En République du Bisounoursland, chaque jour qui passe est un nouveau défi. Heureusement, dans cette épreuve, le Chef de l’État ne se laisse pas démonter et utilise avec brio son plus grand atout : sa cohérence.
Car s’il y a bien une chose indispensable pour gouverner, c’est d’être cohérent. Et s’il y a bien une chose que les événéments passés, même récents, nous prouvent encore et encore, c’est à quel point Emmanuel Macron est d’une cohérence en béton armé. C’est du solide, taillé au cordeau, et fait pour durer.
Prenez la politique énergétique du pays : le peuple et ses politiciens ont fait le choix d’une France plus écologique, avec un air plus pur et des petits oiseaux qui gazouillent plus ferme. Ceci impose donc d’en finir, entre autres, avec les productions électriques à base de ressources non renouvelables.
Il a donc été choisi de sortir progressivement la France de l’usage de ces ressources : gaz, pétrole, charbon et bien sûr nucléaire devront être remplacés par des moulins à vent, des panneaux solaires. La cohérence imposait donc de commencer à supprimer des centrales au charbon et au pétrole.
Emanuel Macron a donc subtilement confirmé l’arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim.
L’automne arrivant, les températures baissent. Et là, c’est le drame : les Français (ces idiots pas assez conscientisés) augmentent donc leur consommation de chauffage et d’électricité. Heureusement, les éoliennes et les panneaux phototrucmuches relèvent brillamment le défi de fournir l’électricité qui n’est plus produite par la centrale de Fessenheim et… Ah bah non, finalement, il faut rallumer des centrales à charbon.
Manifestement, la France n’est plus capable de produire suffisamment d’électricité nucléaire, ni assez d’électricité éco-consciente syntonisée avec Gaïa. Alors la France crame du bon gros charbon pour compenser les non-émissions de CO2 de ses centrales nucléaires. Cohérent et malin.
Cependant, rassurez-vous : en Guyane, ce ne sera pas une centrale au charbon qui sera ouverte pour les besoins de ce département. En accord et en toute cohérence avec notre politique, il s’agira d’une centrale thermique au fioul.
Bah, qu’à cela ne tienne : développons l’éolien marin, par exemple ! La France et son gouvernement, parfaitement cohérent, choisiront donc habilement de ne surtout pas appliquer le principe de précaution pourtant inscrit dans sa constitution, quand bien même les effets délétères de ce mode de production énergétique sont déjà connus, listés et dénoncés par tous les acteurs concernés. Au moins aurons-nous davantage de moulins à vent inefficaces et économiquement ruineux pour compenser nos centrales nucléaires rentables et efficaces. Cohérent et malin.
De la même façon, cette transition énergétique résolument menée permet, en toute cohérence, d’insister sur le fait que les voitures particulières polluent beaucoup trop. C’est logiquement que le gouvernement va donc en tabasser les propriétaires de taxes et de vexations fiscales diverses, en plus des inévitables prunes bien sucrées. C’est aussi logiquement que les constructeurs revoient leurs capacités de production et ferment donc leurs usines à produire ces engins qui font des prouts du diable. Ce qui finit inévitablement par conduire à des licenciements et des chômeurs.
En toute cohérence, le gouvernement en vient donc à demander à tous les Français de continuer à acheter des voitures pour ne surtout pas les utiliser.
On pourrait croire que la cohérence se cantonne à ce domaine. Il n’en est rien.
En République du Bisounoursland, la cohérence de l’action politique est PARTOUT ! Elle se niche dans chaque alinéa de la loi, dans chaque formulaire de chaque cerfa, dans chacune des harmonieuses paroles lancées à petits chuintements feutrés par notre Président lors de ses allocutions pluri-mensuelles.
Le domaine sanitaire en est un exemple frappant : la cohérence globale de la gestion d’une épidémie a été si parfaite, si totale, qu’elle laisse les autres pays pantois d’admiration.
Les masques sont ainsi passés du statut « contre-productifs voire dangereux » au statut « obligatoires » à mesure que les stocks officiels se remplissaient. La deuxième vague fut, des paroles mêmes du Président Macron, aussi prévisible qu’anticipée par un gouvernement tendu comme une corde de piano. Ce qui a permis, en toute cohérence, de ne remettre à plat aucune des invraisemblables lourdeurs administratives et des absurdités managériales qui ont gangrené le système de soins français.
En toute cohérence, il n’a donc été planifié aucune capacité supplémentaire et, de façon tout aussi cohérente, tout le monde est maintenant pris de court par ce qui ressemble à quelque chose qu’on retrouve chaque année à la même saison.
Mieux encore, notre Président nous a chuinté quelques petites prévisions au sujet de cette seconde vague si prévisible et si bien anticipée : apparemment, ce sera plus sévère que la précédente, ce qui, en toute cohérence, justifie donc de laisser les écoles et les entreprises ouvertes et de ne fermer que les bars et les restaurants. Cohérent et malin.
Enfin, le même président nous a bien expliqué qu’il entend protéger les plus faibles et mettra tout en oeuvre pour ce faire, et ira jusqu’à saboter l’économie s’il le faut. En toute cohérence, il n’ira tout de même pas jusqu’à imposer un État régalien minimal et efficace, ce serait probablement exagéré : protéger des petits vieux en EHPAD, à la limite (et encore), mais ceux qui viennent prier dans une église, pas question.
Dès lors, en toute cohérence, il sera indispensable d’imposer des petits papiers et autres cerfas colorés à tous les Français pour sortir de chez eux, ceci sauvera des vies. Sauf s’ils sont fichés S, ou radicalisés, ou avec un casier judiciaire pas trop vierge, ou « défavorablement connu des services de police ».
Dès lors, en toute cohérence, on interdira aux gens de se réunir, de se voir, de se déplacer, de travailler dans certains secteurs. Sauf s’ils vendent de la drogue ou tirent au mortier sur des commissariats de quartier.
Toute cette belle cohérence permet, à n’en pas douter, d’assoir l’ensemble de la politique du gouvernement actuel (et des précédents) sur des bases extrêmement solides, ces bases qui permettent à un peuple d’avoir confiance dans ses dirigeants, de leur prêter main forte lorsque des crises surviennent, de faire corps pour affronter les défis.
Toute cette cohérence d’ensemble affichée par Emmanuel Macron et sa fine équipe de branleurs intersidérants promet, un petit matin, un retour de manivelle aussi violent que désagréable.
Français, tenez vous prêts.
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