Période de confinement oblige, j'en profite pour rééditer (avec quelques ajustements) certaines news parues ces dernières années sur ce blog ou quelques papiers publiés dans divers titres avec lesquels j'ai eu le plaisir un jour de collaborer... On attaque avec une news que j'avais appelée "Lendemain de trail" et que j'ai un peu retravaillée pour cette nouvelle parution. Oui, je recycle...
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Un trail, c'est souvent bien plus qu’une course. C'est une aventure. Quand au pied d'un col, la nuit tombe, le chemin éclairé par les lampes frontales ouvre alors la porte vers la montagne. Les faisceaux lumineux des coureurs tracent la route à suivre, telle une immense guirlande au milieu des sapins. En trail, Noël se fête parfois en été. Et puis il y a ce silence, que seul le souffle de respirations saccadées vient troubler, rythmé par le clic clac des bâtons sur les pierres.
Au fil des kilomètres, la douleur devient une compagne que l’on voudrait d’abord abandonner au bord d’un chemin avant de se résoudre à l’apprivoiser. Courir ou marcher, peu importe, l’essentiel est d’avancer. « Surmonter les difficultés d’un ultratrail, c’est se prouver qu’on peut surmonter celles de la vie, parce que surmonter les difficultés, c’est la vie, et que le bonheur en dépend », écrit Jean-Philippe Lefief auteur de l’excellent ouvrage « La folle histoire du trail » (Guérin éditions Paulsen).
Un lendemain de trail, c’est aussi se souvenir de tous ces bénévoles. Si précieux pour assurer les traversées de routes, si précieux pour baliser le parcours, si précieux pour les ravitaillements. Si précieux surtout pour tous ces sourires et ces mots d'encouragement distillés tout au long du chemin. Ils sont une des richesses de ce chemin, eux qui viennent nous offrir leur aide et leur réconfort pour nous permettre de vivre notre passion. Sans rien en échange si ce n'est les trop rares "mercis" des coureurs.
Et puis un lendemain de trail, il y a les clés qui tombent et qu'il faut ramasser, ce lacet qui s'est défait et qu'il faut renouer. Plier les jambes, en apnée, tout doucement. Il y a aussi ces marches à descendre. Encore un peu de fierté pour ne pas s'accrocher à la rampe. Une jambe, puis l'autre. L'équilibre est précaire et interdit tout faux pas. Arrivé en bas, l'impression d'avoir réalisé un petit exploit dont on se surprend à être fier.
Un lendemain de trail, c'est tout ça. C'est surtout l'envie de repartir. Pas tout de suite bien sûr. Mais vite. Pour retrouver cette sensation d'être vivant. Pour retrouver l'essentiel.