Silent boy de Gaël Aymon 3,75/5 (30-08-2020)
Silent boy (64 pages) est sorti le 3 septembre 2020 aux Editions Nathan, dans la collection Court Toujours.
L’histoire (éditeur) :
Silent boy… Celui qui la ramène pas mais qu’il faut pas chercher. Qu’est-ce que j’ai d’autre comme choix ? Tu t’intègres ou t’es mort.
Anton est interne dans un lycée difficile. Sa seule bouffée d’oxygène : ses discussions sur un forum en ligne, caché derrière l’avatar de Silent boy. Car dans la vraie vie, Anton ne donne jamais son avis, ne prend jamais parti. Jusqu’à sa rencontre avec Nathan…
Mon avis :
Un mot sur la collection Court Toujours, des romans à lire et écouter :
« Pilo » (pour « Pilier », le poste qu’il occupe sur le terrain de rugby) est du genre discret. Pas invisible, mais le genre qui préfère se fondre dans la masse tout en cultivant l’image de celui qu’il ne faut pas enquiquiner (même s’il ne la ramène pas souvent).
Pilo, de son vrai nom Anton Gallot, mène une vie plutôt banale au lycée, tandis que dans l’intimité, il possède un secret : il surfe sur un forum. Un forum où l‘écriture et les mots ont une place majeure, un forum bienveillant où on lâche ce qu’on a sur le cœur sans être jugé, un lieu où chacun peut s’exprimer librement, partager et recevoir conseils et opinions. Pilo surfe mais ne dit rien, il ne fait que regarder, lire, écouter, s’attachant de manière invisible à ces étrangers tolérants et bons, notamment « MortalKiss, une jeune fille de 16 ans qui s’exprime sans complexe.
« Ma famille imaginaire, qui sait même pas que j’existe, vu que je les observe en mode sous-marin. » (Page 13)
Mais, les choses changent aux lycée et des évènements viennent percuter les convictions de Pilo, sportif tiraillé entre le besoin d’appartenir à un groupe quitte à mentir sur ce qu’il est vraiment et celui d’être qui il est vraiment, un garçon banal prêt à assumer ses choix, ses opinions…
Silent boy est un court roman, de la collection Court Toujours, qui évoque les apparences, indispensables à la survie de l’ado, cette période de la vie faite de stéréotypes (solidement attachés encore à l’âge adulte), qui dénigre les différences, quitte à faire souffrir.
Etre ou paraitre, voilà un choix bien difficile à faire et à assumer.
L’auteur a opté pour le développement de son histoire autour d’un protagoniste qui n’est ni la victime ni le bourreau, et c’est ce qui le rend davantage attachant. On se reconnait bien plus facilement en lui et on est de ce fait plus impacté par ce qui se joue.
La narration est en adéquation avec les personnages, elle colle bien à leur âge et à leur époque. Le ton est juste, le vocabulaire et les échanges sur le forum correspondent bien à la réalité accentuant ainsi le coté convainquant de l’histoire.
Silent boy, au-delà même des apparences, est un texte qui pose une vraie réflexion sur le genre, la classification les cases (qu’on s’impose autant qu’on nous impose) et sur l’image de soi. En découlent, presque inévitablement, le harcèlement, la discrimination et l’intimidation.
Le récit se termine sur une lueur d’espoir, même si dans le fond et la forme les choses ne changent pas vraiment. Et c’est aussi en cela que le texte peut un peu plus impacter les jeunes lecteurs en leur faisant pendre conscience que les temps ont changé et qu’il est temps d’évoluer… La parole au centre du sujet (avoir le courage de la prendre autant que le besoin et le devoir).
Un mot sur l’auteur :
Avant d’être auteur jeunesse, Gaël Aymon a été acteur, scénariste, réalisateur, producteur et a enseigné le théâtre aux enfants et aux adolescents. Connaisseur des contes, il écrit depuis 2010 des albums et des romans pour un public à partir de 5 ans jusqu’aux jeunes adultes. Ses livres, qui malmènent les stéréotypes, ont déjà obtenu de nombreuses récompenses.
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