(verbatim et vidéo)
Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20201027-coronavirus-covid.html
Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron sur le reconfinement, le 28 octobre 2020 à 20 heures
Françaises, Français,
Mes chers compatriotes,
La dernière fois que je me suis adressé à vous au sujet de la pandémie qui nous frappe, j'avais fixé un délai - une dizaine de jours - pour juger de l'efficacité des choix faits et décider de l'opportunité de mesures nouvelles.
Nous y sommes.
Et si les efforts consentis ont été utiles, la lucidité commande d'admettre que cela ne suffit pas, cela ne suffit plus.
Quelle est à cette heure la situation de notre épidémie ?
Le virus circule en France à une vitesse que même les prévisions les plus pessimistes n'avaient pas anticipée.
Le nombre de contaminations rapporté à la population a doublé en moins de deux semaines.
Hier, 527 de nos compatriotes sont décédées du COVID-19. Hier, nous avons dénombré près de 3000 personnes en réanimation, soit plus de la moitié des capacités nationales.
A la différence de la première vague, l'ensemble des régions se trouvent aujourd'hui au seuil d'alerte. Dans de nombreux endroits, pour prendre en charge les patients COVID-19, nous avons commencé à déprogrammer des opérations du cœur ou du cancer - parfois les mêmes qui avaient dû être décalées au printemps.
Nous avons pris des mesures. Elles étaient déjà difficiles et je sais qu'elles ont été perçues comme telles par beaucoup d'entre vous. Elles étaient indispensables et elles ont souvent été contestées parce qu'elles ne faisaient pas plaisir. Elles se révèlent toutefois insuffisantes pour endiguer une vague qui aujourd'hui touche toute l'Europe.
Notre stratégie a été définie dès l'été, c'était de vivre avec le virus. Il s'agissait de maîtriser sa circulation en nous appuyant sur nos capacités pour " tester, alerter, protéger ", sur les gestes barrières, sur la protection des plus fragiles et des mesures de ralentissement de l'épidémie territorialisées, au plus près du terrain. C'est ce que nous avons fait depuis le mois d'août.
Avons-nous tout bien fait ? Non, et je l'ai dit il y a quinze jours, on peut toujours s'améliorer, mais nous avons fait tout notre possible et je crois profondément que notre stratégie était, compte tenu des informations qui étaient les nôtres, la bonne. Elle fut d'ailleurs celle de tous les pays européens. Nous aurions pu aller plus vite, au début sur les tests, mais depuis plusieurs semaines nous sommes un des pays d'Europe qui teste le plus. Nous aurions collectivement sans doute dû davantage respecter les gestes barrière en particulier au sein de la famille ou avec les amis qui sont les lieux où nous nous sommes le plus contaminé. Faut-il nous le reprocher maintenant ?
Mais surtout il faut reconnaître que, comme tous nos voisins, nous sommes submergés par l'accélération soudaine de l'épidémie, par un virus qui semble gagner en force à mesure que l'hiver approche, que les températures baissent. Une fois encore, il faut avoir beaucoup d'humilité.
Nous sommes tous, en Europe, surpris par l'évolution du virus. Certains pays, comme l'Espagne, l'Irlande, les Pays-Bas, ont pris plus tôt des mesures plus dures que les nôtres. Pourtant, tous, nous en sommes au même point : débordés par une deuxième vague qui, nous le savons désormais, sera, sans doute, plus dure et plus meurtrière que la première.
A ce stade, nous savons que quoi que nous fassions, près de 9000 patients seront en réanimation à la mi-novembre, soit la quasi-totalité des capacités françaises. Nous nous organisons bien sûr pour y faire face, rouvrir des lits supplémentaires et nous allons faire le maximum d'efforts tous ensemble, mais ce n'est pas suffisant.
Si nous ne donnons pas aujourd'hui, un coup de frein brutal aux contaminations, nos hôpitaux seront très vite saturés sans que nous ayons, cette fois, la possibilité de transférer beaucoup de patients d'une région à une autre parce que le virus est partout.
Si nous ne donnons pas aujourd'hui un coup de frein brutal aux contaminations, les médecins devront alors choisir, ici entre un patient atteint du COVID et une personne victime d'un accident de la route, là entre deux malades du COVID. Ce qui, compte tenu des valeurs qui sont le nôtres, de ce qu'est la France, de ce que nous sommes, est inacceptable.
Dans ce contexte, ma responsabilité est de protéger tous les Français. Et en dépit des polémiques, en dépit de la difficulté des décisions à prendre, je l'assume pleinement devant vous ce soir.
Quels sont nos objectifs ?
D'abord, c'est le premier, protéger les plus âgés, les plus fragiles, celles et ceux qui sont atteint de diabète, d'obésité, d'hypertension, de maladies chroniques et qui sont les premières victimes du COVID-19.
L'âge est le facteur prépondérant. 85% des malades décédés ont plus de 70 ans.
Notre deuxième objectif c'est de protéger les plus jeunes.
Je l'ai déjà dit, si le virus tue les plus âgés, il tue aussi, même si c'est plus rare, les plus jeunes.
Aujourd'hui, au moment où je vous parle, 35% des personnes en réanimation ont moins de 65 ans. Il touche donc sous des formes graves, toutes les générations.
Et nous ne savons pas dire aujourd'hui quelles sont les séquelles à long terme. Perte d'odorat, perte de goût, difficultés respiratoires : contracter ce virus, n'est jamais anodin, même lorsqu'on a 20 ans.
Troisième objectif c'est de protéger nos soignants qui, à l'hôpital, dans les structures médico-sociales, en ville, ont déjà beaucoup donné durant le printemps. Ils ont ensuite dû redoubler d'activité durant l'été pour rattraper les actes reportés au printemps et, malgré la fatigue, ils font face aujourd'hui à cette montée soudaine des urgences.
Nous leur devons de prendre toutes les précautions pour limiter la propagation du virus. Si nous ne le faisons pas pour nous, pour nos proches, faisons-le pour eux.
Il s'agit troisièmement de protéger les plus modestes qui, parce qu'ils vivent dans des lieux plus exigus, parce qu'ils occupent des emplois précaires, sont les plus touchés par le virus sur le plan sanitaire, mais ce sont aussi les plus touchés par les conséquences économiques et sociales de la crise.
Enfin, il nous faut protéger notre économie.
Je ne crois pas à l'opposition entre santé et économie que certains voudraient instaurer.
Il n'y a pas d'économie prospère dans une situation sanitaire dégradée avec un virus qui circule activement. Et, je vous le dis très clairement, il n'y a pas non plus, de système de santé qui tient s'il n'y a pas une économie forte pour le financer.
C'est donc un juste équilibre qu'il nous faut sans cesse rechercher.
Sans jamais perdre de le vue un principe intangible : pour nous, rien n'est plus important que la vie humaine.
Emmanuel Macron, le 28 octobre 2020 à Paris.
Source : www.elysee.fr/
https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20201028-allocution-macron.html