Cameroun – Camwater: Dans les tuyaux rouillés d’une bombe à retardement

Publié le 29 octobre 2020 par Tonton @supprimez

Regroupés sous la bannière d’une Synergie, des syndicats des travailleurs opérants à la Camwater menacent de faire grève le 06 novembre prochain si l’ensemble de revendications contenues dans une volumineuse correspondance adressée au Premier ministre, Chef du gouvernement, n’étaient pas prises en compte.

Les travailleurs opérants à la Camwater ont soif de justice ! Mais les robinets du dialogue social sont visiblement à secs. C’est à cette métaphore que l’on peut parfaitement résumer la pétition valant préavis de grève adressée à Dion Ngute, le 14 octobre dernier. Une correspondance fleuve dans laquelle ces hommes et femmes expriment leur ras-le-bol en réaction au climat social qu’ils jugent délétère au sein de cette entreprise dont l’instabilité au sein de l’équipe dirigeante ces six dernières années, n’est plus une nouveauté.

Convoquant d’entrée la Constitution de la République, la loi n°98/005 du 14 avril 1998 portant régime de l’eau, la loi n°92 /007 du 14 aout 1992 portant Code du travail et la loi n°93/574 du 15 juillet 1993 fixant la forme des syndicats professionnels admis à la procédure d’enregistrement, ce collectif d’employeurs indignés remue le couteau dans la plaie en mettant en index la modification de la situation juridique de la Camwater portant transfert des contrats de travail de l’ensemble du personnel de l’ex Cde en date du 01 mai 2018 ; la réunion du 12 décembre 2019 portant examen des revendications du personnel et dont les résolutions issues de cette rencontre n’ont jamais connues une application intégrale.

Prise en charge du budget

Mais aussi le fait que « le ministre du Travail et de la sécurité sociale, en réaction à une demande de clarifications faite par la Camwater, a enjoint le Directeur général à s’en tenir aux dispositions légales en matière de retenues sur les salaires et par conséquent, reverser les sommes déjà retenues aux concernés ». Là où le bât blesse, expliquent les signataires de la pétition, c’est que le management de la Camwater est passé outre cette recommandation alors que Grégoire Owona a mis sur pied une commission tripartite au sein de son ministère et que « ces travaux n’ont jamais abouti à cause du dilatoire de l’employeur prétextant que l’arrêté susvisé n’avait ciblé qu’une préoccupation à savoir « retenues opérées sur les salaires de certains travailleurs de la Camwater » au détriment des revendications additionnelles que les travailleurs ont souhaité voir traiter globalement ». Or, font-ils remarquer, par sa correspondance en date du 26 juin 2020 la délégation des travailleurs avait déjà attiré l’attention du ministre sur l’enlisement des travaux et par un autre arrêté du 1er juillet 2020, ce dernier a corrigé les manquements soulevés par l’employeur à savoir « l’examen des revendications additionnelles et la prise en charge du budget par la Camwater ».

Violation du Code du travail

Seulement, « par une autre ruse, l’employeur va juger cet arrêté irrecevable sous le fallacieux prétexte qu’il n’est pas revêtu du visa des services du Premier ministre », déplore les membres du collectif. Dans la foulée,le Pm va être saisi par une autre correspondance en date du 27 aout 2020 pour une alerte relative à l’éminence des troubles sociaux à la Camwater. Mais à la demande du ministre du Travail et de la sécurité sociale de « bien vouloir sursoir à la menace des troubles en attendant la résolutions des travaux de la commission mixte paritaire prévus le 16 septembre 2020 », les grévistes vont lâcher du lest.

C’est donc fort de toutes ces péripéties et autres démarches infructueuses que la Synergie des syndicats des travailleurs opérants à la Camwater demande avec insistance, l’application effective des résolutions contenues dans le procès-verbal de concertation du 12 décembre 2019 et des solutions aux demandes additionnelles introduites auprès du Mintss. Tout comme elle demande « que toutes les retenues opérées sur les salaires des agents en violation du Code du travail soient rétablies ». Non sans préciser qu’ « en cas de non application de ces dernières jusqu’au 05 novembre 2020, l’ensemble des travailleurs de la Camwater se verra obliger d’observer un arrêt de travail illimité à compter du 06 novembre 2020 à 00h00 » tout en déclinant leur responsabilité sur les éventuels débordements qui pourraient en découler. Ce serait donc un doux euphémisme de dire que Gervais Bolenga est sur un volcan.

Christian TCHAPMI

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