En l’espace d’une semaine, la « France d’Après » d’Emmanuel Macron a donné la juste mesure de ce qu’elle peut offrir : de confinement en décapitations, on en est maintenant à « métro boulot couteau dodo », ce qui a bien du mal à faire rêver. Heureusement, Noël approche…
Et qu’est-ce que Noël, si ce n’est le plaisir partagé des fêtes de famille, des retrouvailles et des petites attentions des uns envers les autres ? Et cette année, c’est un moment de joie que le gouvernement place en point de mire du reconfinement décrété en cours de semaine dernière : le président de la République n’a pas eu besoin de s’écrier goguenard « Oh, oh, oh ! » mais c’était quasiment explicite lorsqu’il nous a tous fait comprendre qu’il fallait sauver Noël.
Oh, qu’il est doux, ce Noël gagné de haute lutte, après cette nouvelle épreuve minutieusement calculée par le président et son gouvernement ! Qu’ils seront mignons, ces jolis joujoux soigneusement choisis, c’est-à-dire ni en plastique, ni en bois, ni genrés, mais écolos et durables, bio-sourcés et évidemment équitables, dont on aura pris soin de bannir les petites voitures (engins du diable qui font des prouts plein de dioxyde de carbone réchauffiste) ! Qu’ils seront agréables, ces moments préparés en achats auprès d’entreprises françaises, locales, citoyennes et conscientisées, triées sur le volet parmi les (rares ?) rescapées des bombardements sanitaires tactiques de mars-avril puis octobre-novembre, des tirs de snipers de nos nombreuses administrations sociales et fiscales et des mesures de relances chirurgicales de l’État !
Malheureusement, on sait déjà que tout ceci est faux : le Noël qu’on nous a fait miroiter n’existera pas.
Ce sera un « Noël de combat » comme l’explique l’une des factotums parlementaires de La République En Confinement, ce qui veut dire que même si tout le monde fait bien les gros sacrifices imposés, il n’y aura pas de fêtes de fin d’année pour compenser. Tout indique même que, pendant que les incivilités continueront à Champigny-Les-Mortiers sans rencontrer la moindre résistance, en lieu et place de quatre semaines de prunage intensif des citoyens inoffensifs, le confinement durera aussi longtemps que possible, jusqu’à 12 semaines.
Et après ces douze semaines de matage d’un peuple à coup de cerfas, dans cette France-slogan pour bobos propres sur eux de publicités formatées, on voguera, cornaqués par des administrations au taquet, vers de superbes perspectives où l’avenir sera constitué d’un parcours de plus en plus balisé voire borné, où chaque écart sera dénoncé puis sanctionné et dûment pruné, par égard aux causes du moment (depuis la lutte contre les maladies qui remplissent nos hôpitaux jusqu’aux luttes anti-phobes qu’on ne manquera pas de jeter dans nos pattes).
De confinement en couvre-feu puis en reconfinement, la liberté en France revient maintenant à suivre un catalogue d’options officielles strictement déterminées, toutes issues des réflexions débiles d’énarques pendables et de scientifiques non-élus mais décideurs dont les motivations ont tout à voir au mieux avec leur propre carrière, au pire avec une volonté farouche de sauver leurs miches.
Churchill disait qu’un homme politique grandissait pour devenir un homme d’État lorsqu’il cesse de penser à la prochaine élection pour penser à la prochaine génération. Ici, nos hommes politiques ont rétréci : ils ne réfléchissent même pas aux prochaines élections, mais simplement au prochain trimestre qui pourrait au pire apporter son lot de dépôts de plaintes citoyennes que seule une succession de confinements permettra d’éviter par épuisement des masses, ou au mieux de nouvelles opportunités de diminuer encore la place du peuple dans le processus décisionnel.
Concrètement, ils pensent à leurs petits intérêts immédiats et à ces petites manœuvres qui leur permettront d’acquérir cette parcelle supplémentaire de pouvoir sur la population et sur les autres politiciens dans la course, afin de mieux les écraser le moment venu. Ils pensent qu’on peut, sans réellement en subir personnellement les conséquences, mettre en faillite tout un pays, ruiner des centaines de milliers de commerçants, d’artisans, d’entrepreneurs et d’indépendants si, au bout, cela leur permet de décrocher la queue de Mickey du manège républicain.
Et non, ce n’est pas une exagération tant on entrevoit déjà les ambitions, l’hubris même de certains politiciens baignés de leur pouvoir suite à cette crise sanitaire devenue politique.
En fait, ce nouveau confinement impose un double constat.
Un constat d’échec tout d’abord, celui de la gestion de la pandémie : la vague prévisible et prétendument anticipée n’a débouché sur aucune action de préparation, aucune amélioration des énormes problèmes de gestion de la bureaucratie hospitalière obèse, aucun allègement de charges et de contraintes.
L’échec gouvernemental est total : si gouverner c’est prévoir, il n’a rien prévu et n’a donc rien gouverné.
C’est aussi un constat de fracture du peuple entre ceux qui comprennent comment le pays fonctionne et ceux qui, éternels adulescents d’un pays massivement collectivisé, croient dur comme fer que la santé et l’économie sont disjoints et que la première peut très bien passer avant la seconde, sans imaginer, sans comprendre et sans admettre l’évidence qu’une économie en déroute signe un effondrement certain du sanitaire.
C’est la fracture entre le pays réel de ceux qui doivent absolument travailler pour subvenir à leurs besoins, pour qui l’erreur de gestion comme de santé se paye cash et immédiatement, et le pays fantasmé de ceux qui continuent de croire que l’économie est totalement subordonnée à l’État, que ce dernier peut tout faire et qu’il suffit d’invoquer des plans de relance pour gommer les erreurs et les compromissions empilées depuis 40 ans.
Cet échec a maintenant coûté trop cher, on ne le rattrapera pas. Cette fracture est maintenant trop profonde, elle ne sera plus réduite. 2020 va se terminer sur un bilan sanitaire, social, politique et économique catastrophique. Malheureusement, 2021 sera pire.
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