" Le principe du confinement, c'est que le maximum de personnes reste chez elles. " (Jean Castex, le 1er novembre 2020 sur TF1).
Le gouvernement a instauré un nouveau confinement pour résister contre la progression désormais (hélas) exponentielle du coronavirus SARS-CoV-2 applicable à partir du vendredi 30 octobre 2020 à 00 heure, donc avant la fin des vacances scolaires de la Toussaint. Cependant, ceux qui ont eu l'occasion de se sortir de chez eux ce week-end pouvaient raisonnablement se demander s'ils étaient effectivement en période de confinement ou en période normale.
C'est tout le problème de la ligne de crête du gouvernement : savoir régler au mieux les curseurs économiques et sanitaires, les uns dépendant des autres. Laisser les écoles ouvertes (ce qui, pour enfants et adolescents, paraît une mesure vitale), laisser un certain nombre de commerces et de services ouverts (dont les services publics)... si bien que le confinement est devenu une sorte de confinement "soft" (ou "light"), de confinement Canada Dry qui ose dire son nom (ce qui n'était pas le cas pour le premier confinement) mais qui risque de ne pas avoir l'effet d'un confinement, puisque confiner, cela veut dire rester chez soi sauf dans des circonstances très exceptionnels.
Pour ne pas faire plonger une nouvelle fois l'économie au fond du gouffre, le gouvernement a donc encouragé la continuité du travail, beaucoup plus fortement qu'au printemps. Sur le principe, c'est raisonnable (la France se relèverait très difficilement d'un second choc de même nature et de même ampleur qu'au printemps). Mais sur le plan psychologique, il n'y a plus la sidération et plus le contexte de faire attention, même si les sondages montrent qu'au moins deux tiers des sondés soutiendraient ce nouveau confinement (au printemps, ils étaient nettement plus nombreux).
L'un des moyens d'assurer la continuité de l'économie tout en préservant la protection des personnes, c'est le télétravail. La Ministre du Travail Élisabeth Borne a précisé le 1 er novembre 2020 que le télétravail, lorsqu'il était possible, n'était pas une option ni une recommandation, mais une obligation. C'est un mot important qui peut donc mettre en jeu la responsabilité pénale de l'employeur en cas de mise en danger de ses employés si ce dernier souhaite garder son personnel en présentiel.
Cela a aussi conduit pendant tout le week-end le débat public vers une impasse qui serait presque néo-poujadiste : protégeons nos petits commerçants. Reconnaissons clairement que leur situation économique, depuis le mois de mars 2020, est très compliquée et que certains hélas peuvent disparaître malgré les aides massives du gouvernement. Il y a eu comparaison entre grandes surfaces qui, vendant des denrées alimentaires, peuvent rester ouvertes et petits commerçants obligés de fermer car vendant des "produits non essentiels". Mais quelle est la définition d'un "produit non essentiel". Un intervenant sur un plateau de télévision s'est d'ailleurs emandé : pourquoi un macaron de Ladurée serait-il plus essentiel que des fleurs pour fleurir les tombes de nos proches ?
Chacun aura sa définition de "non essentiel" et c'est vrai que faire partie des commerçants qui proposent des produits définis comme non essentiels n'est pas très valorisant : s'ils existent, c'est qu'il y a nécessairement un besoin, sinon, la dure loi de l'offre et de la demande régule le marché et ils n'existent plus, indépendamment de la crise sanitaire. Mais il faut bien aussi reconnaître qu'il est plus important d'aller chercher des médicaments dans une pharmacie que de prendre un pot dans le bistrot en face. Il ne s'agit pas ici de changer de mode de vie, comme a pu oser le dire par exemple Pascale Tournier, rédactrice en chef adjointe d'un hebdomadaire pourtant mieux inspiré "La Vie" (sur LCI le 1 er novembre 2020), mais de prendre les moyens, en période exceptionnelle, en pleine crise sanitaire, de sauver la santé des Français. Car il faut bien avouer aussi que l'épidémie de covid-19 n'est pas non plus notre mode de vie.
Beaucoup de maires ont relayé la situation des petits commerçants, certains avec des arrière-pensées non avouables : profiter de cet enjeu pour faire de l'opposition stérile au gouvernement alors que s'il y a bien une période qui a besoin d'unité nationale, c'est bien celle-ci, la France assaillie par la pandémie de covid-19 et par les terroristes islamistes. On ne va pas négocier le prix de l'eau quand il y a un incendie. Certains maires sont même allés dans la désobéissance en signant des arrêtés de réouverture des magasins qui outrepassent leurs pouvoirs municipaux, arrêtés qui seront forcément annulés par les tribunaux administratifs, mais que de temps perdu en pleine urgence sanitaire.
Invité le 1 er novembre 2020 sur BFM-TV, le Ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance Bruno Le Maire a clairement indiqué ce qu'il pensait de ces actes irresponsables qui manquaient à l'intérêt général : " Ces maires pensent qu'ils soutiennent les petits commerçants, en réalité ils mettent en danger la vie des Français. ".
D'ailleurs, invité du journal de 20 heures sur TF1, ce même dimanche 1 er novembre 2020, le Premier Ministre Jean Castex est venu clore la récréation des élus locaux. Il a bien compris le problème de la concurrence déloyale, qui, de toute façon, ne pourra pas vraiment être résolu à cause des sites d'e-commerce sur Internet (de type Amazon), mais sa réponse a été dans un sens plus restrictif : les rayons des "produits non essentiels" des grandes surfaces devront être fermés. En outre, le gouvernement a débloqué 100 millions d'euros pour aider les petits commerçants à proposer leur commerce en ligne, ce qui ne résoudra évidemment pas tous les problèmes, puisque certains services ne peuvent se faire sur Internet (ceux des coiffeurs, par exemple).
Rappelons quand même qu'on ne rigole pas avec l'urgence sanitaire : il y a des vies humaines en jeu, derrière le confinement. Peut-être celle d'un proche. Aujourd'hui, le rythme reste exceptionnellement élevé, presque incompréhensible après les premières mesures de couvre-feu, ce qui signifie, hélas, que le couvre-feu n'a eu aucun effet, ou alors, un tout petit (voir ci-dessous l'espoir).
Dans une interview au "Journal du dimanche", le Ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran a donné cette indication, qui, d'ailleurs, mériterait certainement d'être hélas revue à la hausse dans le futur proche : en France, il y a une contamination toutes les deux secondes, une hospitalisation toutes les trente secondes et un décès toutes les quatre minutes. Ce qui l'a conduit à dire que la fête de Noël ne serait pas "normale" cette année. Car nul doute que la seconde vague ne sera pas terminée. D'ailleurs, dans un sondage qui paraît dans "Le Parisien" ce lundi 2 novembre 2020, 71% des sondés s'apprêteraient à passer Noël sans sortir du confinement.
Le gouvernement a heureusement accepté une certaine indulgence jusqu'à la fin du week-end : les personnes en vacances devaient bien pouvoir rentrer chez eux. Mais la question demeure : si le confinement du 2 novembre 2020, jour de la rentrée des classes, reste aussi "light" que les trois derniers jours, inutile d'imaginer que celui-ci aura l'effet espéré de faire baisser de manière drastique le nombre de contaminations chaque jour, et donc, le nombre d'hospitalisations et de décès.
Ce dimanche 1 er novembre 2020, il y a encore eu 46 290 nouveaux cas de contamination, ce qui fait qu'en un seul jour, pour quatrième ou cinquième journée depuis dix jours, cela fait l'équivalent de la moitié du nombre total de contaminations en Chine depuis le début de la pandémie ! En tout en France, plus de 1,4 million de personnes contaminées avec un taux de positivité qui explose chaque jour (le 29 octobre 2020, il était de 20,35% !). Ces données placent la France en tête des pays où le circule le plus, derrière les États-Unis et l'Inde.
Plus concrètement, cela signifie 1 883 nouvelles hospitalisations (en tout 24 031 personnes sont hospitalisées pour cause de covid-19), et 289 entrées en réanimation (3 578 personnes sont actuellement en réanimation pour cause de covid-19, soit un taux d'occupation de 70,6%). Cela signifie aussi 231 décès, faisant franchir un nouveau seuil, 37 019 personnes sont déjà décédées du covid-19 depuis le début de la pandémie en France.
Chacun doit être responsable de son comportement plus ou moins respectueux des règles sanitaires élémentaires (gestes barrières, distanciation physique, port du masque, lavage des mains fréquent, aération régulière des salles, etc.). Mais il ne faut culpabiliser personne pour la récente explosion de cette "seconde vague" : elle a eu lieu indépendamment des efforts ou négligences des personnes et des gouvernements, et cela dans toute l'Europe, si bien que beaucoup de pays sont désormais plongés dans le confinement comme la France, à savoir l'Irlande, le Pays de Galles, la Slovaquie, la République tchèque, la Grèce, l'Angleterre, et certains territoires de l'Espagne et de l'Italie, également la Suisse, etc.
Une très légère possibilité d'espoir, c'est la dernière courbe du taux d'incidence, c'est-à-dire du nombre de personnes testées positives en une semaine, sur 100 000 habitants : pour la première fois depuis cette explosion de l'épidémie, la courbe est redescendue le 29 octobre 2020 à 438 après être monté jusqu'à 462 le 28 octobre 2020. C'est bien sûr beaucoup trop tôt pour y voir une tendance, mais elle pourrait être finalement un effet (trop faible) du couvre-feu. Toutefois, les dernières données publiées le 1 er novembre 2020 restent très mauvaises (cela reste équivalent à un taux d'incidence d'environ 480), d'autant plus mauvaises que le dimanche, d'habitude, le nombre de contaminations est souvent plus bas que le reste de la semaine en raison du congé dominical.
Le mois de novembre 2020 risque d'être cruel : " La situation sera très dure dans les semaines à venir, nos services hospitaliers vont être mis à rude épreuve. ". Dans sa conférence de presse du 29 octobre 2020, le Premier Ministre Jean Castex avait conclu ainsi : " Mesdames et Messieurs, nous vivons une situation hors du commun. Je ne cesserai de le répéter : la solution est entre les mains de chacun d'entre nous. Adaptons nos comportements, limitons nos contacts, respectons les gestes barrières, portons le masque, même chez nous, protégeons-nous, protégeons les autres ! ".
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (01 er novembre 2020)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Confinement Canada Dry ?
Interview du Premier Ministre Jean Castex au journal télévisé de 20 heures le 1er novembre 2020 sur TF1 (vidéo).
Reconfinement covid-19 : les nouvelles attestations de déplacements à télécharger (à partir du 29 octobre 2020).
Conférence de presse du Premier Ministre Jean Castex le 29 octobre 2020 à Paris, sur la mise en place du reconfinement contre le covid-19 (texte intégral et vidéo).
Deux discours du Premier Ministre Jean Castex le 29 octobre 2020 au Parlement à Paris, sur la mise en place du reconfinement contre le covid-19 (texte intégral et vidéo).
Reconfinement : la vie humaine, principe intangible d'Emmanuel Macron (et de la France).
Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron le 28 octobre 2020 (texte intégral et vidéo).
Covid-19 : Non, le comportement des gens n'y est pas pour grand-chose de la situation actuelle !
Covid-19 : faut-il reconfiner dès maintenant ?
Documentaire de LCP sur la grippe de Hong Kong en 1968-1969 ("Le Mag" du 26 juin 2020).
Conférence de presse du Premier Ministre Jean Castex le 22 octobre 2020 sur les nouvelles mesures sanitaires contre le covid-19 (texte intégral et vidéo).
Covid-19 : couvre-feu, liberté et réanimation.
Conférence de presse du Premier Ministre Jean Castex le 15 octobre 2020 sur l'application du couvre-feu (texte intégral et vidéo).
Interview du Président Emmanuel Macron le 14 octobre 2020 sur TF1 et France 2 (vidéo).
Emmanuel Macron et l'électrochoc du confinement nocturne.
10 ans après la loi anti-burqa, la loi masque-obligatoire.
Les supposés "bons" résultats de l'IHU Méditerranée du professeur Didier Raoult...
Covid-19 : Donald Trump, marathonman.
Le casse-tête sanitaire de Jean Castex.
Olivier Véran.
Le cap de 1 million de décès franchi.
Conférence de presse du Ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran le 23 septembre 2020 à Paris (vidéo).
Finie, l'épidémie de covid-19 : vraiment ??
Karine Lacombe.
Claude Huriet.
Didier Raoult.
Madagascar : la potion amère du docteur Andry Rajoelina contre le covid-19.
Covid-19 : où est l'Europe de la Santé ?
Michel Houellebecq écrit à France Inter sur le virus sans qualités.
Covid-19 : le confinement a sauvé plus de 60 000 vies en France.
Du coronavirus dans les eaux usées ?
Le covid-19 n'est pas une "simple grippe"...
Le coronavirus de Wuhan va-t-il contaminer tous les continents ?
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20201101-coronavirus-covid.html
https://rakotoarison.canalblog.com/archives/2020/10/31/38621183.html