce disque jouit d'un son sec et éblouissant à la fois, produit par Glyn Jones (Led Zep, Stones, Who... ben tant qu'à faire!).
L'album marque l'histoire du rock pour toujours par son originalité et sa puissance d'évocation poétique.
Au firmament, la fragrance du morceau titre envahit l'espace et parfume les sillons du vinyle comme une madeleine de Proust.
La poésie des paroles nous embarque dans un rêve hypnotique où se mêlent lumière et obscurité, joie et tristesse, vie et mort.
L'ovni décolle à la guitare, par 2 simples notes, rapidement débordées par un riff inoubliable joué 2 fois dans 2 tonalités différentes. Le frotté des cordes fait vibrer l'épiderme.
La basse et la batterie arrivent ensemble et nous incitent à balancer notre corps comme des autistes jusqu'au bout du bout et croyez-moi, c'est long, très long : plus de 10mns!
La voix aigrelette et fragile pourrait bien être celle de l'extraterrestre, conducteur de l'ovni, elle ne nuit pas à l'obscurité (oups!) parfois rayée d'éclairs.
Un pont sur la voie lactée interrompt le voyage quelques instants et l'oriente ('just waiting'), aux ordres de captain (pas 'Major') Tom , vers une autre planète sans doute la 'Marquee Moon'.
Le voyage reprend par une 2è boucle jusqu'à ... 'Hesitating'. Le solo, lui, n'hésite pas un seul instant, Richard Lloyd illumine.
On y retourne jusqu'à 'I ain't waiting uh uh'. Le second solo du pilote (y'en a un!) lui-même, n'attend pas et on sent bien qu'il sait voler... longtemps et très haut! La batterie en bégaie encore.
Vers la fin du cycle, le rythme monte en intensité avant une pluie de notes au piano et le chant plaintif d'un oiseau sous les cordes... de guitare.
Encore une boucle, puis l'atterrissage en courte explosion à la verticale. 'Marquee Moon', un kiff (oups) addictif!
Après çà, rideau (déchiré? 'Torn curtains')! On peut éteindre TELEVISION (reoups!), non pas que la suite soit mauvaise mais le meilleur est ailleurs... avant.
Pourtant le chanteur publie jusqu'en 2006, en solo, des albums de haute volée comme 'The wonder', magique, en 1990 toujours avec Fred Smith mais il doit manquer un Wesson pour faire vraiment mouche (oups oups!).
Comme dit si bien Verlaine au vent mauvais, emporté TELEVISION l'a été par la réputation d'un album définitivement intouchable.