Comment la maladie COVID-19 pourrait-elle affecter les prochaines générations ? COVID-19 affecte-t-elle le sperme et donc le système immunitaire des générations à venir? Cette équipe de l'Université de Bergen (Norvège) collecte du sperme de patients infectés pour trouver la réponse. La pandémie COVID-19, au-delà de ses effets dramatiques, offre une opportunité unique aux chercheurs d’étudier « l’entraînement immunitaire » ou comment l'infection affecte le développement du système immunitaire.
Le professeur Cecilie Svanes et sont équipe ont invité des patients confirmés COVID-19 à collecter à domicile des échantillons de leur sperme dans le cadre d'un suivi de trois mois. Les patients ont été informés de la manière d'ajouter un conservateur au prélèvement et d'envoyer les échantillons par courrier. A ce jour, une cinquantaine de patients ont été inclus dans l’étude et entre 30 et 40 ont livré un échantillon de sperme. Il est prévu que ces participants reviennent après 12 mois pour d'autres tests.
Comment l'infection affectera le système immunitaire chez les enfants ?
C’est l’objectif de cette recherche, déterminer si et comment l'infection peut affecter le développement du système immunitaire des futurs enfants. « Le système immunitaire est activé par des infections de toutes sortes. Nous voulons étudier comment il est affecté par COVID-19 et si l'infection a des implications pour le système immunitaire des générations futures. C'est pourquoi nous avons décidé d'étudier le sperme en plus du sang total », précise l’auteir principal.
Il s'agit de la première étude du genre sur les êtres humains. La pandémie de COVID-19 offre aux chercheurs une occasion unique d'étudier « l'entraînement immunitaire ». Toutes sortes d'infections stimulent en effet les réactions de notre système immunitaire. Mais la maladie COVID-19 entraîne-t-elle de manière positive notre système immunitaire ?
De précédents tests chez l’animal ont montré que les infections peuvent affecter le système immunitaire d'une génération future à la fois de manière négative et positive, expliquent les chercheurs : ainsi, les infections par des micro-vers, appelés helminthes, se sont avérées avoir un effet positif sur le système immunitaire chez les descendants de souris. La septicémie, en revanche, entraîne, toujours chez la souris, un effet négatif sur la génération suivante.
Le lien entre l'infection, le sperme et la progéniture est le résultat de changements épigénétiques, qui vont affecter la façon dont le matériel héréditaire est « lu et compris » et comment le corps exprime les protéines impliquées dans le système immunitaire. « L'épigénétique est la manière de savoir quelles recettes doivent être mises en oeuvre. Nous pensons qu'une infection peut affecter ce processus ».
Certes, les chercheurs pourraient attendre que les patients COVID-19 aient des enfants pour identifier ces modifications génétiques directement chez les enfants, mais l’idée d’étudier le sperme et le sang des patients COVID vs non-COVID va déjà permettre d’identifier de premières modifications.
« Si nous observons des modifications négatives considérables dans le sperme, il est possible que devions conseiller aux personnes infectées par le COVID-19 d'attendre d'avoir des enfants, par exemple, au moins un an après le diagnostic de l’infection ? » A suivre…
Source: University of Bergen 30.10.2020 (First published: 29.10.2020) Collecting sperm from Covid-19 patients
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Équipe de rédaction SantélogNov 3, 2020Rédaction Santé log