Les expatriés du pays des Eléphants, dans l’hexagone, sont inquiets à l’approche du scrutin du 31 octobre pour la magistrature suprême.
Le scrutin présidentiel de ce dimanche 31 octobre, en Côte d’Ivoire, est très attendu au sein de la diaspora ivoirienne vivant en France. Le retrait de la composante, la plus importante de l’opposition, autour du Pdci de l’ancien président Henri Konan Bédié et du Fpi d’Affi Nguessan, appelant à la désobéissance civile et au boycott de l’élection, n’ont pas pour autant minoré la mère des consultations populaires qui couronne l’accession à la magistrature suprême. Bien au contraire !
L’appel lancé, le 27 octobre, par Hamed Zarour, Geoffroy Kouaho, Serge Djibré, Sahourey en faveur d’une rencontre entre Ouattara, Bédié, Affi et Kkb, avant e 31 octobre 2020, pour tenter de sauver ce qui peut l’être tout comme les tensions extrêmes de ces dernières semaines, matérialisées par les massacres de Dabou, perpétrés , du 19 au 21 octobre, par des « microbes », des jeunes fabriqués par la crise économique des années 2008-2010 en Côte d’Ivoire, qui ont fait 16 morts et des dizaines de blessés, témoignent du contexte particulièrement tendu de ce scrutin.
Des exactions condamnées par nombre d’organisations de droits de l’homme, à l’instar de l’Organisation mondiale contre la torture (Omc), Amnesty international, ou encore la Fédération Internationale pour les Droits Humains(Fidh). Dans la livraison du 27 octobre, lafriqueaujourd’hui.net, le journaliste ivoirien basé à Paris, Clément Yao (lire par ailleurs), compare la situation de son pays à celle de Haïti, du temps de Duvalier. « Les violences et crimes crapuleux perpétrés ces derniers temps par les « microbes », à l’encontre des opposants au régime d’Abidjan et des populations civiles plongent la Côte d’Ivoire dans une spirale meurtrière semblable aux assassinats ciblés des « Tontons Macoutes » du temps de la dictature de Duvalier », faisant allusion à la terreur entretenue par le pouvoir de Port-au-Prince pour asseoir sa légitimité.
« Scrutin de tous les défis »
Pour Georges Aka, Secrétaire national FPI-Europe, plusieurs défis attendent la présidentielle du 31 octobre 2020. « C’est la présidentielle de tous les défis et risques. Défis de droit, du respect de la Constitution. Changer la loi fondamentale pour se maintenir au pouvoir est anticonstitutionnel. Risques sécuritaires aussi, avec des conflits potentiels entre différentes composantes de la ethniques de la Côte d’Ivoire. Le président Ouattara n’a pas réussi à recaser d’anciens enfants soldats qui sont devenus des « microbes » qui commettent des exactions dans des villages, comme à Dabou. Généralement, ces jeunes sont des malinkés, ce qui peut déboucher sur une dérive communautaire.
C’est ce que nous redoutons le plus », explique Georges Aka, qui trouve dans ce climat, des raisons suffisantes pour reporter le scrutin. « Nous essayons d’empêcher l’organisation de cette élection pour préparer une transition politique en attendant des élections libres et inclusives. Nous avons bloqué la distribution des cartes d’électeurs et parallèlement, nous constatons une diminution du nombre de bureaux de votes qui sont passés de 22.000 à 10.000. Où sont passés les 12.000 autres ? », s’interroge-t-il. Et d’ajouter, « Nous allons accentuer la désobéissance civile à partir de lundi, en bloquant tous les accès des villages.
Nous restons néanmoins ouverts au dialogue et encourageons la médiation avec la Cedeao. Nous sommes à un moment d’expression démocratique, en pleine période de campagne électorale. C’est triste de voir qu’on dénombre déjà plusieurs dizaines de morts. Qu’en sera-t-il à la proclamation des résultats si l’élection a lieu ? », se demande-t-il encore avant de rappeler : « Nous demandons le retrait de la candidature de Ouattara, le retour des exilés, la réforme du Conseil constitutionnel et celle de la Commission électorale indépendante selon l’arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme ». Quant à l’avenir : « Il faut souhaiter que la transition que nous appelons de tous nos vœux se fasse avec le moins de dégâts possibles », conclut Georges Aka.