Si le collectif de syndicats soutient que leur démarche s’inscrit dans une logique légaliste et légitime, l’entourage du Directeur général ne voit en cette sortie surmédiatisée, qu’une cabale ourdie contre le top management dont le bilan à la tête de cette entreprise est plutôt flatteur.
La correspondance de la synergie des syndicats au Pm intervient quelques mois seulement après le premier courrier et dans lequel les grévistes proposaient comme sortie de crise, : « le rétablissement des primes, indemnités et autres avantages abusivement supprimés ; le remboursement aux travailleurs concernés des sommes retenues au titre de la mise en exécution des ordres de recettes (pratiques courantes dans le droit administratif et non prévu par le code de travail) ; l’ouverture des débats sur la question principale en explorant les artifices de l’article 4 de la loi portant Code du travail ». De quoi conforter les signataires qui estiment que c’est pour avoir évacué toutes les voies de recours qu’ils optent finalement par un mouvement d’humeur le 06 novembre prochain. Un argument battu en brèche par certains membres du top management joint au téléphone par nos soins pour souci d’équilibre. A les croire, on est en plein dans «une campagne de manipulation savamment orchestrée par certains affidés de l’ex Dg William Sollo qui sont restés en poste et ont juré de rendre la vie dure à Gervais Bolenga ; en s’attaquant à sa gestion». La même source évoque la ferme volonté de certains de saborder par tous les moyens l’action de restructuration engagée par le Conseil d’administration et la direction générale de la Camwater.
Action dolosive
« Nous avons remarqué qu’il se tient régulièrement et nuitamment des réunions dans le bureau du Directeur général adjoint qu’accompagne dans ce funeste dessein des cadres de l’entreprise clairement identifiés. Ces derniers sont animés par le désir de débarquer Bolenga à la tête de la Camwater en s’appuyant sur des crises sociales sans fondement. Cette conspiration est instillée depuis le sommet et s’étend aux syndicalistes. (…) Chacun ayant l’illusion de trouver son compte dans cette action dolosive. Ces syndicalistes sont des désespérés, ils s’accrochent sur des causes perdues et infondées… Les vraies raisons sont ailleurs… », confie un administrateur sous anonymat. Quel crédit donner à ce postulat ? Difficile d’en apporter un cinglant démenti dans un environnement camerounais où la gestion des entreprises publiques et parapubliques est infestée par la guerre des lobbies et des réseaux.
Rappelons que ce n’est pas la première fois cette année qu’une grève agite le concessionnaire public de l’eau potable au Cameroun. En mars 2020, une vingtaine de « stagiaires manipulés » menaçaient de faire grève. Ce, au cas où ils n’étaient pas intégrés au sein de la Camwater dès la fin de leur formation. Ce mouvement d’humeur annoncé intervient au moment où l’entreprises’est engagée dans une vaste opération d’installation de nouveaux compteurs révolutionnaires au profit de ses millions d’abonnés. Ces appareils baptisés «Compteurs intelligents» auront certainement pour effet d’améliorer la qualité de service, mais aussi de rétablir un climat de confiance entre l’entreprise et ses clients. Ce climat de tension fait par ailleurs surface concomitamment aux actions de consolidations des acquis issus du bilan positif enregistré par la Camwater en 2018.
Desserte en eau potable de plus de 80%
L’entreprise publique a ainsi pratiquement doublé son rendement puisqu’au terme de l’exercice précédent en 2018, son résultat positif net d’impôts était de 1,02 milliard de Fcfa. Camwater explique ce regain de croissance par « la qualité et la pertinence des orientations et choix stratégiques dans la gestion prévisionnelle de l’entreprise ». Après 10 ans de concession, l’État camerounais a repris la main sur la production et la distribution de l’eau potable il y a deux ans. Le 30 avril 2018, Camwater, jusque-là en charge uniquement de la production de l’eau, a également repris le volet commercialisation, activité dévolue depuis 2008 à la Camerounaise des eaux (Cde), contrôlée par un consortium marocain conduit par l’Office national de l’eau potable (Onep). La direction générale de Camwater vise actuellement l’objectif majeur de la desserte en eau potable de plus de 80% en zone urbaine et péri urbaine à l’horizon 2035.
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