Cameroun – équilibre régional : Une injustice à l’épreuve du temps

Publié le 03 novembre 2020 par Tonton @supprimez

Cette politique s’est finalement érigée en obstacle contre les jeunes de certaines régions où le taux d’alphabétisation est élevé.

Mise en place par le régime du président Ahmadou Ahidjo, et confortée par celui du Renouveau, la politique dite de l’équilibre régional concernant la réussite aux concours administratifs et les admissions dans les grandes écoles crée la polémique. Une controverse qui alimente les conversations avec plus d’acquittée ces dernières années du fait des revendications à répétition observées à la suite des publications des résultats aux concours d’entrée à l’École Nationale d’Administration et de Magistratures (ENAM), ainsi que dans d’autres grandes écoles du pays.

S’il est vrai dans une moindre mesure que l’équilibre régional a permis à une certaine époque «de résoudre » une « injustice » liée au manque de cadres en provenance de certaines régions du pays. Zones dans lesquelles on pouvait observer un manque criard de hauts fonctionnaires de l’administration ou encore de jeunes fréquentant dans les grandes écoles à cause du fort taux d’analphabétisme de ces parties du pays à un moment où les déplacements des populations étaient limités. Il n’est pas moins vrai, ou du moins, c’est désormais une évidence que cette pratique obsolète crée plus d’injustice et constitue un frein pour la jeunesse de certaines régions.

En effet, avec l’accélération des mouvements migratoires qui entrainent de nos jours plus de déplacements à l’intérieur des frontières nationales, avec un accent poussé pour les régions où les conditions d’apprentissage sont plus aisées, tous les jeunes sont désormais pour ce qui est de l’accès à l’éducation sur un même pied d’égalité. Une égalité confortée par les efforts de démocratisation et d’accès à l’école pour tous menés par le gouvernement depuis près de deux décennies.

Alors, d’où vient-il qu’aujourd’hui, dans un environnement où tous les Camerounais ont accès aux mêmes conditions d’éducation à cause des déplacements des populations et des efforts de l’État, qu’on soit encore à fixer des quotas par région. Ceci dans un monde où seule la compétence doit compter ?
Cette politique moyenâgeuse, il faut le reconnaitre, dessert les jeunes des régions à fort taux d’alphabétisation telles que le Centre, le Littoral ou encore l’Ouest pour ne citer que ces cas. Les exemples étant légions, il arrive et ceci constamment qu’au cours d’un grand concours administratif, qu’un jeune par exemple du Centre, ou de l’Ouest ayant obtenu une moyenne supérieure ou égale à celle d’un jeune d’une autre aire géographique du pays ne soit pas admis parce que le quota des places de sa région est déjà atteint.

Pendant que ceux de certaines autres comme l’Est, le Nord, l’Extrême-Nord ou encore l’Adamaoua (et l’actualité récente de l’ENAM ne nous démentirait pas) de niveau inférieur ou égal sont admis. C’est donc une politique qui peut paraître inique, du moins injuste qui constitue un obstacle pour les jeunes des régions à fort taux d’alphabétisation.

Julien Efila