Les scénaristes de This Is Us avaient pour cette saison 5 un défi de taille : retravailler à la dernière minute le script pour y incorporer des évènements marquants de cette année 2020. C'est au milieu de ce challenge asphyxiant qu'on a envie de reprendre le fameux " breathe " que disait Jack à Randall.
Chronologiquement, le début du premier épisode de This Is Us se situe juste après l'épisode final de la saison 4. C'est dans cette suite immédiate que les scénaristes décident de faire entrer l'épidémie du coronavirus qui arrive alors comme un cheveu sur la soupe. En à peine quelques minutes, 2 mois s'écoulent et nous passons d'une situation qui n'existait pas à une situation généralisée qui touche tous les personnages.
Si cette introduction rapide peut refléter les bouleversements que nous avons tous subis au cours de notre année, nous ne pouvons nous empêcher de relever quelques cohérences. La plus marquante est certainement l'utilisation d'un flashforward de la saison 4 qui devient présent dans le double season premiere. D'une part parce que personne ne porte de masques alors qu'on est censés être en plein milieu de l'épidémie. D'autre part, parce que même si certaines scènes de ce flashforward n'ont pas été reprises pour cette saison 5 (notamment une scène de supermarché), on se souvient bien que le coronavirus n'était pas du tout présent (pas de masques, pas de gel hydroalcoolique, pas de plexiglass).
En voulant aller trop vite, This Is Us incorpore maladroitement l'épidémie qui ne semble alors qu'effleurer les personnages.
Dur dur d'être scénariste en période de Covid
Plus globalement, les scénaristes paraissant alors perdus entre leurs projets initiaux pour la saison 5 et les changements imposés par l'arrivée du coronavirus. En conséquence, les deux premiers épisodes déconstruisent malheureusement ce que la saison 4 avait patiemment et minutieusement aménagé. Certaines intrigues, particulièrement lourdes de sens, trouvent une résolution bien trop facile et trop rapide pour qu'on y croie vraiment.
La seule vraie réussite de ce double season premiere repose sur l' intégration de la mort de George Floyd au récit fictif. Les showrunners choisissent un angle intéressant qui va bien au-delà du pathos et qui trouve une représentation plus profonde dans le vécu de Randall. Car si la mort de George Floyd résonne chez Kate comme une prise de conscience soudaine, Randall, lui, la vit comme un énième meurtre envers un Afro-Amérciain. Il souligne alors à nouveau le fossé de compréhension qui existe entre les Blancs et les Noirs. On comprend ainsi que, depuis son enfance, il a protégé sa famille d'une certaine culpabilité face au racisme.
Au milieu de tous ces bouleversements liés à l'actualité, nous retrouvons les flashbacks tant appréciés. Comme un air de déjà-vu, nous revivons la journée de la naissance des Big Three. Si nous pensions bien connaitre cette journée, les scénaristes s'amusent à la déconstruire en modifiant des arcs narratifs établis. Après visionnage du deuxième épisode, on n'est pas loin de crier au scandale tant le cliffhanger parait absurde.
Il faudra patienter 2 semaines avant d'avoir la suite de l'histoire, mais on espère que les prochains épisodes de la saison 5 sauront mieux concilier précédentes et nouvelles intrigues.