L'obésité atteignait 5% de la population Française en 1983, 16% de la population en est atteinte aujourd'hui (2020).
Source iconographique: https://fr.wikipedia.org/wiki/Ob%C3%A9sit%C3%A9_en_France
Le récepteur à mélanocortine 4 (MC4R), un élément de la voie de signalisation leptine-mélanocortine, joue un rôle dans la régulation du poids corporel. Les obésités sévères précoces peuvent être causées par de variants bialléliques de gènes affectant la voie de signalisation MC4R. Nous rapportons les résultats d’essais visant à évaluer les effets de l’agoniste de MC4R setmelanotide chez des sujets atteints d’obésité sévère due à une déficience en pro-opiomélanocortine (POMC) ou une obésité due à une déficience en récepteur à la leptine (LEPR).
Ces essais multicentriques de phase 3 à simple bras, ouverts, ont été réalisés dans 10 hôpitaux situés au Canada, aux USA, en Belgique, France, Allemagne, au Pays-Bas, et au Royaume-Uni. Les participants, âgés de 6 ans ou plus, atteints d’obésité due à une déficience en POMC ou LEPR, ont reçu la setmelanotide en ouvert, pendant 12 semaines. Les participants, présentant une perte de poids d’au moins 5 kg (ou ≥ 5% si leur poids corporel < 100 kg à la ligne de base) intégraient une séquence de retrait du médicament de 8 semaines contrôlée par placebo (comprenant notamment 4 semaines d’administration de setmelanotide ou du placebo en aveugle) ; suivi de 32 semaines additionnelles de traitement en ouvert. Le critère principal de cette étude, évalué chez les participants qui avaient reçu au moins une dose du médicament à l’étude et qui pouvaient justifier d’une évaluation à la ligne de base (ensemble d’analyse intégral), était la proportion de participants présentant une perte de poids corporel d’au moins 10% en comparaison du poids corporel à la ligne de base à 1 ans. Un critère secondaire clé était le pourcentage moyen de changement du score le plus élevé de niveau de faim selon l’échelle de Likert comprenant 11 niveaux au cours d’approximativement un an de traitement ; évalué sur un échantillon de participants âgés de 12 ans et plus dans l’ensemble d’analyse intégral qui présentaient une perte de poids corporel d’au moins 5 kg (ou ≥5% chez les participants pédiatriques si leur poids corporel à la ligne de base était < 100 kg) sur la période de traitement en ouvert de 12 semaines et qui étaient ensuite intégrés à la séquence de retrait du médicament, indépendamment de la suite donnée à leur participation. (…).
Entre le 14 février 2017 et le 7 septembre 2018, dix sujets ont été recrutés pour participer à l’essai POMC et 11 sujets ont été recrutés pour participer à l’essai LEPR, et inclus dans l’ensemble d’analyse intégral et les groupes d’analyse de l’innocuité. Huit sujets (80%) participant à l’essai POMC et cinq sujets (45%) participant à l’essai LEPR ont obtenu une perte de poids corporel d’au moins 10% à un an. Le pourcentage moyen du changement du score du niveau de faim le plus élevé était de -27.1% (n=7 ; Intervalle de Confiance [IC] 90% de -40.6 à -15.0% ; p=0.0005) dans l’essai POMC et de -43.7% (n=7 ; de -54.8 à -29.1 ; p<0.0001) dans l’essai LEPR. Les événements indésirables les plus communément relevés étaient réactions au niveau du site d’injection et hyperpigmentation, rapportés chez les 10 participants à l’essai POMC ; des nausées étant rapportées chez cinq participants et des vomissements chez trois participant à cet essai. Dans l’essai LEPR, les événements indésirables liés au traitement les plus fréquemment rapportés étaient réaction au niveau du site d’injection chez les 11 participants, troubles cutanés chez cinq participants, et nausées chez quatre participants à cet essai. Aucun événement indésirable grave lié au traitement n’est survenu, ni dans l’essai POMC, ni dans l’essai LEPR.
Nos résultats soutiennent la setmelanotide comme traitement contre l’obésité et l’hyperphagie causée par une déficience en POMC ou LEPR. Prof Karine Clément, MD, et al, dans The Lancet Diabetes & Endocrinology, publication en ligne en avant-première, 30 octobre 2020
Financement : Rythm Pharmaceuticals.
Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ