Dans une tribune publiée ce dimanche 1 novembre 2020, le chef traditionnelle de Bamendjou interpelle le président de la République du Cameroun pour qu’il se rende dans les régions anglophones du Cameroun.
L’intégralité de sa tribune. « Il faudrait qu’on verse quelle quantité de sang dans ce pays pour qu’enfin ceux qui nous gouvernent comprennent qu’on s’est trompé de chemin? Les enfants innocents tombent comme ça jusqu’à le chef entend même? Qu’est-ce qu’il faudrait qu’on fasse pour qu’enfin le chef parle à son peuple et descend lui-même au chevet de ce peuple meurtri et désespéré qui se sent de plus en plus orphelin!! Qui me dira un jour ce qui se passe là-dedans à la chefferie si bien que le » gouong » se brûle comme ça, ce ne sont que les notables et les serviteurs qui parlent on n’entend pas la voix du chef? L’horreur que vient de connaître notre pays avec le carnage des jeunes innocents a Kumba est inacceptable et doit interpeller tout camerounais qui a encore sa tête avec lui. Nous venons là de taper jusqu’à percer le tamtam et chacun doit se sentir concerné car si ça n’arrive pas chez toi aujourd’hui sache que ça a juste sauté de jour.
Kumba nous fait comprendre qu’en réalité il n y a plus de sacré ni d’interdit dans ce pays, que des mauvais enfants habités par un esprit diabolique peuvent se donner du plaisir à ôter la vie à de jeunes innocents, qu’on n’a plus peur de rien, qu’on ne respecte même plus la vie, et tous, nous devons nous lever comme le deuil porte quelqu’un, condamner sans complaisance de tels actes et frotter les pieds de ces mauvais enfants pour
que plus jamais cela n’arrive encore dans notre pays. Dès que nous avons fini d’enterrer vivant ces assassins, nous revenons à la raison car nous n’allons pas pleurer et rester dans la cour et il faudrait également qu’en plaidant la cause du voleur nous plaidions aussi pour le vampire.
Posons-nous les vraies questions qu’on évite et dont de nombreux camerounais payent le prix chaque jour. Il faut parfois fondre l’huile sur le soleil pour le bien de tous et de chacun. Comment en sommes nous arriver à un tel niveau de violence et de barbarie?
Pourquoi les camerounais sont-ils devenus si méchants les uns envers les autres? Le Cameroun d’aujourd’hui est-il encore le même que nous avons vécu hier? Qui peut lécher la terre et dire que ses mains sont propres sur ce que notre pays traverse actuellement ? Jusqu’à quand allons-nous continuer à couvrir la pierre avec de la terre et éviter les vrais problèmes qui minent ce pays? Que chacun se demande quelle est sa part de responsabilité
dans cette affaire. Poser clairement les problèmes qui divisent les camerounais n’est nullement verser de l’huile sur le feu mais c’est accepter d’ouvrir courageusement les plaies puantes qui sortent le sommeil de nos yeux, de les nettoyer à fond, de verser les remèdes appropriés afin que le sommeil rentre de nouveau dans nos yeux.
Comment le peuple peut être entrain de pleurer de famine quand quelques-uns privilégiés pleurent qu’ils sont trop rassasiés? Que ceux qui nous gouvernent sortent des gros discours, du bavardage, reviennent sur terre et posent des actes concrets allant dans le sens de la recherche des solutions aux problèmes du peuple. On ne vous demande pas la tête de quelqu’un. Juste que vous arrêtez de vous servir, de servir le peuple et que vous ayez un peu pitié du peuple qui a longtemps souffert dans vos mains. Que tous ceux qui sont en prison pour avoir confondu le sac du peuple à leur sac demandent pardon au peuple, que le cas de tout un chacun soit réexaminé et que chacun remette ce qu’il a volé en place. Leur présence en prison n’apporte rien au peuple. Que ceux qui sont en prison pour leurs opinions politiques soient tout simplement libérés car ce n’est aucunement la solution, c’est être incapable de courir et se mettre à s’enrouler au sol.
On ne peut pas tuer quelqu’un parce qu’il a dit ce qu’il pense. Il y a le fusil dans sa bouche? Qu’on ouvre la porte et que toutes les intelligences de ce pays qui sont contraints à ne vivre qu’à l’extérieur reviennent en toute sécurité pour mettre leur savoir-faire au profit de ce pays. Que ceux qui dorment leurs part de rêves et ne voient le Cameroun que en feu renoncent à ce projet funeste car c’est porter leur part de malédiction devant
l’histoire. On peut arranger sans nécessairement passer par la violence. Que tous ceux qui dans la situation actuelle en zone anglophone pour leurs intérêts voient les 2 rives de la rivière au même moment sacrifiant ainsi la vie de nombreux camerounais sachent qu’ils mangent comme ça la viande de leurs corps. Ce n’est que dans ces conditions de prise de conscience et dans la sincérité qu’autour de l’arbre à palabres, en nous regardant dans
les yeux que nous pouvons nous dire des vérités pour l’intérêt de ce pays. On ne va oindre aucun fils de ce pays avec de la cendre, ce pays a besoin de tous ses enfants.
Que chacun dise juste sa part de vérité. Quel est le secteur d’activité qui marche encore dans ce pays? La santé? L’éducation ? L’agriculture ?, la culture ? Quoi? Les affaires ? Si vous ne chantez pas la chanson du parti au pouvoir les impôts vont vous montrer ce que le singe avait mangé avant de boire de l’eau. Jusqu’où irons-nous avec de telles attitudes ? Les chefferies traditionnelles sont désacralisées, les fo’o sont dépouillés de leurs pouvoirs avec leur propre complicité, le fo’o se retrouve entrain de discuter un poste politique avec son administré. Le trône de ses ancêtres est si petit pour qu’il se retrouve à discuter une chaise qui a un pied cassé avec son administré ? Où allons-nous?
A-t-on encore besoin d’ouvrir la cigale pour comprendre que ce pays va mal? Les camerounais dans leur grande majorité sont fatigués de ce système et n’y croient plus. Il faut s’asseoir, se parler, se pardonner, se réconcilier et s’accorder autour du minimum qui est le Cameroun de demain, il faut rétablir un nouveau contrat social pour amener les camerounais à s’aimer, à aimer leur pays, et à croire de nouveau en ce pays qui nous a tous vu naître car si tu ne dors plus le rêve, sache que tu es déjà mort. Accoucher un enfant et l’enterrer c’est voir ce qu’il ne te fallait pas voir de tes yeux. Même s’il est vrai qu’on ne pleure pas sa mère pour passer au marché, la situation impose d’aujourd’hui que chacun prenne sa part de cascagnette , que nous nous retrouvions sur la place du marché et que chacun en pleurant le » gouong » pleure son propre corps afin que nous enlevions la malédiction qui semble peser sur la tête de ce pays et chassons les mauvais esprits qui ont pris le pays en otage.
Même comme les méchants ont pris la société en otage, même comme nous sommes tous devenus des mauvaises personnes si bien qu’on se moque même de Dieu, continuons toujours à lancer les mains aux dieux de nos ancêtres pour qu’ils ne dégagent pas la main sur nous et que les jeunes innocents lèchent le mortier de ce qu’ils ne connaissent pas. Que chacun meurt son propre deuil.